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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 20:24

 

 

La distance en effet, n'était pas un fossé ou un mur,
mais un trait d'union.
Un lien qui nous lie.
Où que je sois. Où que tu sois.
Nous sommes ensemble.
Quand je me perds dans la bambouseraie.
Que je recoiffe un enfant qui a récupéré son doudou.
Que je me trouve sur un pont de la Basse au soleil couchant.
Le décor est en flammes. Les feux de la St Jean.
Et j'embrasse les arbres qui n'ont pas ta silhouette.
J'écoute les tourterelles dans des éclats de chaleur,
le vent dans les feuillages, l'accélération d'une moto au loin,
le rire des gosses, le ventilateur de l'ordi ...
nous sommes ensemble.

Le Canigou est enneigé. Contraste sur le ciel bleu.
A ses pieds, c'est l'été, ça sent la mer, ça sent la plage.
L'étang de Canet réfléchit.
Jules fait des commentaires. Il parle de tout. Explique tout.
Bientôt 4 ans, et sa vie est faite. Un amour de petit clown.
Je me prends à imaginer que je pourrais avoir des enfants. Les miens.
Que je pourrais être père.
Ma gorge se noue. Le Canigou vibre dans une brume, soudain.
Que le rire de Jules dissipe aussitôt.
Tu es avec moi dans l'automobile. Sur la route. Le front de mer.
Tu es dans la boîte à gant. Sur le tableau de bord. Sur le pare-brise.
La vitre est baissée. La chaleur est pleine de ton parfum.
Ta peau transpire du sable et des embruns.
Le ciel d'avril. A l'aube de mes 38 ans.

Nous sommes entrés sous une tonnelle de glycines en fleurs.
Sur un ponton déroulé comme un tapis rouge sur la pelouse.
Des voûtes d'arbres et de splendides camélias.
Tu es ce point d'eau sous la passerelle.
Tu es le soleil qui joue avec lui et me fait plisser les yeux.
Tu es la main qui me prend par l'épaule ou par la taille.
La tête dans le creux de mon cou quand je regarde le ciel.
Quand je respire ton corps au milieu des abeilles.
L'espace n'est pas libre. Il n'est pas vacant.
La place est prise. N'insistez pas.
Mettez-vous dans le crâne que je ne suis pas seul.
Pas même dans ce lit ouvert sur le crépuscule au premier étage.
C'est un king size. Il est à la bonne taille. Pour deux personnes.
Je m'endors avec toi. Avec ce volume de silence et d'absence.
Que je caresse avec autant de délicatesse que si tu y étais.
Je répète les gestes. Je répète les mots.
Pour le soir où tu réincarneras ce volume fantôme.
Mes doigts dans tes cheveux. Mes pupilles dans tes yeux.
Et je dévorerai ta bouche comme une orange goûteuse.

La distance n'en est pas une.
L'espace, c'est du temps. Et inversement.
Celui que je passe avec toi. Que tu sois là ou pas.
Un mot à ton retour. Bientôt les retrouvailles.
La place est libre. Elle est vacante.
C'est la tienne.

 

 

 


Philippe LATGER
Avril 2011 à Perpignan

 

 

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 23:42

 


Tu pars quelques jours. Quelle importance ?
Qu'ai-je à craindre ? Qu'ai-je à imaginer ?
Quand tu m'habites ou demeures en moi.
Je sors profiter de la nuit. Je suis seul. Je ne le suis pas.
Tu es à mon bras. Et tu vois avec moi le croissant de la lune.
Elle est presque aussi belle que toi. Aussi parfaite.
Il nous fallait sortir. L'air est plus chaud dehors que dedans.
La ville entière est dehors. Et je t'exhibe en te gardant pour moi.
Tu es au fond de mes poches. Tu es au fond de mes yeux. Et en surface.
Partout où mon regard se pose. Tout est beau. Tout est neuf. Délicieux.
On découvre sur moi un sourire victorieux. Celui d'avoir su te séduire.
Celui d'avoir eu ton coup de téléphone. Quand je ne m'y attendais pas.
Celui de t'avoir à fleur de peau. Dans la peau. Sous mes ongles.
Et cette voix sensuelle en bouche. Que tu m'as laissée dans l'oreille.
Tu pars quelques jours. Pas de panique.
Je suis parti avec toi.

La nuit est érotique. Chaque nuit.
Elle l'est quand je la partage avec toi.
Elle l'est quand j'attends nos retrouvailles.
Avec ou sans toi. Dans l'acte ou dans le désir.
Dans le présent ou dans l'expectative. L'érotisme, c'est toi.
La distance n'est pas une entrave. Elle est une occasion de rêver.
De rêver à ce que tu m'as dit. A ce que je pourrais te dire.
Une occasion de prendre la mesure de ma dépendance.
Comme il est doux et violent de rêver de toi, de t'attendre.
Comme la douleur est caressante. Adorable.
En fait, je ne t'attends pas. Je jouis de mon état amoureux.
En confiance. Imbécile heureux.
La nuit que tu as rendue érotique. Avec ou sans toi.
Me berce de tout sauf d'illusions. J'aime. C'est tout.

Je m'étonne de ma résistance. De mon endurance.
Voici 9 mois que mon coeur aime à tout rompre.
Que j'encaisse le choc de sentiments dévastateurs qui me reconstruisent.
Que je prends tout de plein fouet, en pleine poire, en pleine gueule.
Que je m'épuise à t'aimer sans jamais griller mes cartouches.
Je ne pensais pas avoir cette force.
L'intensité est intacte. Le feu aussi éblouissant.
La corne d'abondance.

Tu pars quelques jours. Quelle importance ?
Je t'accompagne. Je t'encourage. Je te porte et te souffle comme une bulle.
Je ne te veux pas pour moi. Je te veux pour toi. Je t'aime toi.
Moi qui n'aime pas l'amour. Moi qui n'aime pas le couple. Je t'aime.
J'aime ta personne. Intègre. Libre. Entière.
Au coin du ring, je t'épongerai le front, je t'épongerai les yeux.
Je te donnerai à boire. Te rappellerai les points faibles de l'adversaire.
Et tu pourras repartir te battre. Et tu pourras gagner le combat.
Je serai en escorte, bodyguard ou Jiminy Cricket,
deux ou trois pas derrière, ou sur ton épaule,
à veiller sur toi, anticiper les coups et panser les blessures.
Je ne veux pas t'enfermer. Je veux te voir en vie. Dans ta beauté propre.
Ne veux pas te diluer dans un nous qui n'a pas besoin d'être ou qui t'abîmerait.
Ne te retiendrai nulle part. Te laisserai toujours partir. A ta guise.

Je ne crains pas pour ma virilité. Je ne crains pas pour mon orgueil.
Epoustouflé par la splendeur du cheval sauvage. Captivé.
Et honoré qu'il revienne chercher ma caresse.
Honoré et ému.

Tu pars quelques jours. Et tu m'appelles.
Tu trouves le temps de me rappeler que j'existe.
Que partir ne veut pas dire grand-chose.
Pour ceux qui s'aiment.

 
Quelques jours. Le temps d'éprouver mon amour.
Celui de ressentir le manque.
Le temps de marcher en ville pour enlacer la nuit.
Et l'idée de notre bonheur. Extraterrestre.
Je peux penser à toi. A volonté.
Le bar est ouvert.
Et je te bois.
Sans modération.

