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18 janvier 2014 6 18 /01 /janvier /2014 03:51

 


Etrange pour moi de penser que ma plus jeune nièce, déjà adulte,
a toujours vécu dans un monde sans Union Soviétique et sans rideau de fer.


 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 03:35

 

 

Mon cerveau va exploser mais le coeur est solide.
      

 

 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 03:42

 

 

Ferme les yeux. Je ne suis pas violence. Je ne suis pas l'enfer.
Si je dois être diable, je serai tentation, mais sûrement pas le mal.
Je ne suis que le bien. Celui que je te veux. Celui que je te fais.
Ferme les yeux. Comme tu fermes les bras sur moi pour m'embrasser.
Quand la porte est passée. Je t'ai fait mon sourire. Tu m'as rendu le tien.
J'ai refermé la porte. Et mes bras sur ton corps. Nous nous sommes embrassés.
Ferme les yeux. Ce n'est que moi. Tu dois me retrouver là où tu m'as laissé.
Rien n'a changé depuis. Chaque chose à sa place. Et tu es dans mes bras.
Ta tête sur mon épaule. Ma tête sur la tienne. Debout l'un contre l'autre.
C'est encore ma barbe. Mes cheveux de tabac. Et mes mains qui s'agrippent.
Il y a dans notre étreinte bien des soulagements. Aux manques qui s'ajoutent.
Tu as des jours durant nagé loin vers le large. Et l'amour en surface.
Je ne suis pas un piège. Ni mensonge. Ni menace. Je suis l'homme qui t'aime.
Pour ce que tu es pour lui. Pour ce que tu es pour toi. Pour ce que tu peux être.
Ferme les yeux. Respire mes cheveux. Le menton sur l'épaule.
Et mon coeur, à tout rompre, t'assène sa vérité.
De quoi as-tu peur ? Qu'est-ce qui te fait mal ?
Tu as nagé si loin qu'à mon cou, je te trouve hors d'haleine, à cet épuisement,
où tu viens te poser, retrouver le repos et ta respiration, où je peux te soigner.
Il te faut le silence. Il te faut le contact. L'étreinte et le silence.
Entre recueillement et envie de chialer. Entre l'introspection et l'oubli de soi-même.
C'est toute une fatigue que j'accueille dans mes bras fatigués de n'avoir pu te serrer
depuis le dernier soir, la dernière embrassade, qui n'ont servi à rien.
Ils se plaquent dans ton dos pour te plaquer sur moi. Ils retrouvent leurs forces.
Nous sommes réunis et n'avons peur de rien.

Ce moment de grâce dure une éternité. Celle des retrouvailles.
Et puis, tu te redresses, te dégages de moi, pour me regarder enfin, droit dans les yeux.
Tu lèves le nez, comme par défi, pour me toiser, les yeux mi-clos, me dévisages.
L'un contre l'autre. Mon sexe sur le tien. Mon ventre sur le tien.
Seuls nos bustes s'évasent à nos corps enlacés. La distance nécessaire pour me considérer.
Tu as d'abord retrouvé dans le noir les sensations de moi, celles de notre chimie,
la fusion, la chaleur, les réactions en chaîne, le nid et le doudou, l'intime et la mémoire.
Ton esprit à présent doit tout faire correspondre. Avec ce qu'il peut voir.
Tu cherches dans mon visage ce dont tu te souviens, ce que tu imaginais.
Et le sourire fier qui s'esquisse à ta bouche dit que tu me connais et peux me reconnaître.
Le premier soulagement était celui du corps à retrouver ses forces ou les abandonner.
Le second celui du regard qui imprime mon image sur ce qui est imprimé.
Je passe chaque étape, le même processus, quand j'ai mes propres craintes.
Et si je te rassure, je dois être rassuré. Heureux de te sentir et de t'identifier.
Nos yeux sont captivés. Ce n'est plus le miroir. Ce sont nos vrais regards.
Pas ceux auxquels on pense mais ceux que l'on regarde. Nez à nez. Etonnés.
Tu es là. Je suis là. Et nous sommes. Et la peur peut partir. Avec nos solitudes.
Nous ne sommes pas seuls, mais nous sommes l'un sans l'autre.
Et nous appareiller complète l'équilibre qu'il faut pour exister.
Nous nous tenons l'un l'autre. L'un à l'autre. Ou nous nous soutenons.
Comme deux cartes au sommet d'un château qui ne s'effondre pas.
Contre toute attente, et nous n'en revenons pas, l'édifice tient le coup au retrait de nos doigts,
ce qui semble précaire reste une construction, que l'on pouvait penser hasardeuse,
condamnée, mais qui défie fièrement les lois de l'attraction et de la gravité.
Retiens ta respiration. Eloigne tes mains de ce dernier étage. Et tu ouvres la bouche.
Ecarquilles les yeux. Nous sommes toujours debout. Nous sommes toujours ensemble.
Et nous avons grandi ou pris de la hauteur, de la bouteille, de l'épaisseur.
A chaque nuit, à chaque lune, à chaque année, nous avons fait grandir notre histoire.

