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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 16:18



A force de crier au loup, on sait ce qu'il arrive.
Lorsque le loup vient pour de bon, personne ne croit plus l'enfant qui alerte.
Pour le gouvernement d'union nationale que Bayrou appelle de ses voeux depuis 10 ans,
je crains que ça ne soit la même chose. Plus personne ne croira en l'urgence de le constituer.
Quand l'argument devient systématique. Et a perdu de sa force sur la durée.
Bien sûr, la méthode est la seule qui rende le MoDem et son action politique légitimes.
Quand nous avons ici un petit parti avec peu de troupes et de réseaux.
Bayrou, au lieu de partir d'une base patiemment tissée de fédérations de militants, part du haut.
Et a compté sur sa seule personne pour rassembler des voies aux jours de scrutin,
en y parvenant parfois de façon spectaculaire, obtenant des résultats plus que respectables.
Mais cette stratégie l'enferme dans le discours de l'urgence renouvelé tous les cinq ans,
qui d'une échéance à l'autre perd de sa crédibilité, et ce qui est une stratégie politique honorable
ne gardera auprès des Français que son aspect électoraliste. Le plus méprisable en somme.
L'union nationale. Voilà un grand intitulé qui ne devrait pas devenir grandiloquent.
C'est une nécessité assez exceptionnelle comme nous en avons eu à la Libération,
et je supplie François Bayrou de ne pas le galvauder.
Je ne doute pas de sa sincérité, quand je partage avec lui la crainte de voir monter les extrêmes,
après une longue succession mécanique d'alternances qui n'a conduit à rien de concluant.
Fatigués du tango UMP/PS, les Français, si le Centre n'est ni prêt, ni convaincant,
pourraient se fourvoyer, et aller voir ailleurs si on y est, à nos risques et périls.
Tenter par désespoir des aventures. Que nous regretterions assurément ensuite.
S'il faut renverser la table, il faut le faire avec des républicains, démocrates, zélés réformateurs,
représentant la diversité du peuple quand nous ne voulons pas de guerres civiles.
Si Bayrou est excellent en sonneur de cloches,
lorsqu'il est reconnu de tous pour avoir été le premier a sonner le tocsin de la dette,
lorsqu'on lui reconnaît la primauté à la dernière présidentielle du souci de produire en France,
il ne peut se présenter seul pour incarner le rassemblement.
Si le coup semblait possible en 2007, lorsqu'il est passé si près du deuxième tour,
je crains que sa crédibilité d'homme providentiel ne se soit usée au fil de la décade.
L'union nationale. L'argument de campagne que les Français anticiperont dans un sourire.
Finalement, beaucoup pourraient penser d'avance : on sait ce qu'il va dire et promouvoir.
Et ce qui est à la fois une tactique personnelle évidente comme une tactique d'intérêt général,
ne serait plus appréciée que comme la tactique seule de l'ambition personnelle,
quand ce n'est pas déjà fait. Et l'on a bien vu un tassement explicite à la dernière élection.
L'union nationale. Bien sûr. Voilà un beau projet. Le plus enthousiasmant.
Sauf qu'aux heures où les citoyens consentiraient à la faire, il est à craindre pour Bayrou
qu'un autre que lui ne soit finalement choisi pour la rendre possible.
Bayrou ne peut peut-être plus compter sur lui seul pour mener cette révolution orange.
Quand on peut le soupçonner déjà de ne la prôner que pour servir son destin politique.
S'il veut conduire ce changement, il doit sans doute changer son fusil d'épaule,
faire les choses dans un ordre plus classique, et partir du bas, de la base, du début peut-être,
pour préparer une majorité visible afin que les Français comprennent où il veut aller.
Préparer des alliances avec des forces politiques qu'il lui restera à convaincre.
Pour que l'électeur soit sûr qu'en le choisissant, cette majorité fantôme sera en état de marche,
le jour voulu, sur le pont, qu'elle sera solide et opérationnelle.
Puisqu'on le voit bien, fort heureusement, les Français ne choisissent pas seulement un homme
ni même son seul programme. Ils en évaluent aussi des choses de l'ordre de la faisabilité.
Et moi-même, bien que convaincu par l'homme et son discours, j'ai voté invariablement pour lui
sans savoir comment les choses auraient pu se passer ensuite s'il avait accédé au pouvoir.
Ce qui est naturellement un problème et qu'il lui faut résoudre pour incarner l'alternance.
Ainsi, si nous savons déjà qu'il appellera à l'union nationale, il doit nous dire comment la faire.
Il ne s'agit pas de venir vendre autre chose à l'opinion, quand on saluera sa constance,
puisque vendre autre chose ferait de lui définitivement un opportuniste piteusement démasqué,
il doit bien sûr continuer sur sa ligne politique, celle qu'il a mis plus de vingt ans à tracer.
Mais il devra faire plus qu'invoquer cette fameuse union nationale.
Il faut qu'il nous explique avec qui on la fait et ce que nous en ferions.