 

 

 

 


Philippe LATGER
Avril 2011 à Perpignan

 

 

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 20:58


Tous les toi dont je parle sont toi.
Qui d'autre ?...

 

 

 


Philippe LATGER
Avril 2011 à Perpignan

 

 

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 12:38

 

 

Voilà mon amour, nous y sommes.
Les battants enroulés sur les gonds pour ouvrir ma façade,
mes vieilles portes vitrées béantes comme mes bras sur la rue.
La chaleur, et la lumière, ont changé de nature.
Et le moteur d'un petit avion me renvoie à la plage en juillet.
La ville historique se déshabille, se débraille au soleil.
Le premier signe m'avait ému. L'eau revenue dans la fontaine.
Et voici que le platane sec est piqué de vert comme au pinceau d'un peintre.
Pointillisme. Les branches mouchetées de milliers de feuilles miniatures.
La nature se réveille et mon corps avec elle. Je respire.
Les bras ouverts sur leurs gonds comme mes portes-fenêtres.
Respirer un début de transpiration végétale que des bourgeons libèrent.
Le tissu nervuré qui s'impose à mes pores, à ma lymphe.
Le feuillage naissant m'hydrate et m'ouvre les poumons.
Le bleu du ciel est celui de l'été, vertigineux, d'une pureté insolente.
La chaleur de midi prête à faire éclater la terre et ma tête.
L'ivresse du renouveau. Je veux bien basculer.
Dans la magnificence de l'instant. De l'instinct.
Avec confiance.
Je t'aime.

La cathédrale éclairée, la nuit, dans l'air clinique de l'hiver,
s'offrait dans une bulle stérile, nettoyée par le froid et la mort.
La façade, sur le parvis, coulait vers le ciel comme le lit d'une rivière sèche,
où l'aval en amont n'était autre que Dieu.
L'estuaire était un cosmos ruisselant de constellations.
Du sol au plafond, l'église exhibait ses rangées de galets.
Pour chercher une source cachée dans le delta.
L'alpha et l'oméga.
La cloche sous vide a dû se fendre enfin.
Laissant pénétrer virus et moucherons.
La vie qui grouille à nouveau, envahit l'espace de son énergie diabolique,
vient exploser sur le bois d'une branche que l'on croyait morte.
De jeunes pousses jouent des épaules dans leurs camisoles,
comme l'oisillon venant fendre la coquille devenue trop étroite,
surgissant, cherchant d'urgence l'air à la surface
comme bébé venant au monde.

Hier encore, elles étaient invisibles.
Laissant le décor sec de toute trace d'imperfection.
En quelques heures, mon environnement a changé.
Je n'ai pas eu à ouvrir des volets que je n'ai jamais eu le goût de fermer.
Pas même en plein décembre. Pas même en plein janvier.
Derrière le verre soufflé de carreaux fragiles et irréguliers.
Le verre ancien et bullé, prêt à craquer comme du biscuit,
qui jouait avec la lumière de la rue sur l'écran des murs blancs de ma chambre.
Je guettais et ne voulais rien manquer, depuis l'été, depuis novembre.
Elles étaient invisibles et les voilà nombreuses, écloses en même temps.
Ces feuilles de platane qui vont dissimuler la façade de la cathédrale.
Qui vont manger le lit de la rivière, rappelant la force de l'eau.
Rappelant sa présence et sa suprématie.
Le monde sort de l'oeuf. Et j'assiste au miracle.

Ma peau est offerte. Elle cuit.
Il y a ce petit avion de tourisme. Que je ne vois pas.
Mes paupières sont fermées. Elles sont écarlates. Rouges. Oranges.
LSD. Mescaline. Un délire hallucinogène. Psychédélique.
La lumière à travers mes paupières. Des flammes dansent. Incandescentes.
Des rosaces se superposent. Chorégraphies hollywoodiennes.
Natation synchronisée sur mes rétines à l'abri du soleil.
Je suis comme allongé sur une plage. Avec le moteur de l'avion.
De ces avions qui traînent des banderoles publicitaires au-dessus de la mer.
Maman est étendue près de moi, sur sa serviette, la tête à l'ombre.
J'ai dix ans et ma peau cuit au soleil. C'est agréable. C'est voluptueux.
Ste Marie la Mer. Ou Barcelone. Le petit-déjeuner sous les pins.
J'ouvre les yeux et retrouve ma ville natale. Perpignan. 2011.
Le ciel est bleu. Insolent. Insolation. Hallucination.
La voûte est griffée de deux traînées de kérosène dorées.
La chevelure d'un Boeing minuscule perdu dans l'immensité.
Qui croise vers une destination lointaine, inaccessible, hors de portée.
Celui-ci, je ne peux pas l'entendre. J'imagine les passagers à son bord.
Où vont-ils ? D'où reviennent-ils ? Sont-ils heureux ou anxieux ?
Auront-ils jamais la chance de te connaître ?...

 


Le soleil sur ma peau et avril me découvre à nouveau.
Torse-nu, je nage dans un air estival en avance.
La pêche de mon épaule est juteuse, à ta bouche...
Elle enveloppe la tête de mon humérus humide.
Je me mords la lèvre. Je l'humecte.
Je demande un baiser profond. Te dévorer la langue.
Mon corps entier est une pêche. Il se délivre. Il est à toi.
La peau de l'épaule. La peau de mon avant-bras velu.
Tout devient doré, orange, sable, cuivré...
Et des parfums se dégagent, qui m'étonnent et me troublent.
Aussi familiers qu'érotiques.
Je t'aime.
Mange-moi.

L'eau a coulé pour polir le marbre rose de la fontaine.
Je suis rentré chez moi. Midi est déjà loin.
J'ai passé des heures à jouir des éléments, de façon animale,
de façon végétale, de façon minérale.
J'ai pensé à la terre... Moi qui aime la nuit, qui l'adore...
Cette bonne vieille terre... quelle bonne idée elle a eu
de tourner sur elle-même et d'offrir son flanc au soleil...
celui sur lequel je me tiens debout, pour que le jour se lève.
Elle tourne comme un poulet sur sa broche.
Et le jour qui s'allonge me rend toutes ses caresses.
Pour moi qui aime la nuit, comme tous les vampires de mon espèce,
quel bonheur de pouvoir attendre désormais l'aube
avec autant d'impatience et d'émoi que le crépuscule.
Désormais j'aime les deux. Le jour et la nuit.
Et je tourne sur ma broche, comme la terre au soleil.
La sensation de la chaleur sur le visage. Il manque le sel de la mer.
Il manque le sel de tes baisers.
Je suis rentré chez moi, j'ai traversé la ville.
Les lueurs se sont enfuies dans une explosion de couleurs.
Le bleu marine, puis sombre, anticipe les noirceurs de ma nuit.
Vient au galop chasser les derniers rayons du soleil.
J'aime le crépuscule comme j'aime l'aurore.
Le coeur léger, le bonheur est trop lourd, me fait presque souffrir.
Trop de voluptés sont difficiles à embrasser. Quand j'aimerais tout prendre.
L'eau a coulé pour polir le marbre de la fontaine.
Au pied de la cascade de pierres de rivière,
le cayrou de la façade de la Cathédrale St-Jean.