Je suis agacé que tu puisses ne pas me faire confiance. Je tourne sur le côté.
Qu'est-ce qui peut t'envoyer des informations contraires à celles que je te donne ?...
Qu'est-ce qui peut te faire penser le contraire de ce qui est, de ce que je suis, de ce que je fais ?
Je n'irai pas plus loin. Quand je ne sens rien en toi qui désire que je te force la main,
que je te force la bouche, quand je sens que ce n'est pas un jeu pour m'inviter à forcer le passage
ou feindre la violence pour malmener nos corps aux fermetés ludiques
entre amoureux complices. Rien ici ne relève plus des manèges érotiques.
Tu n'es pas avec moi. Quelque chose s'est fermé. Et si je suis vexé, je dois lâcher l'affaire.
Sur toi, je te regarde. Je sens que tu décroches. Je roule sur le côté. Quelque chose est cassé.
A la détresse sombre que j'ai lue dans tes yeux, je sais que tu ne joues pas.
Que ce n'est pas un jeu. Le mot que tu as dit. Ce n'est pas une gifle. Ni même un camouflet.
Quand c'est un crève-coeur. Un chagrin qui m'éventre.
De quoi as-tu peur ? De quoi peux-tu avoir peur à ce point ?...
Je m'installe sur mon coude. Digère ma douche froide. Et j'essaie de comprendre.
Trois ans et demi plus tard, je suis bien le même homme et je n'ai rien changé.
Je veux toujours, plus que tout, mériter ta confiance et te donner la mienne.
Je veux être ton abri. Ton ami le plus sûr. L'ultime sécurité.
La rage de l'amour et du dernier recours. La branche la plus fiable.
L'arbre le plus solide. La terre la plus fertile. Le monde le plus sain.
Je veux être le confort. Ce confort absolu de pouvoir être à l'autre.
Sans craindre le poison. Sans craindre le mensonge ni même la trahison.
Je suis ce grand paranoïaque qui pouvait te comprendre.
Celui qui comme toi cherche à être en confiance.
Tu sais que je suis vexé, agacé, contrarié ou blessé. Tu le sens. Tu me connais.
Et je suis furieux de ne pas être capable de te rassurer, de trouver les mots justes,
de te porter les preuves de ma sincérité, non pas pour du plaisir dont je peux me passer,
mais parce que je suis fidèle, dévoué et honnête, et que c'est très injuste.
Et tu sais que je ne t'en veux pas. Ce n'est pas toi. C'est que tu aies peur qui est injuste.
C'est que tu aies peur de moi, que tu aies peur avec moi, qui me met en colère.
Je te connais aussi. Et je suis compassion.  Moi qui suis avec toi.

Ferme les yeux. Je ne suis pas violence. Je ne suis pas l'enfer.
Je ne suis pas cette ombre qui hante les cauchemars et qui cherche à t'atteindre.
Je ne suis pas le mal qu'on t'a fait avant moi. Celui que tu peux craindre.
Je ne suis pas ton passé. Je suis ton autre vie. Celle où tu es libre.
Libre et en sécurité. Je te protège. Je te protège de tout. Même de moi. Même de toi.
Du pire de moi. Du pire de toi. Ferme les yeux. Je suis ton âme soeur.
Je suis l'homme de ta vie. Et je souffre aussitôt que tu souffres.
Et je saigne et je pleure aussitôt que mon amour le fait.
J'ai roulé sur le côté pour te laisser en paix. Et tu roules sur moi. Tu viens me chevaucher.
Planter ton regard dans le mien. Ta détermination. La tête dans l'oreiller, je te laisse faire.
Je ne te quitte pas des yeux. Je suis. Pas à pas. Chacun de tes méandres. Attentif et prudent.
Tu prends sur toi. Tu veux y croire. Et c'est la différence entre toi et moi.
Si toi tu veux y croire, moi, j'y crois. Puise cette certitude dans ma tête de mule.
Je ne veux personne d'autre que toi. N'ai jamais voulu quelqu'un d'autre que toi.
Puissent mes yeux te convaincre quand mes mots impuissants ne savent plus que dire.
Tu es l'amour de ma vie. Ce grand amour qui me faisait bien rire.
Tu me fais parler de moi. De ce qui me questionne. De tout ce qui m'inquiète.
Alors que tu te déhanches sur ma queue que tu excites. Tu me fais parler de ma vie propre.
De ce qui alimente mes insomnies, de ce pour quoi je prétends que j'aurai besoin d'aide.
Et tu me masturbes avec ta croupe, à cheval sur mon sexe, tes cuisses serrant mon torse,
parce que tu en as envie, parce que tu en as besoin, tu te cambres aux circuits électriques,
aux échanges humides, qui auront raison vite de la conversation et des raisonnements.
Le sexe n'est pas ce que je te demande. Je ne demande rien. Sinon ce que tu donnes.
Le sexe est ce que je prends quand il me dit enfin tout ce que tu abandonnes.
La confiance que tu me fais. La peur que tu surmontes.
Et je suis avec toi le plus heureux des hommes.



 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 07:44

 

 

Vous serez témoins, mes amis, lecteurs, proches et anonymes,
publiquement ici, je dépose la formule, comme un brevet, un slogan,
un concept, un gimmick, une devise, qui n'est jamais qu'une observation.

Ma petite ville, si elle fut une cité royale, et c'est déjà une appellation
que Perpignan mérite, quand elle fut capitale du Royaume de Majorque,
qu'elle en garde les vestiges, en redécouvre peu à peu les trésors,
a cette particularité de faire cohabiter le XIVème siècle avec les Années 30.
Tout reste à restaurer. Tout reste à excaver, à rénover, à dépoussiérer.
Mais tout est là. Une ville médiévale dans son jus. Et des hectares de Streamline.
Oui, je le proclame ici, en ce jour, et vous serez témoins.
Perpignan est gothique et art-déco. Et ce n'est pas une vague formule.
C'est ce qui saute aux yeux du touriste breton ou du touriste russe.
Cathédrale St-Jean, Campo Santo, Couvent St-Dominique, église St-Jacques.
Les Carmes. La Réal. Le Palais des Rois de Majorque. Gothique.
Et sur les boulevards, les hublots, les bastingages et les bow-windows à foison

dignes de Miami Beach.

C'est touchant. Ma petite ville n'en a même pas conscience. Mais moi je sais.
Perpignan est gothique et art-déco. Le Moyen-Âge et l'art moderne. Une streamline catalane.
Que Toulouse n'a pas. Que Montpellier n'a pas. Que Barcelone n'a pas non plus.