    
 

 

 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 04:12


J'avoue ne pas trop comprendre comment ça marche.
Parce que tu vois, mon bébé, il faut croire que ça marche, que ça court, au galop.
Il faut croire que les forces ne diminuent pas quand elles font boule de neige.
A l'heure où elle fond sur les proches montagnes. Elle vient grossir le fleuve.
C'est la fonte des glaces et la montée des eaux. Que rien ne semble pouvoir arrêter.
Une fois de plus, je surprends une lune fantastique dans les branches des arbres.
Rendant la ville un peu vaine, ridicule, minuscule, ou bien surréaliste.
Et je constate avec elles que c'est à toi qu'elles me ramènent toutes les deux.
La lune. Ma ville. La sphère que j'arpente. Le dialogue entre deux mondes.
J'avoue ne pas trop comprendre comment je peux t'aimer plus fort encore.
Plus fort et plus grand et plus beau qu'aux premiers jours.
Ces jours où je ne savais pas de qui j'étais tombé amoureux.
J'attendais le déclin. Heureux mais fataliste. Et je me suis trompé.
Les mots sont enfantins. Je n'en trouve pas d'autres. Ce qui est grand est grand.
Ce qui est beau est beau. Je n'ai pas la distance des figures de style.
Je traverse le parc, je traverse mon île, je rentre à mon horloge, et je me prends la nuit,
et je me prends la lune, l'ancien appartement, dans les dents, dans le ventre.
Ce que j'éprouve pour toi semble vouloir croître encore. Dans toutes les directions.
En hauteur. Dans l'espace. En profondeur. Sans savoir où cela peut me conduire.
Sans savoir comment cela est possible.

A ton départ, je n'ai pas eu une inquiétude.
A ton absence, je n'ai pas eu un seul doute sur ce que tu faisais.
Ne pensant qu'à ton bien-être, ta santé, ton confort, sans orgueil déplacé.
La confiance, encore elle, approche des sommets ou des seuils inconnus.
M'offrant une sérénité que je n'ai jamais eue. Et qui est douce à vivre.
Bien sûr, rien n'est acquis, mais des choses se gagnent.
Et je suis fier de nous. Aux progrès merveilleux dont nous sommes capables.
Je parlerai pour moi. Quand j'en avais à faire. Quand je suis parano.
Que tu arrives à me libérer de cet étau sordide qui nous brise les côtes.
Aucune mauvaise pensée, aucun scénario fantaisiste ne m'a parasité.
J'allais haut dans ma vie avec une assurance. Celle de ta présence.
Quand tu ne lâches rien. Quand tu le signifies. M'en donnes toutes les preuves.
Que l'on a plus à demander lorsqu'on se connaît mieux.
A savoir qui tu es, je lis plus justement, surtout entre les lignes,
et le temps me convainc que je n'ai pas rêvé. Que je ne rêve pas.
La lune que je vois, ce n'est pas la première.
Et je suis bouleversé d'en avoir compté trente.

L'émotion n'est pas intacte. Mais doublée. Redoublée. Décuplée.
A l'idée des lunes égrenées, elle est d'autant plus grande.
Exponentielle. Malgré les chutes et les rechutes. Malgré les accidents.
La courbe s'il fallait un graphique s'échappe vers l'infini à sa pente croissante.
Cherchant la parallèle à l'axe des ordonnées.
Le dessin de môme d'une fusée furieuse qui trace son chemin vers notre satellite.
Les jours passent et rien ne semble vouloir faiblir, s'essouffler ou se rompre.
Quand le lien qui se tisse patiemment devient plus souple et plus solide.
Qu'il se fortifie sans être une menace. Attache sans attacher.
Et je perçois enfin, mieux vaut tard que jamais, qu'aimer n'est pas un piège.
Que ce n'est pas la chaîne qui entrave, la prison qui isole, les fers, la camisole,
ni même un poison lent, mais une liberté que je goûte avec plus d'appétit et de curiosité.
Mes sentiments décollent sans craindre de te perdre ni d'exploser en vol.
Même en m'aventurant en zone inexplorée. Où je te suis tranquille.
Je m'étonne d'être bien. Quand je suis exalté à me trouver si calme.
Confiant en l'avenir et en l'espèce humaine. Optimisme éclairé. Il y a des peurs vaincues.
Quand la raison ici n'a pas démissionné. Qu'il y a là des pensées. Des données statistiques.
L'usage de scanners et de comparaisons. Dans un laboratoire où je bosse jour et nuit.
Avec le recul suffisant pour l'étude crédible. Principe de précaution.
Il fallait vérifier nos seules intuitions.

Le temps a ses bienfaits et ses révélations.
Je pensais te vouer l'amour le plus fort dont je me croyais capable.
J'ignore si j'avais des réserves cachées ou si c'est ma capacité qui augmente.
Mais je sens cette nuit que je ne suis peut-être pas au bout de mes surprises.
Quand ce qui aurait pu me paraître écrasant est d'une délicieuse légèreté.
Et que ce qui aurait pu t'étouffer te donne de l'oxygène. Veut te voir respirer.
A la distance juste où tout le monde reste soi. Où personne ne se noie.
J'aime notre façon de nous aimer presque autant que je t'aime.
Le crescendo sensible ne m'épouvante pas et ne me fait pas fuir.
Je l'observe à la lune avec admiration. Des convictions nouvelles.
Qui m'assurent d'une chose. Devant Dieu et ma mère.
Tu as changé ma vie.