Mon appartement est dans le rempart de la ville.
Le premier mur d'enceinte. Celui de la ville primitive.
Ma rue enveloppe le presbytère d'un arc généreux.
S'élance vers le Campo Santo et protège la basilique.
Le chemin de ronde. Etroit et mystérieux.
Des siècles d'Histoire et d'histoires fantômes.
Je vis dans les murs de la ville. Dans une muraille perdue.
Dans un appartement fendu de deux portes-fenêtres.
Ouvertes. L'une et l'autre. Grandes ouvertes.
A ne plus savoir où est le dedans et le dehors.
Il n'y a plus de mur. La fontaine chuinte dans mon bureau.
J'entends l'eau qui travaille le marbre comme ma peau sous la douche.
Il n'y a pas d'érosion. Il n'y a que l'érotisme.
Je savonne ton corps qui ruisselle d'écume. La vie et le plaisir.
Le platane est complice. Il entre dans la chambre. Et la nuit avec lui.
La lumière des éclairages publics joue avec son feuillage si jeune.
Sa chevelure crépue d'un vert phosphorescent.
Le platane est vivant. Vibrant. Comme le désir.
Mon coeur n'est pas de pierre.
Je ne suis pas de bois.

La nuit coule dans la fontaine au milieu de la pièce.
Dieu déborde sa maison. Et passe les murailles.
Il traverse les fibres de ma chair encore brûlante.
Je ne sais pas si c'est Dieu. Je ne sais pas ce que c'est.
Ce qui est sûr est que je suis traversé.
J'ai dix ans sur la plage. Puis, d'un âge moins chaste.
Je rêve de t'aimer à l'ombre d'un été volcanique.
De m'enrouler dans les coulées de lave et le ressac de la mer.
Aux volutes du tabac, aux moustiquaires, aux voiles d'un bateau.
L'eau a coulé sur les cailloux de la façade religieuse.
A nettoyé les alvéoles d'un mur érigé vers les cieux.
Multicolore. Rose. Gris. Rouge. Saumon. Safran.
La rivière face à moi me cache de grandes orgues.
Et la foi d'une population étonnée d'être là.
Je ne suis pas à genoux pour prier.
Je suis debout. Au garde-fou. Et j'inspire.
Mes bras ouverts pour protéger la ville primitive.
Ils font un arc de cercle. J'embrasse le monde.
Et tu es au milieu.

Des enfants vont naître. J'en connais les parents.
Je suis ému. Face à ce que nous avons à leur offrir.
Face à ce que le monde leur prépare.
Je n'entends plus l'horreur d'une actualité terrible.
Les armes de la Libye et de la Côte d'Ivoire.
Les larmes du Japon, et celles de la faim.
Derrière les guerres, il y a une soif de liberté insatiable.
Il y a des peuples qui se lèvent pour exister enfin.
Et la convergence du déterminisme. Celui d'être heureux.
Le bonheur est plus cher que la paix.
Et l'espoir plus cher que le bonheur.
Et j'en ai à revendre, pour ceux qui viennent, ceux qui arrivent.
Prêt à leur montrer ce que je vois sous mes yeux.
Prêt à leur transmettre l'émotion d'être en vie.
Il faudra peut-être se battre.
Mais qu'ils viennent ! Rien n'est plus beau que le monde.
Avec ces feuillages naissants contre les pierres millénaires.
Et l'amour qui attend l'aube ou le crépuscule.
J'ouvre les bras. Pour les protéger. Et les accueillir.

Deux traînées de kérosène dans le ciel. Bleu... bleu...
De ce bleu qui m'a tiré des larmes au-dessus de la Grèce.
De ce bleu antique et intemporel. Antérieur au règne des hommes.
De ce bleu qui lui survivra.
Celui, mythologique, des matins de toutes les civilisations.
Le bleu du jour victorieux, éternel, maternel.
La Méditerranée.
Je suis dans les rues de Plaka. Ou sur le port d'Izmir.
Sur les Ramblas de Barcelone.
Au garde-fou de mon appartement.
L'air est chaud. Il est doux. Il me caresse amoureusement.
Et je vais dîner avec toi sous un plafond de vigne et d'étoiles.
La mer, la nuit, devient païenne. Une monstruosité.
Et la terre, sur sa broche, tournera jusqu'au petit jour.
Qui nous surprendra, enlacés, dans des draps de coton.
J'ouvrirai mes yeux sur toi. Mon rêve se prolonge.
Comme le jour qui s'ouvre et promet des merveilles.
La nuit s'endort. Tu te réveilles.
Je t'aime.

L'hiver est derrière nous. Il fut sublime.
Pour une fois dans ma vie, j'ai appris à l'aimer.
Puisque tu m'y as accompagné. Le rendant torride.
La broche tourne, le monde bascule, nous avons changé d'heure.
Je glisse vers l'été. J'ai lâché prise. Je me laisse emporter.
Le platane va manger la façade de la cathédrale.
Le végétal l'emporte sur le minéral.
Le feuillage va devenir dense. Envahir l'espace.
Je deviens solaire et chlorophyllien.
Les branches dans ma chambre. L'arbre va tout manger.
Dévorer le rempart où je suis installé.
Perpignan est une fleur béante. De pollen et de sève.
D'abricots. De muscat. De miel et d'amandes.
De pâtisseries arabes. Et de jus de citron.
Le vert contre le bleu. Et sur le marbre rose.
Le sang et or d'un drapeau où l'incendie s'ébroue.
Je suis palmier. Quand le vent est tombé.
Mes Pyrénées. Orientales.
Ou le Centre du Monde.
  

 

Puisque nous y sommes.
Toi et moi.

 

 

 


Philippe LATGER
Avril 2011 à Perpignan

 

 

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 21:58

 

 

Je veux des figuiers de barbarie.
Des aloès. Et des acanthes.
Avec leurs grappes de fleurs indécentes.
Des plantes grasses et des cactus.
Et des agaves... ouvertes comme des pieuvres géantes.
D'un gris duveteux, ou vertes, avec leurs liserés jaunes.
Comme celles qui m'effrayaient dans le jardin de Bompas.
Je veux des tapis de griffes de sorcière.
Les tapis secs d'aiguilles de pin, moelleux et cassants. Odorifères.
Entre les murettes de schiste supportant de robustes cyprès.
Je veux les palmiers et les yuccas.
Reconstituer les images de mon enfance. Le paradis perdu.
Le fer forgé des lanternes. Les allées bordées de fusains.
Les genêts. Les iris. Et des plantes de garrigue.
La caillasse éclatée au soleil. La clameur des cigales.

Sur la Costa Brava, mon père est installé.
De l'autre côté des Albères. L'écume des Pyrénées.
Une traîne, finement brodée de chênes-lièges.
Qui me cache l'Espagne et la baie de Rosas.
Cadaqués et Port Lligat.
La chaîne fendue d'un passage. D'une porte. Le Perthus.
Franchie des milliers de fois. En DS. En CX. En vacances.
Direction Barcelone. Direction Castelldefels.
Avant de la franchir encore pour rejoindre Papa. Âgé. Veuf.
Je retrouve chez lui ce que j'ai aimé chez nous. Les parfums.
L'eucalyptus et la menthe. Le romarin et l'oranger.
Le jardin d'Eden retrouvé. Dominant les eaux calmes de la baie.
Le grand miroir scintille entre les arbres, et plus loin, entre les rochers.
Reliant le présent au passé. Promettant le plus doux pour plus tard.
Le meilleur est acquis. Le meilleur est à nous. Aqui estamos. Estamos aqui.
Ici. Où je voudrais vieillir à mon tour. Avec toi...