Barcelone, c'est l'art nouveau. C'est Gaudi. Ici, c'est l'art-déco. C'est autre chose.
L'hôtel de la région sur l'avenue de la gare. Les hôtels Mondial et Tivoli sur Clémenceau.
L'immeuble du Monoprix en centre-ville. Nous avions un gars nommé Muchir. Architecte.
Ces bâtiments méritent ravalements et éclairages. Des éclairages de nuit.
Le jour où Perpignan l'assumera. Sans doute. Elle sera gothique et art-déco.
Dans les brochures et les guides touristiques. Puisque c'est sa nature.
De nouveaux ouvrages ? Contemporains ? Très bien. L'Archipel et la nouvelle gare.
Le nouveau conservatoire. La passerelle promise sur la Têt. Formidable.
Nous ne bouderons pas notre plaisir d'avoir déjà, même si personne ne le sait,
les griffes prestigieuses de Jean Nouvel et de Dominique Perrault.
Mais s'il faut communiquer, vendre une image au national, à l'étranger, here we are.
Perpignan, cité royale. C'est entendu. Je dépose volontiers cette autre appellation.
Mais vous le découvrirez, le long du square, des boulevards, comme au Vernet,
il y a des maisons très bizarres qui se ressemblent toutes et qui font notre singularité.
Des rues entières comme on en trouve à South Beach. Rendez-vous compte.
Des maisons. Des immeubles. Dont la fameuse Maison Rouge, perchée haut sur sa tour,
qui a elle seule le proclame, à merveille, Perpignan est gothique et art-déco.
Nous sommes le 12 janvier 2014. Et vous serez mes témoins.


 

 

 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 02:35

 

 

On peut toujours essayer de couper ce pays en deux.
Je n'ai pas l'intention de me laisser enfermer, nulle part.
Ni dans un peuple de gauche, ni dans un peuple de droite.
Quand j'appartiens aux deux.
Entre Paris et la province, entre les citadins et les ruraux, entre le privé et le public,
vous n'arriverez pas à m'enfermer dans un camp plutôt que dans un autre.
Je suis Parisien et Provincial, je suis des villes et des campagnes,
j'ai de l'admiration pour les entrepreneurs comme pour les serviteurs de l'Etat.
Vous me demandez de choisir entre les Juifs et les Palestiniens ?...
Pas question. D'autant que l'énoncé est biaisé, que les mots ont leur importance,
et même si c'est d'Israéliens qu'il est question, quand ce n'est pas une petite nuance,
je n'ai pas l'intention de choisir entre Israéliens et Palestiniens,
je choisis des deux côtés ceux qui cherchent l'humanité, l'intelligence et la paix.
Vous ne m'enfermerez pas du côté des élites ou du côté du peuple.
Quand le peuple a son quota d'andouilles et les élites leur nombre de gens honnêtes.
Même au Front National, messieurs-dames, il y a des frères et des amis, des parents,
des voisins, qui cherchent le bonheur, qui cherchent la justice.
Et je refuse que l'on essaie de couper ce pays en deux.
Le couteau au-dessus de la galette. Hésitant. Combien de parts ?...

Ah, oui. Il y a des européistes et des souverainistes. La belle affaire.
Un clivage que nous avons découvert avec le traité de Maastricht. 1992.
Une ligne de fracture dans le pays qui pulvérisait la division droite/gauche. Inédit.
Même si nous avons retrouvé aussitôt après nos vieilles habitudes parlementaires,
ce clivage pourtant fracturait de la même façon et la droite et la gauche.
Nous avons retrouvé cette partition transpartisane intacte avec le référendum de 2005.
Le PCF, le MRC, à gauche, dans le même camp que le MPF ou le FN à droite.
Et nous voyons bien que Chevènement et Dupont-Aignan sont du même côté.
Et nous voyons bien qu'une partie du PS et une partie de l'UMP sont d'accord.
Voyez-vous, on parle ici d'affaires européennes, d'affaires continentales.
Que l'on pourrait, pour le coup, sérieusement, comparer aux Etats-Unis.
Les Républicains et les Démocrates américains, ce n'est pas la droite et la gauche.
Les Républicains sont pour plus de pouvoir aux Etats, à Atlanta, Sacramento, Austin,
les Démocrates pour plus de pouvoir au fédéral, à Washington.
Ainsi, vous découvrez que Chevènement et Dupont-Aignan siègeraient ensemble au Congrès,
ils sont Républicains, quand Moscovici ou Raffarin, Delors ou Barnier, sont Démocrates.
Nos Républicains veulent plus de pouvoir à Paris, nos Démocrates plus de pouvoir à Bruxelles.
Quant aux affaires nationales, nous pouvons bien revenir à nos paradigmes historiques.
Sur cette question non plus, voyez-vous, je ne me laisserai pas enfermer. Moi, l'Européen.
Je ne prétends pas que nos Républicains sont de mauvais Européens, au seul prétexte
qu'ils préfèrent plus de pouvoir aux Etats qu'à l'Union, ce serait comme considérer,
aux Etats-Unis, que les Républicains sont de mauvais Américains. C'est stupide.
Ainsi, même à ce nouveau clivage apparu avec l'idée européenne, je n'ai pas l'intention
de me laisser prendre en otage par un parti plutôt qu'un autre. Les deux ont raison.
Et mon propos, c'est de le mettre en évidence.

Je rêve que nous puissions un jour, enfin, en Europe,
voir les Républicains et les Démocrates s'étriper aux élections comme au Parlement.
Je rêve que nous puissions tranquillement reprendre le cours normal de la démocratie,
à l'échelle du continent, entre libéraux et socialistes, entre conservateurs et écologistes,
que nous puissions nous pourrir la gueule, ou essayer de convaincre, ou simplement débattre,
pour savoir s'il faut plus d'impôts ou moins d'impôts, suivant les contextes et les périodes.
Mais encore faut-il pour cela avoir la structure institutionnelle pour le faire.
L'Europe a-t-elle un vrai Parlement ? La réponse, hélas, est non. Non.
Et vous trouverez sur cette question Républicains et Démocrates européens tous d'accord.
Européistes et souverainistes seront d'accord sur ce point. L'Europe n'est pas démocratique.
Eh bien... ça alors ? Ils sont d'accord ! Eh bien alors les gars. Au boulot !
On le fait ensemble ce foutu Parlement pour que vous puissiez vous engueuler ensuite ?
Allons-y ! Au lieu de vous engueuler hors-sol et hors-propos, commencez par vous unir
pour construire le petit théâtre de la représentation démocratique où vous vous affronterez.
Ils sont tellement impatients de pouvoir s'étriper idéologiquement,
qu'ils en oublient qu'on leur a confisqué le pouvoir.