 

 

 
 
Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan
 
    
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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 16:35



Il faut passer Montauban, il faut passer Toulouse.
Quand j'essaie de tenir ensemble deux êtres qui s'aiment et menacent de se quitter.
Il y a du vent, heureusement, pour chasser les nuages et agripper le soleil fermement.
A la Bourse, ce café, où j'ai tué tant d'heures de mes mains quand j'étais jeune homme.
Il faut passer Carcassonne. Il faut passer Narbonne. Pour revenir chez nous.
Lorsque j'y suis déjà, devant l'Hôtel de Ville où des gens dansent sur un jazz amical
qui swingue gentiment aux bourrasques bienfaitrices qui balaient devant nos portes.
Les doutes et les angoisses, la tramontane les emporte. Avec les promesses de pluie.
Que la météo n'aura pas tenues pour notre plus grand plaisir.
En terrasse, place de la Loge, je vérifie mon téléphone.
Voir si une amie ne m'a pas laissé de messages ou tenté de me joindre.
D'un même mouvement, je regarde l'heure. Et j'imagine la voiture avancer sur l'autoroute.
Villefranche de Lauragais peut-être. Ou déjà Lézignan-Corbières. Avant Sigean ou Salses.
Une pensée furtive qui m'illumine d'une forme de soulagement.
Je reviens aussitôt à la conversation que je n'ai pas lâchée. Sganarelle travaille.
Il n'aime pas le gâchis, a gardé un goût d'enfant pour les histoires qui se finissent bien.
L'amie que je verrai en suivant est malheureuse. Et l'on ne peut pas rester sans rien faire.
J'ai été dans l'habitacle qui défonçait la nuit à grande vitesse pour revenir au plus tôt.
Je revis, un an après, cette sensation d'isolement de la route et celle du bonheur d'être deux.
La voiture qui protège de l'extérieur. L'ivresse d'aller quelque part avec quelqu'un.
A la Bourse, je suis heureux. Et Sganarelle, égoïste, ne supporte pas qu'on ne le soit pas.
Fait du zèle pour accompagner la furie de la tramontane qui chasse les mauvaises ondes.
Nettoyons le ciel. Ménage de printemps. Débarrassons-nous de nos vieilles peurs archaïques.
L'actu, c'est l'avenir. C'est maintenant. Ce que l'on prépare pour soi et ceux que l'on aime.
Mes enfants, vous allez vous aimer nom de Dieu. Et danser sur le swing de nos vies déjantées.
L'heure est à la fête. Et je salue des gens à qui je n'ai jamais adressé la parole.
L'heure. Avant qu'on ne passe à celle d'été. Je la regarde. Du coin de l'oeil.
Fitou ? Rivesaltes ? Le péage de Perpignan-Nord ?... Mon amour, il y a du vent.
Et peu d'heures de sommeil. Attention sur la route. Fais attention à toi.
Je finis mon café avec de la détermination pour deux, de la détermination pour trois.
Je fais salon à la Bourse. Place de la Loge. Voilà des années que cela ne m'était pas arrivé.
Le gars en face de moi affiche un sourire de conquérant. Il a repris confiance. Et ça me plaît.
Bats-toi mon garçon. Les vents sont favorables. Je compte sur toi pour en profiter.
Etre heureux est à la fois ce qu'il y a de plus difficile et ce qu'il y a de plus simple.
Nous ne serions pas là à en parler si le verre était complètement vide.
Au moindre fond de bière ou de vin blanc, il y a toutes les raisons de se réjouir et d'espérer.
Si la vie est un réservoir d'essence, nous ne sommes pas sur la réserve. Le verre à moitié plein.
A l'entrée de Perpignan j'imagine. Peut-être sur la Pénétrante. Peut-être es-tu déjà chez toi...
Je regarde le navire fixé dans le ciel au coin de la Loge. Il fait beau. Et j'ai envie de dire merci.
Il y a des gens qui dansent et qui m'émeuvent en attendant seul mon amie qui ne va pas tarder.
A qui j'ai l'intention de rendre le sourire. Et des raisons sérieuses de s'accrocher aux branches.
Bats-toi ma chérie. Les vents sont favorables. Je compte sur toi pour être heureuse.
Sganarelle pense à son propre confort entre deux rendez-vous.
Ne veut pas de tristes mines qui gâcheraient sa fête. Pas en ce jour béni du changement d'heure.
L'été est fait pour l'amour, les amis, le partage et le vin. L'ivresse d'être ensemble.
Sganarelle est amoureux. Il se demande si tu es à la maison. Toi qui rentres chez nous.
Ton sourire merveilleux en tête. Ton regard de braise qui fait mon plein d'essence.
Avec lequel je pourrais rouler toute la nuit, toute la vie. Le bon vent dans les voiles.
Le ciel est avec nous. Et avec votre esprit. Pâques, c'est la résurrection.
Ce soir, on change d'heure. Ce soir, l'heure d'été.

 

 

 

 

 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 02:16



A ces mots aujourd'hui, mon amour, je me dis
que pour parler de toi, de nous, de notre histoire,
300 textes n'ont pas suffi.


 

 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 02:49



Que l'on m'enterre. Je n'ai pas envie de passer au four à pizza.
Je veux me décomposer dans la terre et nourrir les tournesols.
Déféqué par les vers, je me ferai humus et puis pin parasol.
Je serai contenu dans une jardinière. Pas dans un cendrier.
Je serai pourriture. Je serai champignons. Et puis la floraison.
Je ne veux pas du granit, d'un caveau ou d'un temple, mais un trou dans la terre.
Comme on en creuse dans les pelouses chez les anglo-saxons. Laisser faire le temps.
Laisser faire la nature. Aux mélanges chimiques et aux transformations.
Nourrir les bactéries. Servir à quelque chose. Devenir autre chose.
Quand je serai charogne et l'engrais s'il en faut. Revenant végétal. En eau et cellulose.
Je ne crains pas le feu, quand il n'y a pas à craindre de pouvoir en souffrir,
mais c'est une violence dont je ne veux pas, préférant la douceur de la putréfaction.
J'aime prendre mon temps. Et j'ai assez brûlé, partout, de mon vivant.
Pour choisir la lenteur, l'interpénétration, puisque c'est une voie qui reste sexuelle.
A se donner au monde, à partager sa chair, à se fondre aux matières, à l'environnement,
plutôt que de flamber, se consumer encore, en un flash de phosphore éphémère et fumant.
Je veux que l'on me couche pour reprendre racine. Me faire nutriment.
Honorer le vivant. La chaîne alimentaire. M'offrir au microbien, aux lombrics, aux insectes.
Pendant que je voyage et que je me repose. Je veux recomposer ce qui se décompose.
Je ne veux pas de marbre, de vanités abjectes, de stèles ou d'épitaphes.
Que l'on joue de la pelle, moi qui aime t'en rouler, pour me dissoudre enfin
et rejoindre l'ensemble.