Je découvre des villas à Canyelles.
Oublié le fantasme d'Ibiza ou de la Costa del Sol.
Marbella en novembre avec une maman malade.
C'est contre la Méditerranée que je dois naître.
Contre les Pyrénées que je dois mourir.
Dont je ne peux pas m'éloigner, un pied sur chaque rive.
Quand la Grèce est venue jusqu'à nous. Ampurias.
Et la vigne en terrasses. Et la vigne en pergolas. En tonnelles.
Quand l'amour cherche l'ombre. Quand l'ombre cherche l'amour.
Au détour d'un hamac, d'une arcade, d'une alcôve,
où ton corps alangui a trouvé la fraîcheur d'une sieste coupable.
Un salon de jardin. Un salon marocain. Photophores et coussins.
Le nylon du maillot. Le coton et le lin.
Les voilures répondent aux voilages. Tout se balance.
Comme la robe des arbres et des reflets sous leurs jupes.
La piscine est en bas. Pas de débordements.
Je m'allonge contre toi. Contre ton corps dément.
Compenser la fraîcheur par la moiteur du désir.
Diffus dans un sommeil que je ne viens pas troubler.
Quand ton rêve rejoint les vapeurs de mon trouble.
Là où je suis venu naître. Là où je viens mourir.

Il me faut des agaves. Des figuiers de barbarie.
Comme au chemin des criques, au sentier des douaniers,
de Collioure à Portbou, Montjuic à Barcelone.
Des phares et des falaises, des façades,
et la chaux tapissée d'étranges bougainvilliers.
Retrouver ici l'inquiétante quiétude de la palmeraie d'Elche.
Le labyrinthe que l'on croirait laissé à l'abandon.
Au miel et aux tartines. Au Raisin de Corinthe.
Les petits-déjeuners au soleil du matin.
Le peignoir renoué pour un premier jus d'orange.
Le café, l'amertume, qu'il faut pour compenser,
rendre ce bonheur acceptable, tolérable, supportable.
Puisque tout est en ordre. Puisque tout est parfait.
Sur la terrasse qui domine l'aluminium froissé de la piscine,
ou le bleu presque rose de la mer au réveil,
le beurre sur le pain, le thé et quelques fruits,
seront-ils suffisants pour apaiser la faim qui nous a tirés du lit ?
Je te vois sourire. Je suis de bonne humeur. Je suis en appétit.
A cette aube du monde, il est déjà midi.

Il me faut la maison ouverte sur la plage.
Où viendraient nous rejoindre tous les êtres aimés.
On y vient, on y passe. On s'y installe un moment.
Où chacun sera libre de rire ou s'isoler.
La maison de campagne, sur du sable ou galets,
où le sel de la mer vient mordre quelques plaies.
Je me rince à l'eau claire. Tout est à ciel ouvert.
Le coucher de soleil est un peu nostalgique.
Quand il est la promesse d'une nuit érotique.
On fait la fête plus loin. Je l'entends de chez moi.
A regarder le cosmos, renversé dans une chilienne,
embrassé par ta bouche comme une coupe aux lèvres,
quand la lune étourdit tous les espoirs du monde
et que ceux qui me restent sont que tout reste ainsi,
je me perds, je te trouve, au centre du délire,
des aloès, des palmiers et des pins parasols,
des murettes de schiste, des griffes de sorcière,
quand tout est attendu, construit autour de toi.

 

 

Philippe LATGER
Mars 2011 à Perpignan

 

 

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 13:37

 

 

Ce n'est pas la planète qui se venge.
La tectonique des plaques ignore notre existence.
La dérive des continents n'est pas le réchauffement climatique.
Que les néo-flagellants rangent leurs verges.
L'activité humaine n'est pas responsable des tremblements de terre.
Et la Nature ne vient pas ici régler ses comptes.
Elle fait son ouvrage. A double tranchant. De vie et de destruction.
Nous rappelant combien elle peut être cruelle et meurtrière.
Nous rappelant précisément, combien l'Homme a dû s'adapter,
domestiquer, endiguer, maîtriser, dompter... pour ne pas disparaître.
La sélection naturelle. Implacable. Féroce.
Quand la justice est un concept imaginé par mon espèce.
Quand la vie est injuste. Par définition. Ne sauvant que les forts.
Eliminant les faibles. Sans l'ombre d'un scrupule.
Le volcan ignore le taux de croissance et la répartition des richesses.
L'écorce terrestre se contrefout de la taxe carbone et des radiations.
La Nature et les éléments ont déjà décimé des espèces
qui n'étaient pas coupables d'épuiser le pétrole.
La vie peut être immorale. Quand elle est amorale.
La morale et la culpabilité sont l'affaire de mes congénères.

Quel est ce nouvel obscurantisme ?
Renouant avec des superstitions moyenâgeuses, flirtant avec l'ésotérisme ?
Faut-il, aux drames affligeants, désastreux, ajouter la culpabilité ?
" Priez, pauvres damnés, vous qui méritez de disparaître ! "
Qu'on me dise quels furent les péchés des diplodocus et des stégosaures.
De quelles transgressions volontaires, les dinosaures furent coupables
pour mériter le châtiment divin et le feu de l'apocalypse.
De nouveaux intégristes veulent nous faire craindre une nouvelle théogonie.
Les dieux vengeurs de la Nature. Qui rendent coups pour coups.
Ainsi, un nouveau Poséidon viendrait punir les Japonais de leur émancipation ?
De quoi furent punis les Haïtiens ? Et les Thaïlandais ?
Et les Lisboètes de 1755 ?
Du progrès technique ? De l'industrialisation ? Du capitalisme financier ?
Nous avons toujours d'étranges prêtres pour nous prédire la fin du monde.
" A genoux, mécréants ! Craignez les flammes de l'enfer ! Repentez-vous ! "

Le Diable n'est jamais là où on l'attend.

Des villes dévastées par une vague monstrueuse.
Et l'humanité, comme toujours face aux orages, aux tempêtes,
semble réduite à une fourmilière dérisoire.
La Nature est une terre sauvage où l'on se dévore les uns les autres.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Et les gros poissons mangent les petits.
Les prédateurs bouffent leurs proies sans l'ombre de compassion judéo-chrétienne.
La lionne tendance n'est pas prête au végétarisme et aux bons sentiments,
aussi adorable et attachante soit la gazelle qui court moins vite que les autres.
Une chatte peut manger ses chatons. Ainsi soit-il.
La vie est une jungle. Et les règles en sont radicales.
La végétation aura raison de la maison ou de la route abandonnée.
Les arbres forts étouffent les petits.
Et l'Homme est un animal...