Bref, je récapitule, personnellement, je me fous de la droite et de la gauche.
D'ailleurs, je serais curieux de savoir comment chacun de vous définit ces deux camps,
aujourd'hui, dans le monde globalisé de 2014, à 25 ans de la chute du Mur de Berlin.
C'est un peu comme être dans une société post-chrétienne. De mon point de vue.
C'est à dire que je ressens la droite et la gauche plus comme des héritages culturels,
des héritages familiaux, que comme des convictions personnelles.
Et, de ce fait, précisément, j'ai un grand respect pour les deux clans.
Y compris pour les gens encore habités d'une culture communiste par exemple.
Il n'est pas inutile que des personnes transmettent des valeurs, même d'une autre époque,
lorsque nous continuons à nous nourrir de ce qui n'est plus ou de ce qui a été.
Aussi vrai que nous continuons à être influencés par des idées de l'Antiquité,
du Moyen-Âge, de la Renaissance, du XVIIIème siècle, et du suivant,
il est normal et bienvenu que certains nous rappellent d'autres visions du monde.
Toutes m'intéressent. Même les plus odieuses. Quand elles sont toutes humaines.
Et je fais le détour par l'humanisme qui existe dans la pensée communiste,
pour laisser entendre qu'il faut écouter aussi ce qui est le moins facile.

Pour ma part, je trouve que nous sommes dans une situation
qui nous donne, contrairement à ce que l'on s'épuise à nous expliquer partout,
une extraordinaire opportunité de rassemblement.
Il faut un ennemi pour fédérer ? Il est tout trouvé. Nous le partageons tous.
A droite et à gauche. Ruraux et citadins. Européistes et souverainistes.
Parisiens et Provinciaux, dans le public et le privé, partout.
Plus inattendu encore, cet ennemi commun fédère, une fois n'est pas coutume,
les patrons et les ouvriers, les patrons et les salariés, rendez-vous compte.
Et je vous fais même la démonstration que cet ennemi commun,
et je le dénonce, vraiment, parce qu'il en faut bien un pour rassembler,
mettrait aussi dans le même camp les citoyens et leurs élus.
Oui. Même ces pourris d'hommes politiques que l'on vomit tous les jours.
Vous allez voir que nous sommes du même côté.
Nous serons tous d'accord, de l'extrême gauche à l'extrême droite,
pour une raison simple, c'est que nous sommes tous ses victimes.
Le libéralisme financier.

Cette perversion du capitalisme, décuplée à la force d'internet,
peut même réunir l'Europe et l'Amérique, quand même Obama a du fil à retordre
avec cette vilaine bête qui danse en toute impunité avec toutes les mafias de la terre.
Voyez-vous l'opportunité que cela représente ? Pour nous tous qui en sommes les jouets ?
Cela peut même réunir le bon peuple de France avec ses propres élites.
Même les journalistes, même les élus, même les énarques, même les patrons,
sont victimes de ce machin qui échappe à toutes les règles,
profitant tranquillement de notre confusion au changement d'époque.
Alors, qu'en dites-vous ? On s'organise ? On se rassemble ? On se serre les coudes ?
On va lui péter la gueule ensemble à ce foutu libéralisme financier ? Chiche.
Vous voyez bien qu'il se régale de nous voir nous déchirer entre gauche et droite ?
Vous voyez combien ça l'arrange que l'on se déchire entre souverainistes et fédéralistes ?
Entre Nord et Sud de l'Europe ? Entre citoyens et élus ? Diviser pour mieux régner.
Nous ne le découvrons pas. C'est vieux comme le monde.
Je vous en reparle bientôt. Parce qu'à mon avis, il est urgent de réagir.
Si nous en prenons tous conscience, nous avons une chance de reprendre la main.
Nous nous redisputerons ensuite.


 

 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 04:05

 

 