Il faudra que je meure pour avoir la main verte.
Si personne ne la vole, j'aurai la bague au doigt que tu m'avais offerte.
A l'index une alliance qui pourra perdurer au-delà de l'anneau, du corps enseveli,
quand je t'habiterai comme un souvenir diffus qui te fera aimer, avancer et sourire.
Il n'y aura pas de lieu, où que l'on me descende dessous les pissenlits,
sur lequel s'incliner, me porter de bouquets où bien se recueillir,
quand je serai le vent qui fait lever le nez aux joies échevelées d'être encore de ce monde,
le soleil et la pluie qui font lever la tête et embrasser le ciel, le pollen migrateur,
pour tout ensemencer, pour tout recommencer, quand la mort est féconde.
Je serai dans la terre. Je serai dans le ciel. Et toi, entre les deux, tu pourras m'oublier,
continuer ta route, en riant des pleureuses et des mots du pasteur.
Le fumeur ne tient pas à partir en fumée. L'incendie, c'est ma vie.
Et ma mort s'y oppose.
Il me faut des cyprès et des arbres fruitiers. Des pignes qui explosent.
Je ferai des olives. Et des coquelicots. Aux ferments qui s'arrosent.
Aux flammèches furieuses je préfère l'orgie et le festin des ombres.
La partouze grouillante d'organismes voraces se déchirant mon corps.
Le déclin continu. La dégénérescence. Comme aux clartés qui sombrent
aux heures estivales et aux couleurs fanées du ciel au crépuscule.
Mes braises étouffées par trois pelletées de terre. Pour couvrir mon cercueil.
Ma matière. Mon relief. Sans qu'il n'y ait de repères, pas même un monticule.
Pour que je participe au gazon, aux bourgeons, au cycle des saisons.
En toute discrétion. Le travail souterrain. Le repos sous tes doigts.
Où j'irai, allongé, rejoindre les étoiles en milliards de poussières.
Rêver d'avoir vécu. D'avoir pu te connaître et d'avoir existé.
Ici anéanti aux arbres qu'on caresse, aux couches nourricières.
Mais reconfiguré pour être toutes ces choses que je n'ai pas été.
Tout ce qui n'est pas moi. Tout ce que je peux être.
Que tu pourrais aimer.

Une vie de tempêtes et d'alcool à brûler.
Que j'ai par les deux bouts vécue en pyromane et descendue en flammes.
Au moment de m'éteindre, qu'on me descende en terre.
Je suis blé et colza et non pâte à pizza. Qu'on ne m'enfourne pas.
Je voudrais qu'on me plante. Quand je n'ai rien planté.
Quand je n'ai rien fait pousser et me fous des récoltes.
Je n'ai pas la main verte. Ou seulement ouverte. Que l'on joindra à l'autre.
Avant mon immersion dans le ventre de la terre où la vie se révolte.
Pour renaître en fougères ou petits pieds de menthe.
Revenir en coton ou en oignons sauvages.
M'étirer vers le ciel en cherchant le soleil.
Quand j'aurai oublié que je l'avais trouvé.

 

 

 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 17:22

 


Pour la Semaine Sainte, bien sûr, les échafaudages doivent disparaître. Complètement.
Un nouveau camion est stationné, sur lequel on charge les barres et planches de métal.
Enfin, je retrouve à travers les branches encore nues de mon platane, le minéral du clocher,
sa couleur sable si longtemps dissimulée. St-Jean se déshabille enfin totalement.
Fier du lifting, du coup de jeune, qu'il pourra exhiber aux fidèles et aux touristes.
Le campanile flambant neuf pour dominer la procession des pénitents encagoulés,
aux roulements de tambours lugubres et aux christs grimaçants, de jour comme de nuit.
Pâques est la fête principale des Chrétiens, avant Noël, avant la Pentecôte,
puisque la foi est portée essentiellement sur l'idée de la résurrection.
Et, j'y pense, qu'elle soit synchrone avec le retour du printemps est plutôt cohérent.
Jésus a donc bien fait les choses. Et l'on ne peut plus douter qu'il y ait eu là un dessein.
Du moins dans le déroulé des évènements choisi par les apôtres et leurs successeurs.
Alors que des ouvriers, plus loin, rebouchent la tranchée qui avait éventré de tout son long
la rue de la Cité Bartissol qui conduit au parvis, d'autres démontent la cage de la tour.
Mes Quasimodo bourrés ne pourront plus y grimper pour faire sonner la cloche.
Une page se tourne. Et ma poitrine s'ouvre aux parfums du renouveau.