Un animal pas comme les autres.
Un rebelle qui veut contrecarrer les règles. Les contrarier. Les corriger.
Si la pulsion animale le ramène à la compétition, à la prédation,
un attribut original, qui pourrait d'ailleurs être une pure création de sa part,
nommé conscience, le pousse à rectifier le tir, à réguler...
Conscience. Une vision de l'esprit ? Qu'est-ce que cela au juste ?
Conscience de sa propre mort. Et donc, de sa propre existence.
Conscience de l'injustice du monde. De celle de la Nature. De celle de la société.
Quand naître à la place d'un autre, survivre à la place d'un autre,
est aussi bien preuve d'injustice que source de culpabilité. Dès l'origine.
Les croyants eux-mêmes sont confrontés au paradoxe, à l'ambivalence des choses.
Comment expliquer que leur Bon Dieu puisse permettre de telles atrocités,
les guerres, la maladie, les catastrophes naturelles et tant de souffrances ?...
Où sont la Nature Bienfaitrice et le Bon Sauvage ?
Le monde n'est ni bon, ni mauvais. Il est.
Le Bien et le Mal, comme la morale et la justice,
sont des inventions pures. Magnifiques. Dangereuses. Originales.
Brevets déposés par cet étrange mammifère, décidément pas comme les autres.
Capable du meilleur comme du pire. A ses yeux. A ses yeux seuls.
Quand seul l'homme est capable de se juger.
La croûte terrestre n'a rien à nous faire payer.
Au risque de vous froisser, je serais prêt à parier
qu'elle ne sait rien de notre existence, et qu'elle s'en tamponne le coquillard.

Mon coeur saigne. Aux images du monde. Mon coeur saigne.
Il s'emballe, gonflé à l'hélium, aux Révolutions Arabes. Plein d'espoir.
Songeant que la décolonisation s'opère enfin véritablement sous nos yeux.
Il se serre. Comme ma gorge. Aux images effroyables des côtes japonaises.
Le cauchemar d'Haïti. Les décombres. Des fantômes à la recherche de proches.
Des équipes de sauvetage et des gouvernements dépassés par l'ampleur du désastre.
Des milliers d'univers humains balayés par le cynisme de Dieu. Celui de la Nature.
De ces dieux cruels que toutes les cultures ont redoutés depuis la Nuit des Temps.
Au point de faire des sacrifices humains au sommet des pyramides.
Au point de se prosterner et de faire des offrandes. Repousser le Mauvais Oeil.
Quand Benjamin Franklin préférait capter la foudre plutôt que la subir.
L'Esprit des Lumières. Contre toutes les superstitions. Contre les mensonges.
Les manipulations et les asservissements.
Passée l'émotion, j'en appelle à la raison.
L'Homme ne paie, ni pour sa cupidité, ni pour son orgueil.
Il peut seul demander des comptes à son prochain.
Le hasard est aveugle. Et la Mort frappe où elle peut, sans discernement.
Il n'y a de justice que la justice humaine. Aussi imparfaite soit-elle.

Il est aisé de voir la faute de l'Homme
quand il fait la guerre, tue ses voisins, viole, exploite les faibles.
Où est la faute de l'Homme quand un nouveau-né trop fragile est condamné,
et que l'on tente tout, malgré tout, jusqu'au bout, pour le sauver ?
Quand les médecins, les chirurgiens, les infirmiers,
se battent contre le cancer d'un patient qui l'emportera quand même à la fin ?
Quand les sauveteurs continuent à chercher des survivants, au péril de leur vie,
même lorsque les espoirs d'en trouver sont anéantis ?
Nous ne sommes pas responsables de la Mort.
Nous ne sommes pas responsables de cette première injustice.
La plus révoltante de toutes.
Nous ne sommes pas responsables de la tectonique des plaques non plus.
Rendons à la Nature ce qui est à la Nature. Avec laquelle nous devons composer.
Quand la menace nucléaire, en revanche, est de notre entière responsabilité.
Les larmes peuvent troubler la vue. Il s'agit de ne pas tout mélanger.
Et de ne pas renoncer à tout dans la confusion de l'émotion.

Bien sûr, je condamne l'Apprenti Sorcier
quand il fait courir des risques monstrueux à ses contemporains.
D'autant plus lorsque le plus souvent, l'avidité et la vénalité s'en mêlent.
Que les risques sont souvent pris au profit de pitoyables économies.
Mais, quand on cherchera à condamner l'humanité entière à la destruction,
je serai là pour plaider la cause de ce qu'il y a de grand et de beau chez l'être humain.
Merveilleusement opportuniste, sans doute. Mais capable des plus belles réalisations.
Et quand certains pointeront les famines intolérables et les farines animales,
je pointerai la pénicilline et les progrès sanitaires.
Quand d'autres pointeront les crimes de guerre, d'où qu'ils viennent,
je pointerai les militaires qui aident, assistent, protègent, défendent,
comme les pompiers, religieux, humanitaires, bénévoles de tout poil,
capables d'abnégation, capables de risquer leur peau pour les autres.
Je verrai le verre à moitié plein partout où vous le verrez à moitié vide !
Plaiderai votre cause à votre place. Quoi que vous ayez fait de mal.
Puisqu'il y a toujours une part de nous-même qui mérite d'être sauvée.
L'heure est à l'action ou au recueillement.
On voit bien en France - comme ailleurs, soyons justes -
que les procès peuvent attendre...

 

 

 

 



Philippe LATGER
Mars 2011 à Perpignan

 

 

 

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 14:57

 

 

L'archet. Sur les cordes tendues. Sur les cordes vocales.
Violence du violoncelle. Contre mon coeur, la contrebasse.
La viole dans les voiles. Qui miaule dans ma piaule.
Une voix me dévoile au milieu des étoiles. Crépitantes.
Le feu dans l'âtre de mon âme, sublimé par le son.
Cette caresse qui ondule, qui ondoie, qui s'insinue partout.
Qui s'infiltre, comme la fumée de la cigarette.
Ma poitrine est un foyer où reposent des cendres.
Entre mes chenets, une voix se libère et souffle sur mes braises.
Entrée par mes tympans qui vibrent à ses basses.
Quand la mienne est restée lovée dans l'oesophage.
Rouge et orange vif. A chaque expiration. Le vieux bois consumé.
Quand c'est moi que l'on fume et que l'on fait tourner tout comme un calumet.
Je fais feu de tout toi, j'ai dévoré l'écorce, t'ai lacéré le torse.
Léché les murs jusqu'au coeur embrasé pour en voler la force.
L'incendie néronien. Je suis carbonisé. A mes flammes. A ta foudre.
Et le champ de bataille sent le soufre et la poudre.
Je devais raconter. Je devais le chanter. Le clamer. Le hurler.
Contre le vent et sur les vagues d'océans invisibles.
Quand ma voix doublée de velours est demeurée aphone.

De ton être à mes mots. De mes mots à ses cordes.
Entre mes chenets, une chaîne de matières et de singularités.
De ta réalité à mes yeux. De ma réalité à sa bouche.
De ta présence à mes mains. De mes paroles à son phrasé.
Elle ne te connaît pas. Mais connaît ton visage et connaît tes sourires.
Sait l'émotion que ton regard a fait naître. L'allumette craquée.
Au détour des remparts de la ville. A l'ombre d'un platane sous la lune.
De si loin, de si près, elle a vu Perpignan, et ses rues médiévales.
Les pierres de rivière, les rivières de vent, l'onde méridionale.
L'appétit carnassier. Le désir de vivre. Et de lutter.
Boulimie partagée, et la quête d'absolu.
D'une rencontre, anecdotique, à l'universel philharmonique.
Une voix a su dire, ce que j'ai dû écrire, de ce que nous pouvions vivre.
Toi et moi. Embarqués sur le piano d'Enaudi. Les cordes de Ludovico.
Guidés par notre hôtesse, à la barre, au micro,
venue nous incarner, nous rendre réels et existants, nous rendre présents,
nous avons pris chair et corps, souffle et dimensions, dans un décor de rêve.
Celui de la musique, que fait le vent dans les voilures, et la pluie dans la rue,
l'eau qui fuit dans l'évier, la minuterie dans l'escalier, casserole sur le feu,
comme mon coeur dans son tambour, ou sa caisse de résonance.
Timbales et coups de cymbales à Radio France.
L'orchestre s'est accordé à notre histoire.
Et la voix d'une fée ou d'un ange gardien, musicienne céleste,
articule les images et les impressions, coordonnant le tout,
jouant d'un instrument, le plus humain de tous,
rendant tout évident, cohérent et magique. En virtuose.
L'ordinaire devient splendide. Le vulgaire émouvant.
Le commun merveilleux. Et le banal grandiose.
Elle fait feu de tout moi. Cette voix dans la nuit.
Et le brasier s'étend dans un souffle radiophonique.