Victoire de la République ? Où ça ? Quand elle est divisée ?...
Valls ne voit-il pas que les gens sont tentés par Marine Le Pen ?
Qu'il y a du monde qui veut aller applaudir Dieudonné ?...
Où est la victoire ?
Peut-on parler de victoire quand on interdit une réunion publique,
quel que soit le nom qu'on lui donne, spectacle ou meeting ?
Où est la victoire de la République lorsqu'elle est réduite
à empêcher une partie d'elle-même de s'exprimer ?
Je vomis, chaque jour davantage, en les découvrant,
les propos et le comportement d'un Dieudonné qui me crève le coeur.
Lui que j'avais aimé, dont je sais le talent et la finesse dont il est capable,
comme humoriste, comme auteur, comme acteur et comme artiste.
Et je m'interroge depuis longtemps sur ce qui lui arrive.
Et je ne peux pas lui excuser, malgré une affection première, le chemin qu'il emprunte,
même lorsqu'il m'arrivait de partager certaines de ses indignations.
Je découvre, jour après jour, l'étendue de ses dérives, de ses provocations,
de sa fuite en avant, qui le mènent au-delà des limites de l'acceptable en effet.
S'il y avait des choses que je pouvais encore entendre, sur Israël et le Sionisme,
ou sur la Palestine, je ne peux pas accepter des choses parfaitement ignobles et abjectes,
insupportables, par ailleurs sanctionnées me semble-t-il par la loi.
La loi française réprime le négationnisme, le racisme et l'antisémitisme, la diffamation,
l'incitation à la haine raciale, et il suffisait j'imagine, depuis le temps que Dieudonné sévit,
de faire travailler la justice sur tout ce qui est considéré comme des délits dans notre pays.
Où est donc la victoire de la République lorsqu'elle ne fait pas appliquer ses propres lois ?
Où est la victoire lorsqu'il faut saisir le Conseil d'Etat pour faire interdire une réunion publique
et sauver in extremis la face d'un ministre qui s'est aventuré, isolé, dans un pari risqué ?
Où est la victoire lorsque tout le monde, dans les deux camps, est dans l'escalade,
la surenchère, met de l'huile sur le feu, au lieu de chercher le dialogue et l'apaisement ?
Où est la victoire de la République ? Et d'ailleurs, où est la République ?...
Vous savez, cette chose une et indivisible... où est-elle ?
Nous avons viré Sarkozy il me semble, fatigués de la buissonnisation de la droite,
et je suis écoeuré de voir ce que nous avons chassé par la porte revenir par la fenêtre.
Ecoeuré de voir que nous continuons à souffler sur les braises de la division,
sur ce qui fracture, fragilise, et déchire, au lieu de travailler à la justice et à la cohésion.
Au-delà de Dieudonné, c'est pour tout mon pays que je me demande ce qu'il lui arrive.
Qu'est-ce que c'est que cette couverture télévisuelle de BFMTV qui tient le suspense
en direct de la décision du Conseil d'Etat ? Qu'est-ce que c'est que cette une infâme
du Nouvel Observateur qui met Eric Zemmour au même niveau que Soral et Dieudonné ?
Qu'est-ce qui arrive à la France ? A quoi sommes-nous en train de jouer ?
Sommes-nous désoeuvrés ou masochistes au point de prendre notre pied
à voir la maison brûler ? A nous faire autant de mal et nous autodétruire ?
Je vois les mômes sur le parvis du Zénith de Nantes, venus nombreux pour leur idole,
et non, Manuel Valls, avec le respect que je vous porte, en tant qu'homme et ministre,
je ne vois dans ces jeunes aucune raison, hélas, de sonner la victoire de la République.
Il y a une population abandonnée dans ce pays, qui enrage de l'être.
Une population qui ne sait plus vers qui se tourner d'autre que Marine et Dieudo.
Une victoire de la République dites-vous. C'est en effet un triomphe.
Quand après l'abstention le vote FN a permis ce que nous avons vu en 2002.
Quand le Mouvement Bleu Marine prend une ampleur dont on n'a pas idée,
à force de désillusions et d'exaspérations, d'angoisses qui deviennent colères,
et qui, même si cela vous échappe, doivent bien être pour un peu justifiées.
J'évoquais ici même les suicides d'agriculteurs, puis d'enseignants et de policiers,
d'autres victoires de la République sans doute, qui ne protège plus que ses élites,
quand nous pourrions rappeler des chiffres accablants de chômage et de précarité,
observer le délitement de la classe moyenne et des services publics,
dans un pays où l'aide n'est active qu'une fois devenu tout à fait pauvre,
une fois que l'on est bien sûr que vous n'avez plus rien et que vous n'êtes plus rien,
quand on ne soutient plus ceux qui travaillent ou cherchent à le faire,
qu'on n'apprend plus à lire à nos mômes correctement, dois-je continuer ?
Bien sûr, vous n'êtes pas responsable de cette situation et d'une fuite en avant
qui dure depuis des décennies, dans notre pays comme dans d'autres en Europe,
mais parler d'une victoire de la République parce que le Conseil d'Etat a volé à votre secours
dans ce bras de fer avec cet illuminé de Dieudonné est pour le moins malheureux.
J'éteins mon poste de télévision sans pouvoir me sentir soulagé par cette interdiction.
Le spectacle n'aura peut-être pas lieu ce soir, vous n'avez éteint aucun incendie. Pire.
J'ai l'intime conviction que votre opération va au contraire nourrir des troupes,
nourrir ce que vous prétendez combattre. Nourrir ce désespoir devenu colère.
Et à ce clivage pourri que l'on veut rétablir, à ce front républicain que l'on espère encore
pour avoir des chances d'être élu ou réélu, et pour lequel il faut bien la menace fasciste,
j'ai envie de vous renvoyer les uns et les autres dos à dos, réacs et bien-pensants,
provocateurs et politiquement-corrects, qui aimaient tant vous faire de la publicité
les uns les autres et jouer avec les mêmes allumettes sur un baril de poudre.
Si vous êtes, au sommet de l'Etat, si prompts à rappeler les heures noires de notre pays,
les horreurs de la dernière guerre, à rappeler les atrocités innommables du nazisme
et la folie collective qui permit l'abomination absolue de la Shoah dont l'humanité
ne se remettra jamais, comment pouvez-vous oublier comment cela s'est mis en place ?
Vous qui rappelez si bien ce que nous avons été capables de faire aux Juifs de notre continent,
vous souvenez-vous dans quelles circonstances, dans quel contexte social et politique,
suivant quels mécanismes, les choses se sont organisées et propagées dans les cerveaux,
et pas seulement en Allemagne, d'êtres humains qui n'étaient pourtant pas des barbares ?
Vous qui prétendez défendre une mémoire, avez-vous celle de ce qui a précédé ?
Si nous allons de crises en crises depuis 1973, elles sont continues depuis 2007,
financières de surcroît, impliquant les banques dont on sait à qui on les attribue aussitôt.
Et vous comptez éteindre la colère en faisant la morale à ceux qui pensent mal ?
Pensez-vous vraiment qu'il suffit d'opposer du mépris à ceux qui assument désormais
le choix de Marine Le Pen en désespoir de cause pour faire triompher le camp du bien ?
Continuez à faire la morale au lieu de travailler, du Nouvel Observateur à la Place Beauvau,
continuez à insulter ceux que la République avait déjà préalablement abandonnés,
et ceux que vous prétendez défendre seront les premières victimes de votre inconséquence.
La dette, aussi colossale soit-elle, n'explique et n'excuse en rien tant de paresse intellectuelle,
tant de frilosité et d'immobilisme, si peu de courage et d'imagination, si peu de détermination.
Faites appliquer les lois de la République et occupez-vous de ses enfants !
Cessez de chercher des solutions, tour à tour dans la majorité et dans l'opposition,
mettez-les en oeuvre, cessez de renvoyer les responsabilités au camp d'en face,
et au-delà à Washington, à Wall Street, à Pékin, à Bruxelles ou à Berlin, prenez les vôtres !
Cessez d'instrumentaliser l'immigration, l'insécurité, l'Islam, le terrorisme, de jouer avec la peur,
qui se retournera contre vous si vous ne lâchez rien de vos petits intérêts particuliers
pour restaurer précisément cette République dont vous célébrez bien seuls la victoire.
Marine Le Pen, Dieudonné, Mohamed Mehra, sont vos propres créatures.
Le Diable dont vous avez besoin pour exister, quand aujourd'hui, la vie politique française
se résume à la seule question de la bonne stratégie à adopter par rapport à Marine Le Pen,
que la dernière motivation qui subsiste à ne pas s'abstenir aux élections, finalement,
n'est pas le choix d'un projet de société mais de faire barrage au Front National.
Vous avez fait de la démocratie un champ de bataille. Front contre Front.
Front National contre Front Républicain. Et la République ne s'en relèvera pas.
Nous avons vendu l'Etat et votre pouvoir avec aux marchés financiers. Très bien.
Reprenons-les. Sans décapiter nos créanciers si possible. Payons nos dettes.
Mais reprenons le pouvoir. Et si vous n'en êtes pas dignes, laissez la place à d'autres,
avant que d'autres encore ne viennent vous la prendre par la force.
Il ne s'agit plus d'écouter ce qu'ont à dire les jeunes qui ne vous font pas confiance,
ni les populations, dans les villes et les campagnes, qui ne croient plus en rien,
il s'agit de bosser pour eux, de rétablir la justice et l'équilibre, la confiance en l'avenir.
On ne peut se contenter d'expliquer aux gens qui crèvent la gueule ouverte
qu'ils ont le mauvais goût d'être en colère et la bêtise, puisqu'ils ne comprennent rien,
de vouloir se venger sur les mauvaises personnes.
Il ne s'agit plus d'écouter la colère. Il s'agit de l'éteindre.
La République dites-vous. Vous pour qui elle semble encore dire quelque chose.
La laïcité qui est chère à votre coeur ? C'est entendu. C'est très bien.
Mais vous n'êtes pas sans savoir que la République s'est construite sur une devise
dont nous cherchons, un peu désorientés, ce qu'il en reste en pratique.
Liberté ? Egalité ? Fraternité ? Des choses que la France prétend encore défendre ?
Cette fameuse République est-elle encore en mesure de tenir ses promesses ?
Il va devenir urgent, je le crains, dans votre propre intérêt, conseil d'ami,