Une trente-deuxième lune s'en vient dans mon couloir de ciel.
Celui tendu sur ma rue encaissée, que l'astre traverse avec la même régularité. Immuable.
Une trente-deuxième. Et aucun de nous deux n'a eu le coeur de jeter l'éponge.
Nous continuons à nous accompagner, de cette façon atypique qui ne regarde que nous.
Elle viendra briller sur une cathédrale rajeunie, qui pourra contredire l'idée de la dégradation.
Lorsque au temps qui passe, si des choses peuvent s'altérer, d'autres s'améliorent.
Au retour des beaux jours, je ne vois que tout ce qui progresse.
Dans ma ville comme dans ma vie. Comme dans notre histoire.
Je ne suis pas malade. Je suis en bonne santé. Et je n'ai aucun goût pour les conneries passées.
Les risques sulfureux ou la roulette russe. Les trucs de teenagers en manque de violence.
Le plaisir de se faire du mal. Celui de gâcher ses chances. Et les moyens d'y parvenir.
Je suis un homme. J'ai des cheveux blancs. Et bientôt quarante ans.
Et j'ai trouvé un regard d'une telle pureté que je n'ai pas l'envie de le perdre, de le ternir,
de l'abîmer, de le souiller, de le déshonorer, de l'entacher, d'en corrompre l'éclat.
J'ai toujours les ressources pour me voir amoureux sans me sentir trompé ou bien dépossédé.
Quand je prends ce que la vie me donne avec étonnement comme avec gratitude.
Ces lunes ont été gagnées. Elles ne sont pas perdues.

Il suffisait d'attendre, et le clocher se révèle enfin puisqu'enfin tout arrive.
Aux périodes de travaux, aux périodes de doutes, quand tout est transition, il y a des issues,
il y a des dénouements et de nouveaux défis, de nouvelles étapes.
Les progrès sont sensibles à chaque jour arraché aux vies qui se consument.
Même dans la noirceur, on sait que c'est un cycle, aux quartiers de la lune.
Quand elle peut disparaître, le croissant s'élargit, au gré de l'éclairage et de nos points de vue.
Dans cet univers où tout est en orbite, tout ce qui nous échappe finit par revenir.
Le feuillage du platane, le roulement du tambour autour de processions, notre émerveillement,
le désir de conquête et du surpassement, la joie et la confiance, le soleil et l'été.
Les ouvriers chargent du matériel, débarbouillent l'église, me ramènent au début,
au lieu de l'arrivée le coeur plein d'espérance, mon fauteuil sur la tête, au déménagement,
à cette conviction d'être au centre du monde, de celui de ma vie, acteur de mon bonheur,
avec cette émotion d'avoir fait ce qu'il faut pour aimer l'existence.
J'y retrouve ma place. Elle s'en trouve changée. La même mais en mieux.
Quand c'est toujours la même, quand elle est différente, puisque tout ici-bas
avance quoi qu'il en soit même en feignant de rester immobile.
A mes bonheurs perdus, je préfère les présents et ceux que je prépare.
Tu y seras dedans. Nous y serons toujours. Bien plus vivants qu'avant.



 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 22:35



Le parquet sombre aux larges lattes irrégulières.
C'était une entrée d'abord, avec le compteur derrière un rideau.
Une penderie où laisser son manteau ou sa veste.
Des rayonnages où j'avais une partie de ma bibliothèque.
A gauche, la porte qui nous sortait du sas pour accéder à l'appartement.
Les fenêtres étaient grandes, dans les trois parties alignées d'une seule pièce.
Elles donnaient sur la rue pavée qui n'était fréquentée que par les riverains.
Dont certains défilaient à heures fixes pour aller travailler ou sortir le chien.
Un rez-de-chaussée où le soleil daignait entrer grâce à la largeur de la rue,
jouait avec les grilles et les voilages blancs, le reflet des vitres et des pare-brises.
Pas de bars ni de commerces avant les deux carrefours sur Marcadet.
J'étais à l'abri des badauds, de la foule, et de la circulation automobile.
Une moquette rase dans l'alcôve où j'avais installé mon bureau.
Sa table en noyer. Un ordinateur. L'autre partie de la bibliothèque.
A l'opposé, la cuisine avait le même carrelage blanc que la salle de bains.
Entre les deux, j'allais pieds nus sur le parquet dont j'aimais le contact.
La cantine verte que j'avais ramenée du Québec, m'avait suivi à Toulouse d'abord,
à Perpignan ensuite, et se trouvait encore là pour servir de coffre ou de meuble d'appoint.
Le lit faisait face à la fenêtre la plus large. Celle du milieu. Et j'y dormais souvent seul.
Je m'y étais parfois réveillé accompagné. Mais cette nuit-là, il n'y avait personne.
J'ai fait deux pas dans la pièce avant de sentir mes jambes et le sol se dérober.
Le temps d'arriver dans la cuisine pour chercher les numéros d'urgence, je m'étais évanoui.

La nuit permet des rencontres improbables.
J'avais fraternisé avec une bande de Colombiens qui était fort sympathique.
Que je croisais régulièrement à la même adresse. Et qui put frayer jusqu'à l'appartement.
Un matin, l'un d'eux avait même laissé un CD avec une programmation salsa faite pour moi.
Carlos n'était pas là. Il avait un beau sourire. Et des yeux plus sombres qu'une nuit sans lune.
Des gens que je n'aurais jamais croisés sur les sentiers diurnes. Un cadeau du whisky.
Ici, le studio était vide. Et l'espace de quelques secondes, je l'avais déserté moi-même.
Je ne suis pas sorti du corps nu qui est tombé sur le carrelage blanc de la cuisine.
Le mien. Qu'aucune force n'avait été capable de maintenir debout.
Revenu à moi, je me suis traîné jusqu'au téléphone pour appeler SOS Médecins.
Avant de m'endormir. Profondément. Sans craindre de mourir.