Une fleur sous la lune. Une Véronique.
Aussi forte que fragile. Puissante et vulnérable.
Une fleur de pavot. Le rouge coquelicot.
Couleur chaude comme le timbre des cuivres ex aequo.
Qui module le passé et le rend éternel.
Avant la voix, il y a des yeux. Qui savent regarder. Qui savent voir.
Tout ce qui est resté bloqué dans l'oesophage de ses contemporains.
La chair humaine dont on se nourrit. Dont on se délecte.
Sa voix se nourrit d'anthropophages, absorbe les cannibales,
pour qu'un auditoire insomniaque s'en nourrisse à son tour.
Nous nous mangeons les uns les autres. Le corps du Christ.
Comme on dévore les livres. Comme je te bouffe des yeux.
Et le festin jamais ne se termine.

Une chaîne alimentaire, de tes lèvres à mes doigts,
de mes doigts à ses lèvres, de sa bouche à leurs oreilles.
La Communion. L'Union Sacrée. L'interdépendance.
Le macro-organisme. La fusion nucléaire.
Pour ouvrir la journée. La première émission.
Pour commencer la nuit. Lorsqu'il n'était qu'une heure.
La musique et sa voix, de concert, avec nous.
Le mélange des sons comme celui de nos âmes.
Celui de nos sueurs aux accouplements enfiévrés.
Le mélange des substances, des énergies, des espoirs indicibles.
L'élan tragique, de sortir de soi-même, et de sa solitude.
D'aller vers l'autre, de retourner dans le ventre de sa mère,
de retourner au centre de la terre, poussière, poussières...
Quand le sexe et la mort sont des pulsions de vie.
Mélange des expressions d'une même matrice.
La voix dans la musique, et les mots dans la voix.
Et la voix dans votre oreille... l'enveloppe protectrice.
Le partage comme échange. Et l'échange nourricier.

Il est une femme qui voit ce qui est invisible.
Qui sait qu'invisibilité n'est pas inexistence.
Et l'univers entier lui parle.
La musique lui parle. La peinture lui parle.
Les tableaux lui parlent. Les mots lui parlent. L'humanité...
Et l'artiste qu'elle est transmet tous les messages.
Le Medium qui fait le lien avec l'au-delà.
Le Passeur du Styx, des ombres à la lumière.
L'interprète idéale des hommes à l'infini.
Qui ont tant de peine à dire ce qu'ils ressentent.
A comprendre ce qu'ils sont et ce qui leur arrive.
A démêler tant d'émotions contraires et chaque paradoxe.
S'embourbant dans leur lie à ne plus y voir clair.
La musique à mes yeux est au plus près du centre.
C'est elle qui dit le plus exactement, le plus précisément,
l'envergure de nos déboires, l'amplitude de nos tourments,
l'euphorie, l'allégresse, comme les pires colères.
Elle qui dit le plus justement, le chaos et le doute, la confusion des sentiments.
Les mots peuvent trahir. La musique ne ment jamais. Et jamais ne me ment.
Sur ce tapis de mousse et de braises ardentes,
Véronique Sauger a semé les petits cailloux blancs.
Pour que je retrouve le chemin. Celui de ma vérité.
M'ouvrant des fenêtres que je ne soupçonnais pas.
Me connectant au monde. A vous. Aux autres...
A l'univers entier...

 

 

 



Philippe LATGER
Mars 2011 à Perpignan

 

 

 

Véronique Sauger

 

 

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 21:35

 

 

L'enfant dort.
Sa mère rentrera du travail dans 4 heures.
Je ne peux rien faire. Pas même profiter du soleil.
J'ai ouvert une fenêtre dans la pièce à côté.
Elle donne sur de petits jardins alignés à l'arrière.
Je découvre des balcons, des rideaux derrière des vitres,
des haies mal taillées, des grillages en guise de clôtures.
Il y a des rosiers au pied de l'escalier de la maison mitoyenne.
Une petite allée de gravier sous une tonnelle de fortune.
Elle n'y est pas, pourtant, je vois la vieille dame qui s'en occupe.
La voisine à qui j'ai parlé l'autre jour. Dans sa blouse.
Je l'imagine parfaitement, inspectant ses rosiers.
J'ai du temps à revendre pour cela.
Je l'imagine faisant crisser mollement le gravier de l'allée,
à pas lents, incertains, s'aventurant seule dans l'oasis au milieu du désert.
Si loin de sa cuisine. Si loin de son poste de télévision.
Comme j'imagine la petite famille installée dans la maison en face.
Une fenêtre par chambre. Une chambre par enfant. Et la petite cour.
Comme ici, papa et maman travaillent. Ils rentreront dans 4 heures.
Une angoisse m'arrache à l'immobilité. Une envie de tousser.
Je ne dois pas réveiller l'enfant qui dort derrière la porte.

4 heures...
C'est la moitié d'un Paris-Montréal en plein hiver.
J'ai embarqué à Roissy.
Après l'excitation du décollage, l'émotion du départ,
la rencontre des passagers d'un même rang, voisins de sièges, couloir, hublot,
le sourire écoeurant d'un steward qui pense avoir compris quelque chose,
nous avons atteint notre altitude de croisière.
L'appareil est enfin à l'horizontale. L'océan bascule avec le globe en-dessous.
Scintillant. Aveuglant. Tel un brasier liquide. Ecran plasma. Un mauvais film.
Inutile de guetter les côtes du Labrador. J'ai choisi le poulet.
Sur une courbe entre Europe et Amérique, un petit avion est dessiné.
Il nous représente sur la trajectoire. Sur les eaux du vieux continent.
J'ai pris le parti de ne pas attendre. Celui de ne rien faire. Laisser filer.
De laisser faire... au point de désintégrer le temps. De l'anéantir.
Je ne sortirai de mon coma qu'à l'annonce de l'amorce de notre descente.
Ce moment où tout le monde se précipitera aux toilettes.
Où une voix viendra crachouiller des informations sur des correspondances
et le contrôle des passeports, en anglais, couvrant les hurlements de nourrissons.
D'ici là, il faut se contenter de respirer. La ceinture bouclée. Dans le vide.

Entre le point de départ et la destination, il n'y a rien.
Entre Roissy et Mirabel. Entre deux gares de TGV.
Le temps est suspendu. Et je retiens ma respiration.
Si je tousse, je risque de réveiller l'enfant qui dort dans la pièce à côté.
Je dois maîtriser mon corps. Désamorcer le réflexe.
Déjà, le soleil a commencé à se retirer d'une façade, à ramper sur une cheminée.
La lumière change. Les ombres s'étirent sur l'allée de gravier de la vieille dame.
Sous ma fenêtre, le globe bascule, avec son océan de mystères.
Il reste 3 heures à tirer. Peut-être deux. J'ai pris le parti de ne pas attendre.
L'issue viendra bien assez tôt.