de vous préoccuper sérieusement de l'intérêt général.
Et cela commence il me semble par éviter d'attiser les fractures et les tensions.
Quand il est difficile de servir le bien commun de ce que l'on divise.


 

 

 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 22:24

 

 

A ce que je traverse, je me rends compte que je suis seul.
Cela ne m'impressionne pas. Ne me fait pas mal. Ne me démobilise pas.
C'est juste que je prends conscience soudain que je suis tout seul.
Ce n'est pas une surprise. Ce n'est pas une blessure.
C'est ce que j'ai construit. Et ce que j'ai voulu.
Mais à ce qui s'annonce, je me demande si je peux continuer ainsi.
Quand à ce que je traverse, le soutien moral et physique de quelqu'un aurait pu être utile.
Je m'interroge. Vais-je pouvoir aller là où je veux aller tout seul ?...
En aurai-je la force ?

 

 

 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 21:09

 

 

Il arrivait souvent que je ramène quelqu'un chez moi.
Au feeling. Dans les brumes du whisky. Il pouvait m'en rester.
Du feeling je veux dire. Juger si telle ou telle personne était digne de confiance.
Oh. Certes. Vous imaginez bien. Pas d'une confiance au point de leur confier les clés,
ou les enfants que je n'ai pas, bien entendu, mais enfin, tout de même, un minimum.
C'est toujours un peu spécial, même ivre-mort, de faire entrer des inconnus chez soi.
La politique à vrai dire était la suivante, quand il y avait une urgence à consommer,
cela pouvait aussi bien se faire sur place, dans le bar ou la boîte, on peut se débrouiller,
d'autant plus dans les clubs où cette éventualité est anticipée, gérée, voire organisée.
Mais, au feeling toujours, il pouvait arriver que l'on ait envie de passer la nuit ensemble,
de pouvoir se mettre à l'aise à l'écart, loin du lieu où il était permis de se rencontrer.
Ma politique donc, dans ce cas de figure, était d'inviter chez moi les personnes qui,
pour une raison ou une autre, expliquée ou non, ne pouvaient pas me recevoir chez elles.
Ce qui veut dire que les situations où je suis rentré chez moi avec quelqu'un,
situations que j'évitais autant que possible, de préférence, bien que fort fréquentes,
au point que je ne saurais en estimer le nombre, étaient relativement exceptionnelles,
n'étaient pas l'ordinaire, lorsque j'allais le plus souvent chez qui voulait de moi.
Il était plus simple et facile à mes yeux, même bourré, de partir de chez quelqu'un d'autre,
lorsque m'en prenait l'envie, que de chasser quelqu'un de chez soi quand vous en avez assez.