          

 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 20:23



Il faut une raison d'y croire et d'avancer.
Que tu me dises que nous sommes ensemble.
Que nous sommes amoureux et qu'il y a un avenir.
N'est-ce pas ce que je demandais pour amorcer la boucle ?
Celle du printemps. De l'été en suivant. La fameuse bascule.
Un nouveau souffle en effet. La conviction que je ne suis pas seul.
Je ne demandais que cela. Que tu me dises que tu es avec moi.
De façon détournée, à ta façon, finalement, tu as fini par le dire.
Cela a nécessité bien des circonvolutions et des détours.
Mais au dernier moment, dans l'escalier, les choses ont été dites.
Des mots précis ont été soigneusement évités, une fois encore.
Et je ne te le reprocherai pas. Tu as le choix des mots.
Et si ceux auxquels je pense ne sont pas ceux qui conviennent
pour exprimer ce que tu ressens pour moi, je te laisse juge.
Je ne me formaliserai pas. Quand les mots valent moins que les actes.
Et que ceux que tu as choisis ont répondu à mes questionnements.
Il fallait d'abord j'imagine faire le point sur mon honnêteté. Ma loyauté.
Ma sincérité. Ou ma fidélité pour tout dire. Et j'ai tâché d'être précis.
Pas pour te rassurer mais pour expliquer ma démarche et mon fonctionnement.
Et c'est tant mieux si l'exposé te rassure. S'il te prouve que je ne joue pas.
S'il arrive à te convaincre que je ne te cache rien et que je ne me moque pas de toi.
Ma vie est faite d'inconstances. Permises parce que je suis constant avec toi.
Quand tu es la seule chose solide et pérenne dans le foutoir de mon existence.
Ainsi donc il fallait commencer par parler. Ou plutôt, me faire parler.
Un exercice qui n'est pas passionnant pour moi qui connaît la réalité de mon quotidien,
mais que je sais nécessaire, et auquel je me prête sans protester quand je sais tes angoisses,
ta paranoïa, entre autres névroses que je partage largement, assez pour comprendre
que tu puisses avoir besoin d'éclaircir tous les points qui t'inquiètent.
Le temps s'est allongé entre nous. Et bien des doutes ont eu la place de s'y engouffrer.
Je n'ai pas été étonné qu'il faille les aborder l'un après l'autre. Je l'ai fait volontiers.
Sans me sentir soupçonné ni blessé comme j'ai pu l'être au tout début de notre histoire.
Aujourd'hui, j'écrirais plutôt " si tu ne me crois pas, reste... écoute-moi, je vais te dire... "
au lieu des horreurs qui venaient te donner un coup de griffe à mon amour outragé.
Je connais mieux ce qui te tourmente. Je peux même l'anticiper désormais. 
Et je suis heureux de pouvoir prendre mon mal en patience sans que cela ne m'agace.
Quand j'ai moi aussi mes requêtes et mes besoins d'être rassuré à mon tour.
Peu importe les mots que tu dis, ou ceux que tu ne dis pas.
Lorsque tu m'as fait la grâce de ne pas me laisser quinze jours sans réponses.
En me disant in extremis, au moment de partir, ce dont j'avais besoin pour continuer.
Des mots simples qu'il est bon d'entendre de temps en temps pour ne pas perdre pied.
Des mots indispensables, qu'il faut répéter, régulièrement, lorsque tout change vite.
Puisque, tu l'as dit toi-même, ce qui fut dit il y a deux ans, il y a six mois, il y a trois semaines,
n'est peut-être plus d'actualité, et que précisément, c'est bien de cela qu'il s'agit.
Si tu as besoin que je renouvelle chaque fois la promesse que je ne te trompe pas,
que je ne te mens pas, j'ai besoin moi aussi de savoir où nous en sommes, où tu en es.
Puisque nous savons toi et moi que l'amour s'éteint vite, que le vent tourne vite.
Et j'ai la même faiblesse que toi, d'avoir besoin d'entendre les choses.
Et d'être rassuré. D'être certain que l'autre ne se moque pas de nous.
Merci d'avoir accepté de formuler le minimum vital. D'avoir relancé la machine.
Puisque tu devais avoir conscience qu'il fallait tout de même le faire
pour ne pas me perdre en route, pour éviter que je m'épuise sur la distance.
J'ai fait le deuil des grandes déclarations d'amour depuis longtemps.
Quand je ne sais toujours pas ce qui te plaît chez moi.
Mais je dois reconnaître qu'il y a bien quelque chose. Par force.
Puisque nous nous voyons toujours. Toujours avec la même émotion.
Et que les doutes comme les phobies ne suffisent pas à nous séparer.
Même mal installé dans le lit, ton étreinte est la meilleure chose au monde.
Mon sexe réagit sans doute. Quand mon coeur s'emballe immédiatement.
A reconnaître ton odeur. Celle de ta peau et de tes cheveux.
Ta tête sur ma poitrine. Et j'aimerais, même dans une position inconfortable,
que cela dure toute la nuit, toute la vie, et cela a duré. Voluptueusement.
Les mots auxquels je pense, tu me les as dits un soir, à la veille de mon départ pour Paris.
Ce n'était que décembre. Ce n'était pas si loin. Il s'est passé bien des choses depuis.
Et tes sentiments ont peut-être changé, aux incidents qui se sont produits en cours de route.
Mais j'ai tes yeux mon amour. Qui cherchent encore la foutue pièce manquante du puzzle.
Ce regard magnifique dont je ne me lasserai jamais.
Qui me fait chialer ici à sa seule évocation.
Que tu tiennes à moi est déjà beaucoup. Que je sois dans ta vie déjà inespéré.
Et je ferai ce qu'il faut pour que tu retrouves la conviction que tu avais avant Paris.
Pour que tu retrouves la certitude de ce sentiment que tu avais pour moi.
Et la confiance. Quand l'un ne va pas sans l'autre. Que c'est la même chose.
Je ferai ce qu'il faut mon amour. Pour que tu aies la mesure de ce qui me traverse.
Que tu comprennes ce que tu es pour moi. Comment je te considère.
Même si tout ce que j'écris ne suffit pas. Je trouverai autre chose. Un autre moyen.
Quand je veux revoir ce regard. Sentir ta tête sur ma poitrine. Te serrer contre moi.
Le sexe est un détail. Quand nous aimons tous les deux quelque chose de plus rare.
La sensualité. La complicité. L'intimité en somme. Pouvoir nous confier l'un à l'autre.
Pour me faire plaisir il y a eu cette étreinte. Qui valait mieux que ce que tu m'as proposé ensuite.
J'avais eu mieux. A ce moment soudain où tu as couvert mon corps allongé sur le lit.
Sentir ton souffle dans mon cou. Ta bouche sur ma barbe. Et deux coeurs battre. Voilà.
J'ai pu te retrouver à cet instant. Reconnaître ta chaleur. Aussi vraie qu'aux regards intacts.
Et j'avais la réponse du corps aux doutes que j'avais, avant même celle des mots.
Je ne suis pas tout seul. Tu ne m'as pas oublié. Et j'embrasse la suite.