Une parenthèse. Où douter de sa propre existence.
De son existence propre.
Où tout devient étrange. Ou extraordinaire.
Peu importe où l'on est quand on n'est plus certain d'être encore.
Au milieu de jardins d'un petit quartier résidentiel ou de l'océan Atlantique.
Même combat. Le vide et le vertige. Le temps y est suspendu.
La vie reprendra son cours à l'arrivée de la maman.
Captain speaking... - 18°celsius. Le ciel est dégagé.
Peu importe le temps qu'il reste. Puisque nous n'y sommes pas.
L'enfant dort encore. Le soleil n'éclaire plus aucune maison.
Il y a des couleurs de crépuscule derrière les immeubles. Une lueur fuyante.
L'agonie de quelque chose sur de piteux rosiers et d'atroces parcelles.
Je n'ai pas besoin de bouger. La fin vient toute seule. La fin vient d'elle-même.
Il n'y a rien à faire. On s'occupe de tout.

Il faut croire que l'enfant s'est réveillé.
Il faut croire que le soleil s'est couché.
Une mère est rentrée du travail. A retrouvé son fils.
Je suis sorti de l'aéroport, j'ai redécouvert ma ville.
Jordi Barre est mort.
Et le temps est passé. Comme on pouvait s'y attendre...





Philippe LATGER
Février 2011 à Perpignan

 

 

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 17:33

 

 

Bientôt 40 ans, pas de Rolex au poignet,
quand le soleil me donne l'heure
et ton bras pour m'accompagner.
J'ai pas l'argent, mais j'ai mon beurre.
Pour faire les choses dans l'ordre,
je fêterai mes 38 ans,
à t'embrasser et à te mordre,
jusqu'au-boutisme et jusqu'au sang.
Dans tes yeux pas de cheveux blancs,
dans ton regard, je suis tout neuf.
C'est le miroir qui fait semblant.
Le soleil est un jaune d'oeuf.

Sur ma peau, en plein hiver,
il s'allonge, s'enroule dans mes draps.
Vient m'annoncer le printemps.
Tout pour ouvrir les chakras.

Les gens sont beaux. La vie est belle. Je m'en souviens.
Pas de Rolex, ni de bracelet Power Balance,
pour garder l'équilibre, l'énergie, me sentir bien,
quand j'ai toutes les équivalences. Correspondances.
A ta station. Le train en gare. Toujours à l'heure.
A ton chevet. A ton parfum. J'ai de la chance.
D'être debout. D'être couché. D'être avec toi. D'être vivant.
D'être à ma place. D'être amoureux. D'être mouvant.
Te voir valser comme mes rideaux dans le vent.
Moi je les grimpe, comme je peux, tout voir d'en haut,
en m'accrochant, ou en surfant sur les écumes et leurs rouleaux.
Les oreillers que j'ai crevés, les édredons et le plafond,
tout retourné, tout effeuillé, dans tous les fruits tu es dedans,
dans l'eau qui coule, l'eau qui ruisselle, celle qui vient du plus profond,
qui m'éclabousse, qui me savonne, me désaltère à pleines dents.
La vie est belle. Je m'en souviens. Je suis vivant.

Bientôt 40 ans, s'il le faut vraiment. Si vous y tenez.
Et les angoisses en quarantaine. Les doutes en soute.
Ménage de printemps. J'ai ouvert les chakras.
Je t'ai ouvert la porte. Tu m'as ouvert la route.
Celle où tu m'attendais. Splendide. Superbe.
La rosée dans le ciel et la lune dans l'herbe.
Les étoiles aux iris de tes yeux merveilleux
balisant une piste de décollage vers un bonheur insolent
où je ne balise plus, ne m'inquiète de rien,
ni du fric, ni du temps, sur un océan indien,
la rampe de lancement, et le pain quotidien
de ton corps nourrissant et vibrant plus ou moins indolent.
Je rends grâce à Shiva de t'avoir dans mes bras.
Que tu m'ouvres les tiens quand j'ouvre mes chakras.

Je me suis débarrassé de fardeaux ridicules.
De tout ce qui entravait la lune au crépuscule,
et empêchait le soleil d'entrer dans ma maison.
Etre heureux me va bien. Le bonheur taille unique.
Qui va à ceux qui veulent l'essayer.
Il faut le voir sur soi. Il semble fait pour toi.
Il me colle à la peau, même en demi-saison.

37 ans d'aventures et d'amours en plastique,
pour arriver au coeur du cyclone, ici, à mi-chemin,
comme au milieu du gué, où l'aube est fantastique,
avec dans tes cheveux l'or à portée de main.
Ce n'est pas celui d'une Rolex pathétique.
Quand le temps, arrêté, ne me sert plus à rien.
Que la thune impuissante n'a plus rien à m'offrir
et ne peut acheter ce qui reste hors de prix.
C'est le ciel tout entier qui demande à s'ouvrir,
tous les secrets du monde, les mystères célestes,
plus grands que ceux que le diable m'a appris,
plus beaux que les médailles au revers de la veste,
des petites fiertés, des petites glorioles,
quand l'univers m'embrasse et m'enlève à ton rire.

Il est étincelant. Les flammèches. Les lucioles.
C'est un grand feu de joie. Dans une nuit gitane.
La chaleur danse et fait craquer le bois.
C'est l'immense incendie de mon coeur en fusion.
Quand la plage bascule, et le sable reflue,
vers l'horizon promis, et le goût du voyage,
sans destination précise, ni bagage superflu,
quand tu es ma boussole, et mon cap, et mon but à atteindre.

J'avance dans les vagues, la surface à ma taille.
Dans les noirceurs aveuglantes de lumière et d'espoir,
me moquant de ce monde aux valeurs qui déraillent,
quand il y a un départ à la fin de l'histoire.
L'été est en avance. La pleine lune en plein soleil.
Les chakras sont ouverts. Comme tes yeux sur moi.
La douleur en sommeil. Et ta peau sous mes doigts.
Mon étoile du Nord. Mon choeur pharaonique.
Mon phare d'Alexandrie. Mon aurore du monde.
Celui que j'ai conquis sans une arme, sans un sou,
sans le moindre mérite, sans le moindre crédit,
le plus vaste de tous, et le plus éternel.

37 ans à t'attendre. Et tu me trouves là,
à t'aimer comme un fou dans les bras de Shiva.
 

 

 

 

Philippe LATGER
Février 2011 à Perpignan

 

 

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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 01:30

 

 

Il y a cet enfant de trois ans que je garde.
Un petit garçon adorable que j'ai accompagné au jardin public.
Nous sommes rentrés. Il fait trop froid. Il est fébrile. Il est tard.
Un dessin animé à la télévision. Je baisse le son et les lumières.
Il s'endort sur le canapé contre moi. Mission accomplie.
J'adapte ma respiration à la sienne pour ne pas le troubler.
Qu'il puisse sombrer dans le sommeil en confiance.
Cet enfant n'est pas le mien. Il n'est pas mon fils.
Il n'est pas la chair de ma chair.
Il y a dans la maison des odeurs que je ne connais pas.
Je ne suis pas chez moi. Et c'est étrange d'y être.
Je garde cet enfant. C'est mon travail. Je suis payé pour ça.
Et je me revois, à peine plus grand que lui, chez mes cousins.
J'avais dormi chez eux une fois et une autre. A Toulouse.
Et je m'étonnais toujours de ces odeurs qui n'étaient pas les miennes.
D'ailleurs, pouvais-je en avoir moi-même ? Est-ce que je sentais quelque chose ?
Je n'y avais jamais réfléchi.