A Perpignan, à Bordeaux, à Montréal, à Toulouse, à Barcelone, à Paris...
peu importe l'adresse, lorsque j'en ai eu une comme vous le savez dans toutes ces villes
à un moment ou un autre de ma petite vie, c'était le même business. Le même procédé.
Si je sortais d'abord pour me défoncer la tronche, prendre ma murge au whisky-coke,
je sortais aussi pour caresser des gens, faire des bisous, des câlins, rouler des pelles,
bouffer éventuellement des culs et des sexes, et, pourquoi pas, rencontrer des gens.
Cette dernière option était, je le crains et de loin, la moins recherchée.
Car enfin j'avais déjà une famille, des amis, et me plaisais dans ma vie de célibataire.
J'étais entouré de gens merveilleux, fiables, fidèles, présents, aimants,
et n'éprouvais pas le besoin de me lier forcément ni d'agrandir mon cercle.
Pas de carences affectives. Outre mon besoin d'alcool, mes besoins étaient sexuels.
Ni plus ni moins. Et s'il pouvait y avoir d'agréables surprises ou d'heureuses rencontres,
auxquelles je ne me refusais pas, et des gens parmi elles avec qui je me suis lié d'amitié,
pris de réelle affection ou de vague sympathie, mes partenaires n'étaient que des coups,
des one night stands, que je ne reverrais plus - ou ne reconnaîtrais plus - le lendemain.
Je ne parle même pas des groupes auxquels je me suis mêlé pantalon et caleçon aux chevilles,
dans les salles plus ou moins éclairées où je ne distinguais pas même les visages,
des établissements qui permettaient ce type d'attroupements lascifs ou lubriques.
Plus il y avait de monde bien sûr, plus j'étais content, et sentir sur moi des dizaines de mains
et de bouches empoigner, lécher ou sucer ce qu'elles pouvaient des parties de mon corps
était toujours un ravissement, dans cette position de pur objet sexuel ou objet de plaisir,
avec la satisfaction de faire du bien aux autres et un peu celle de me dégrader moi-même.
Il fallait que ce soit pervers et sulfureux pour être intéressant.
Quand outre les partouzes, les relations devaient toujours avoir quelque chose de tordu
pour attiser ma curiosité, m'attirer, et emporter le morceau, même en état d'ivresse.
Je ne sais pas combien de personnes sont venues à l'appartement rue Fontaine Na Pincarda.
Combien cours de l'Yser à Bordeaux. Combien rue St-Timothée à Montréal.
Lorsque des visages me reviennent clairement. Et des situations précises.
Les doses d'alcool, entre autres choses, promettaient toujours des histoires baroques.
Je ne sais pas combien d'appartements, de maisons, de chambres d'hôtels j'ai pu écumer,
quand il y eut aussi quelques plans mémorables en voiture lorsque nous étions pressés,
sur le parking du Playa d'Argelès ou dans une rue de Manhattan en désespoir de cause.
Le plus souvent donc, je suivais une conquête chez elle, et me barrais ensuite dès que possible,
parfois par mes propres moyens, ce qui occasionnait aussi autant d'anecdotes sordides.
Je pouvais aussi raccompagner quelqu'un jusque dans sa chambre, où je trouvais une surprise,
ce qui n'était pas pour me déplaire : une tierce personne qui semblait nous attendre, gentiment,
et les plans à trois, que j'affectionnais particulièrement, étaient d'autant plus voluptueux
lorsque c'est au milieu d'un couple qu'on m'accueillait alors comme jouet sensuel et sexuel.
Mon activité favorite était tout de même de faire jouir les gens. De les regarder jouir.
Lorsque l'alcool bien sûr ne m'avait pas ôté tout moyen de le faire.

 


 

 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 07:10

 

 

Bon sang, je n'ai jamais aimé le coucher du soleil.
Même tard dans la soirée. Même l'été. Même quand il libère une fraîcheur salutaire, en juillet,
après une journée de violences, d'éblouissements et de canicule, pour apporter un répit.
Même pour apporter les réjouissances d'une nuit de fête ou d'amour jusqu'à l'aube.
Je le préfère en été qu'en hiver, j'en conviens. Mais je n'aime pas le coucher du soleil.
J'aime la nuit. Parce que c'est ce qu'il y a avant l'aurore.
Comme j'aime le printemps. Parce que c'est ce qu'il y a avant l'été.
Car enfin oui. J'aime les débuts. J'aime les départs. J'aime le commencement.
Je l'ai raconté déjà. A Ste-Marie, dans cette maison que j'ai habitée, seul, à la plage.
Peu importe la saison. Je mettais le réveil. Juste pour aller voir ça de mes yeux.
Quitte à aller me recoucher aussitôt après. J'allais voir le soleil se lever.
Voilà, ça, ça me plaît. La nuit qui s'évapore à la terre qui tourne. La nuit qui se retire.
Sur la mer. Sa nacre grise et violacée, couleur acier, avant le rose, le rouge, ardent,
changeant, avant l'explosion nucléaire qui allait souffler notre hémisphère.
Je pouvais quitter les lieux, m'enlever au site, rechargé, irradié, au comble du bonheur.
Une nouvelle journée. Le début de quelque chose. Où tout est encore possible.
Ne soyons pas injustes. J'aime bien aussi le début de la nuit. Puisque j'aime la nuit.
Le crépuscule en été a des charmes, une forme de trac qui me trouble toujours,
quand les promesses de la nuit peuvent encore me faire de l'effet.
Mais le spectacle du soleil qui s'en va m'a toujours plongé dans une mélancolie amère.
Et sa beauté est d'autant plus atroce qu'elle est celle d'une séparation. Et de quelques regrets.
Pour être précis, c'est juste que je préfère l'aube au crépuscule.
Qu'il soit ce point du jour où je me lève, celui où je me couche, c'est toujours la naissance.
Et après mes nuits blanches, c'est encore un moyen de m'endormir en confiance.
Le soleil s'est levé, l'aventure continue, nous ne sommes pas morts et je peux lâcher prise.
D'autres s'éveilleront quand je m'assoupirai, ignorant les angoisses que j'emporte avec moi,
iront boire leur café, prendre leur douche, sans se douter des torpeurs qu'il fallut essuyer,
des luttes qui précédèrent pour obtenir la clémence et la paix, le sursis d'une journée
arrachée aux ténèbres, un jour de plus, un matin qui revient aux éclats du triomphe,
une nouvelle victoire, les noirceurs repoussées avec la fin des temps. Un jour de gagné.
L'énergie du départ se mêle ainsi souvent à mon épuisement.
Mais l'espérance est telle que je peux être mort de fatigue, je suis toujours vivant.
Et je vénère cette lumière virginale qui vient me l'assurer en nous enveloppant.
Même faible ou timide dans les brumes de janvier.