          

 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 05:00



Sur l'affaire Bettencourt, je me permettrais une chose.
Rappeler que dans toute affaire de corruption, il faut qu'il y ait deux partis.
Celui du corrompu. Et celui du corrupteur.
Et si je n'ai pas l'intention de chercher de près ou de loin à défendre
un homme qui bénéficie à ce jour de la présomption d'innocence,
je dois dire qu'il est assez comique de faire passer madame Bettencourt
pour la pauvre petite vieille dame victime d'un abus de faiblesse,
escroquée par un garnement venu dans sa maison de retraite vider son compte épargne.
Nous parlons de la femme la plus riche du monde. La première fortune française.
Je ne sais pas depuis quand elle habite le fameux hôtel particulier de Neuilly,
connu depuis l'affaire François-Marie Banier, mais je relève que sa fille, Françoise,
par qui le scandale est arrivé, est née en 1953 dans cette bonne vieille ville de banlieue,
dont Nicolas Sarkozy a été le maire de 1983 à 2002 si Wikipedia ne me trompe pas.
Qui pourrait sérieusement exclure l'idée que la relation entre Bettencourt et Sarkozy
puisse être une longue, longue histoire, celle d'une amitié peut-être, ou d'une association,
lorsqu'il ne serait peut-être pas illégitime de penser qu'une telle fortune
ait pu faire la pluie et le beau temps aussi bien à Neuilly qu'à l'échelle nationale.
Si cela était avéré un jour, serions-nous étonnés de découvrir que les Bettencourt
par exemple aient pu installer Sarkozy à Neuilly, ou lui aient permis d'y rester si longtemps ?
Serait-il étonnant de découvrir qu'entre autres fortunes, lorsqu'on pense au clan des -ault
(Dassault, Pinault, Arnault), celle des Bettencourt ait eu son influence sur la vie politique ?
Il est regrettable que ces affaires, celle de Cahuzac comprise, sortent en pleine crise.
Difficile d'encaisser la révélation d'une corruption généralisée à droite comme à gauche.
Et, au-delà des histoires un peu dérisoires de cumul des mandats, il sera sans doute judicieux
de donner un nouveau tour de vis aux lois qui encadrent le financement des partis politiques
et des campagnes électorales, lorsque l'impression que tout cela peut laisser est détestable.
La Justice de ce pays a de quoi faire son travail. Et doit pouvoir le faire sans être outragée.
Mais, outre Cahuzac et Sarkozy, il n'en reste pas moins que nous sommes face à un problème.
Celui des relations incestueuses entre finance et politique.
Si l'affaire DSK révélait ce à quoi peut conduire le sentiment d'impunité de personnalités
bénéficiant de l'immunité, dans le cadre de leurs relations privées, nous avons ici, hélas,
un autre aspect tout aussi désastreux des réalités qui font le quotidien de trop d'élus.
Nous savons que la corruption est pratiquement un phénomène constitutif de la démocratie.
Que, faute de règles strictes, d'un souci de séparation et d'équilibre des pouvoirs,
c'est un travers qui se présente d'abord sous la forme d'un clientélisme inhérent au système,
lorsque les généreux donateurs et financiers sont en droit d'attendre pour le moins
un renvoi d'ascenseur qui n'est rien de plus qu'un retour sur investissement.
De quoi peut-on s'étonner dans l'affaire Bettencourt au juste ?
Sinon du fait que Sarkozy ait été mis en examen pour abus de faiblesse ?
Pour ma part, si ce n'était pas si catastrophique, cela me ferait bien rire.
Quand Liliane Bettencourt peut passer pour tout sauf pour une pauvre petite dame influençable,
lorsque, avec un tel parcours et de tels résultats, je lui fais volontiers le crédit de l'intelligence.
Celle d'avoir toujours su trouver son intérêt.
Mais catastrophique, ça l'est précisément parce qu'une fois de plus,
cela renvoie dos à dos ces pourris d'élus du PS et de l'UMP.
Et que nous savons à qui cela va encore bénéficier électoralement.