L'enfant est enveloppé dans une couverture, bien au chaud.
Parce qu'il a probablement un peu de fièvre, il sent fort.
Il sent l'enfant malade.
C'est une odeur aussi forte que celle d'une branche de tomate.
Assez difficile à définir, mais reconnaissable entre toutes.
Je suis projeté dans mon enfance. Chez Sabine et Valérie.
Cette maison à Castelginest. L'angoisse d'une nuit loin de ma mère.
L'odeur des chambres et des chaussons. La moquette. Les draps.
Des odeurs intimes. Corporelles. Gênantes. Embarrassantes.
Comment dire... ça ne sentait pas véritablement mauvais.
Ce n'était pas forcément des odeurs désagréables.
Ce qui était bizarre, c'était leur étrangeté.
Ce qui était étrange, c'était leur bizarrerie.
Des choses que je n'avais jamais senties chez moi.
Chez nous où il n'y avait ni chaussons, ni moquettes.
Peut-être que ma transpiration pouvait sentir quelque chose.
Que le parfum des cheveux de maman pouvait paraître étrange à d'autres.
Je ne sentais plus vraiment ce qui pouvait sentir dans notre maison.
Le mazout de la chaudière. Le vernis des marches de bois de l'escalier.
La gouache. Les cyprès. Les hormones de ma soeur et de mon frère.
Les draps du matin. La rosée sur le gravier de l'allée. Le palmier. Le café.
Peut-être Sabine et Valérie étaient-elles saisies quand elles venaient chez nous.
Comme j'étais saisi, au fond de ce lit qui n'était pas le mien.

Les autres sont bizarres. Je m'en rendais compte.
Leurs chaussures, leurs chaussettes, leurs oreillers, leurs duvets...
le cuir d'un manteau, le produit vaisselle, l'assouplissant sur les vêtements,
le shampooing, le fromage dans le frigo, la vieille robe de chambre...
Le cocktail était riche. Ecoeurant. Merveilleusement atroce.
Agréable. Désagréable. Les deux à la fois.
Mon cousin, plus jeune, avait une odeur intime.
Me révélant que j'en avais probablement une moi-même.
Nous partagions la chambre de la maison de vacances en Espagne.
La chambre bleue. Celle dite des garçons. Côté piscine. S'il vous plaît.
Ici, ce n'était pas chez eux. C'était chez nous. La famille au sens large.
Et je n'étais pas gêné comme lorsque je me retrouvais chez eux.
Ici, à Castelldefels, tout était familier.
Les pins. La crème anti-moustiques. L'eucalyptus. L'eau de Cologne.
L'odeur de ma grand-mère. La Petite Mémé. Qui sentait le savon.
Chaque été, je retrouvais chaque effluve avec ravissement.
Castelldefels. Le Paseo Tramuntana. C'était maman.
C'était chez moi.

Le petit garçon endormi près de moi respire très fort. Heureusement.
J'aime autant. Je préfère entendre chaque expiration.
Toujours peur quand je n'entends plus respirer les enfants que je garde,
que je n'entends pas leur respiration pendant qu'ils dorment.
Une peur idiote. Une peur panique. Qu'ils ne respirent plus. Brusquement.
Je respire avec ostentation, à son rythme, comme pour l'encourager.
Respire ! Respire ! N'oublie surtout pas de respirer par pitié !
Je suis son assistance respiratoire. Je ne dois pas faillir.
J'oublie ce canapé qui n'est pas à moi, cet intérieur externe,
cette déco, ce mobilier, ces bibelots, ces jouets, ces affaires...
qui me renverraient encore la sensation d'être un cambrioleur.
Un intrus. La goutte d'huile dans la flaque de vinaigre.
Cet enfant n'est pas le mien. Mais la prunelle de mes yeux.
Jusqu'à ce que ses parents arrivent. Qu'ils me délivrent.
Qu'ils me libèrent.

Mon amour. Je pense à toi.
J'ai retrouvé mon appartement. Mes objets. Mes ombres. Ma lumière.
Le noyer du bureau. Le coton du peignoir. Et le gel de ma douche.
Une maman a retrouvé son petit garçon.
J'ai retrouvé mon studio plein de toi. Et mon lit plein de toi.
De ces odeurs étranges et bizarres qui me sont familières.
Ton parfum dans mes draps. L'odeur de tes cheveux.
C'est ainsi fait. Le désir de l'autre. Celui de la différence.
L'attraction vers ce qui n'est pas soi. Une force effrayante.
Fascination. Attirance/Répulsion. Le confort et l'incommodité.
Tu es l'autre. La présence venue m'embarrasser. Tout déranger.
Mon amour. Tu me déranges.
Tu as tout dérangé. Et tout est à sa place.
Je te respire en ton absence. Et je suis à la mienne.
Dans de beaux draps. Dans les miens qui t'attendent.
Adéquation chimique. Compatibilité olfactive. Effective.
Je suis envahi. Je suis amoureux. Je le sais. Je le sens.

Rien n'est désagréable. Dans le vieux doudou qui a traîné.
Sur lequel on a bavé dans son sommeil.
Qui a traîné par terre. Qui a traîné partout.
Tes odeurs désormais sont les miennes.
Tant je me suis enroulé dans la chaleur de ta respiration.
Tant j'ai mâchouillé tes lobes et tes lèvres. Salivé sur ta peau.
Tant je me suis enivré aux bouquets de ta matière.
M'endormant sous ton bras, à ton cou, comme un gosse.
Rassuré par la respiration qui s'accorde à la mienne.
Je te respire. Et j'entends ton coeur battre la mesure.
L'étrangeté sublimée. La bizarrerie assimilée.
Je suis toi. Et je m'en porte à merveille.

 

 

 



Philippe LATGER
Janvier 2011 à Perpignan

 

 

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Lectures

 

 

Stéphane Facco  Stéphane Facco 

 

Lambert Wilson  Lambert Wilson 

 

  Contes du Jour et de la nuit

      Véronique Sauger     

 

Lettres à ma ville

  (spectacle des Estivales juillet 2000) 

 

 

  publication chez Soc&Foc 2012 

La terre est rouge

 

interview la terre est rouge

 

 

 

 

  Parolier / Discographie 

 

LaViedeChateauArtMengo

 

 BlondedanslaCasbahBiyouna

 

 

BOAzurAsmar

 

 MeskElilSouadMassi

 

 LoinLambertWilson

 

 7ViesTinaArena

 

 BetweenYesterdayandTomorrowUteLemper

 

 CestTropMissDominique

 

 SijenétaispasmoiMissDominique

 

 

WinxClubenConcert

 

 

OuvontlesHistoiresThierryAmiel

 

 

Live en trio 

 

 

 

 

  Compilations  

        Compilation 2009

 

 

Compilation 2010 Universal

 

 

 

 

cinéma

 

MauvaiseFoi

 

 

 

 

  spectacle café de la danse 

MadreFlamenco