Certains matins, l'euphorie est trop forte et m'empêche de dormir.
Impossible de fermer les yeux dans un lit qui ne veut plus de moi et dont je ne veux pas.
Ce serait gâcher quelque chose. Je dormirai plus tard. Il faut que je profite.
Des premiers oiseaux. Des premiers moteurs de balayeuses ou de volets roulants.
Les premières manifestations de l'activité humaine. Pas à pas. Dans un ordre établi.
J'ai faim. J'ai envie de café. D'acheter des croissants. J'ai envie de manger.
Rien n'est plus fantastique que de préparer un premier café avant le petit jour.
Rien n'est plus délicieux que l'odeur du pain grillé sur la bouilloire qui siffle.
La promesse des tartines beurrées et des viennoiseries. Avec un jus d'orange.
Et du lait chocolaté pour l'amour de ma vie. Les cheveux en pétard.
Quand j'aime l'activité maladroite, en chambre et en cuisine, à la salle de bains.
Le peignoir. Les volets. La lumière du couloir. De la hotte aspirante.
L'inox qui éblouit. La cuillère dans la tasse. Le bruit de la vaisselle. La porte du placard.
Celle de la cabine où l'on s'isole nu dans une purée de vapeur qui peut nous tenir chaud.
Les serviettes en éponge. Le radiateur à fond. La radio qui crachouille. Le cerveau embrumé.
J'aime la buée sur la glace. Le ressort du grille-pain. La confiture et les biscottes.
J'ai un appétit d'ogre. Je mangerais du jambon, du bacon, de la charcuterie.
Je mangerais du pain frais. Toute la baguette entière. De nouvelles tartines.
Comme je te mangerais. Aux parfums d'une nuit. De lait chocolaté. Et de mauvaise humeur.
Rien n'est plus merveilleux que toute la gaucherie d'une maison qui s'éveille.
Je la savoure en savourant ce miracle que c'est de la voir reproduire ses rites.
Aujourd'hui encore. Le réveil a sonné. Et je t'embrasse. Attendri. En connaissant ma chance.
Le jardin se transforme au-dessus de l'évier. Les choses se précisent. Se dessinent à nouveau.
Et je suis bouleversé de retrouver le monde et les arbres à leur place. Et la rue. Et la ville.
Quand les idées s'éclaircissent en même temps que l'air, que le ciel tout entier.
Que les brumes se dissipent au-dedans et dehors, ensemble et en mesure,
quand sans s'en rendre compte on épouse le rythme d'autre chose que nous.
Rien n'est plus désarmant que de te voir lutter pour garder l'équilibre.
Lorsqu'il semble cruel de nous tirer du lit ou d'un rêve agréable où l'on serait resté.
Que c'est une torture de quitter la chaleur des draps et d'une couette où l'on pouvait mourir,
n'être rien ni personne, où l'on avait la paix. L'aimable catastrophe.
Je te regarde faire et je suis amoureux.
Quand je vois une vérité nue, émouvante, désorientée, qui n'a pas ses défenses,
ses codes et ses réflexes, tous ses marqueurs sociaux, son fard, son apparence,
quand je te retrouve à la sortie de la douche, les cheveux encore mouillés,
les yeux en face des trous, capables de me voir et de me reconnaître, au sourire que tu fais.
Qui dit que nous aurons le temps de petit-déjeuner. Et de vieillir ensemble.

 

 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 00:35

 

 

Elle ajuste la bretelle d'un petit haut vaporeux sur son épaule bronzée,
assez négligemment pour qu'elle ne manque pas de retomber aussitôt, de glisser à nouveau,
après qu'elle ait ramassé ses cheveux pour les attacher et en faire un chignon approximatif.
Elle plantera ses lunettes de soleil sur son front en guise de serre-tête.
Une épingle dans sa bouche. Puisqu'elle n'a pas fini sa manoeuvre.
Que, comme toutes les filles, elle est capable de faire plusieurs choses à la fois.
Qu'elle peut donc à la fois suivre la conversation, se coiffer, pincer entre ses lèvres
une épingle à cheveux, relever sa bretelle, remettre ses lunettes noires sur le nez,
puisqu'à la réflexion le soleil est tout de même aveuglant, et avoir la migraine.
Les Chazeuil n'avaient pas quatre mais cinq enfants. Elle connaissait les prénoms.
Elle avait assez bien connu le frère de monsieur pour en être informée,
ou suivre ça de près, quand elle avait bien failli être la tante de toute cette marmaille.
Un avortement peut-être, dont le secret avait été ébruité, aurait pu la disqualifier.
Bien que sa condition de fille d'émigrés, même catholiques, avait bien pu suffire,
quand sa famille avait eu le mauvais goût d'ajouter le statut de nouveaux riches, certes,
à celui de roturiers. Et puis, pour être honnête, elle était à l'époque amoureuse d'un autre.
Une famille de notables de la bourgeoisie républicaine et industrielle, finalement,
avait aussi bien fait l'affaire pour satisfaire ses ambitions d'aisance et de respectabilité.
" Louis. Marie. Pierre. Simon. Et Anne-Sophie. " compta-t-elle sur ses doigts.
On lui fit comprendre qu'on ne tenait pas à connaître les prénoms des enfants des enfants,
qu'elle connaissait pourtant, y compris celui de la petite de Simon qui avait été adoptée.
Bien sûr, on ne disait pas de Chazeuil, elle avait appris qu'on n'utilisait la particule
que si l'on parlait de Louis de Chazeuil, ou de madame de Chazeuil, mais en aucun cas,
et elle s'abstint de faire la leçon à sa nièce, quand on employait seulement le nom.
En femme résolument moderne ou de son temps, elle pouvait concéder que ces conventions
étaient d'un autre âge, poussiéreuses et un rien ridicules, des choses dont les jeunes bien sûr
ont bien raison de ne pas vouloir s'embarrasser quand la vie est si courte.
Elle joua avec un énorme solitaire, comme pour s'assurer qu'il était toujours à son doigt
quand elle avait eu tant de mal à l'arracher à sa belle-soeur vingt ans auparavant,
à cette sinistre période où il fallut gérer à la fois le chagrin causé par la disparition de mamie
et cette épreuve toujours déplaisante du partage des biens et des litiges autour d'un héritage,
réajusta à cette idée un énorme bracelet en platine et diamants art-déco qu'elle n'avait pas volé
lorsqu'elle accepta, le bras tendu, qu'on remplisse sa coupe de champagne en toute simplicité.
" J'ai bien connu Henri de Chazeuil, le frère de François... "
Et le silence appuyé qu'elle voulait entendu en disait assez long.

 

 

 

Philippe LATGER
Janvier 2014 à Perpignan

 

 

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Stéphane Facco  Stéphane Facco 

 

Lambert Wilson  Lambert Wilson 

 

  Contes du Jour et de la nuit

      Véronique Sauger     

 

Lettres à ma ville

  (spectacle des Estivales juillet 2000) 

 

 

  publication chez Soc&Foc 2012 

La terre est rouge

 

interview la terre est rouge

 

 

 

 

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