   


 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 11:41



Le carillon qui déploie sur la place sa mélodie de boîte à musique,
n'a pas dans mes fenêtres ouvertes, la niaiserie des chants de Noël,
lorsque des voix d'enfants mêlées aux gazouillis d'oiseaux dans mon arbre,
m'indiquent que nous sommes déjà au printemps.
J'ai senti sur ma peau une température acceptable à la sortie de la douche,
comme à celle de la salle de bains, sans chauffage, et le linge sèche vite,
et mes cheveux aussi, me confirmant que quelque chose a finalement changé.
Mon corps se réveille. Mon désir avec lui. Et, outre le sexe, des envies se mobilisent.
Participant au plaisir de se tirer du lit le matin. Avec une ivresse que je reconnais.
Des affiches annoncent déjà les processions de la Semaine Sainte.
Mon amour, il va falloir trouver une solution à ce qui n'est pas un problème.
Si tu ne peux satisfaire mon appétit avec toi, il me faudra trouver d'autres nourritures.
Quand les projets ne sauront seuls apaiser la boulimie de la chair qui se prépare.
Je n'ai pas l'intention de compenser avec la bouffe, quand je manque déjà de tabac.
Et ce qui grouille de façon souterraine dans l'air viendra bientôt m'envahir si ce n'est déjà fait.
Ma vieille carcasse, je le sais, va oublier bientôt son âge et ses dysfonctionnements,
voudra fixer ses tensions à son besoin d'exulter, sur un objet résolument complice,
qui, d'une façon qui n'aura pas à être obligatoirement physique, devra m'accompagner.
Raccord avec le réveil de la nature, des arbres, et des dispositions amoureuses,
il faut que tu sois au rendez-vous, ou que nous passions à autre chose.
Aux forces que je convoque, à celles qui se lèvent d'elles-mêmes,
je ne veux pas te perdre en route, tiens à te garder au centre du dispositif,
quand je ne peux imaginer faire de toi un accessoire périphérique.
Tu ne saurais être un élément en marge, même participant vaguement à l'équilibre.
Une donnée qui contribuerait de loin, parmi d'autres, au bien-être attendu.
Comme pourraient l'être le sport ou les voyages, le shopping ou des séances d'UV. 
Non. Je ne saurais te reléguer aux postes secondaires ou aux simples loisirs. 
Je te veux au centre de l'organigramme. A la tête de l'entreprise.
Au rang où l'on situe les fonctions vitales de l'activité professionnelle,
des relations amicales et familiales, indispensables à l'épanouissement personnel.
Je compte sur toi pour me donner le change, sans que cela ne te coûte.
Pour estimer que la place que l'on se donne l'un à l'autre reste une condition au bonheur.
Au virage où l'euphorie du monde, sur la pente de l'été, inspire l'absolu, veut de l'intensité.
Il y eut des relâchements permis au temps des nuits trop longues et de l'hibernation.
Quand je sens au regain d'énergie que des besoins furieux devront être satisfaits.
Quelque chose a changé. Dans l'air. Dans la lumière. Nous glissons vers juillet.
J'aspire aux nouveaux souffles. Aux horizons solaires. Aventures et conquêtes.
Retrouver l'incendie. La force du coup de foudre. La foi. La conviction.
Il faut que tu me dises que je ne suis pas seul. Que nous sommes ensemble.
Que nous sommes amoureux. Qu'il y a un avenir.
Quand les jours qui arrivent souffleront sur mes braises.
Les flammes vont repartir. Sur le chemin des plages. Aux chaleurs estivales.
Et c'est pour toi encore, que je veux crépiter, flamber, me consumer,
faire des étincelles, faire feu de tout bois, fertiliser la terre.
Au carillon qui chantonne, je perçois la bascule, dans mes fenêtres ouvertes.
Nous avons nos projets, et la douceur de mars vient les rendre accessibles,
quand ce qui était effort peut paraître plus facile, aux corps qui se réveillent
aux aurores limpides de ces jours qui s'allongent, aux promesses de saison.
Renouvelons nos voeux. Et je signe sur-le-champ. Reconduis aussitôt.
Jusqu'au prochain automne. Avec la même fougue que trois années plus tôt.
Pour nous porter l'un l'autre dans nos vies respectives.
Eclairer tous les choix que je ne pourrais faire uniquement pour moi-même.
Accepte d'être l'objet, le moteur, même discret, même secret, de mes initiatives,
des combats que je mène, de ma rage de vivre et de réaliser.
A cet appétit d'ogre que je sens se lever dans mon ventre encore vide.
Je pourrai tout construire et matérialiser si je peux nous rêver.



 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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Lectures

 

 

Stéphane Facco  Stéphane Facco 

 

Lambert Wilson  Lambert Wilson 

 

  Contes du Jour et de la nuit

      Véronique Sauger     

 

Lettres à ma ville

  (spectacle des Estivales juillet 2000) 

 

 

  publication chez Soc&Foc 2012 

La terre est rouge

 

interview la terre est rouge

 

 

 

 

  Parolier / Discographie 

 

LaViedeChateauArtMengo

 

 BlondedanslaCasbahBiyouna

 

 

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