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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 16:18



A force de crier au loup, on sait ce qu'il arrive.
Lorsque le loup vient pour de bon, personne ne croit plus l'enfant qui alerte.
Pour le gouvernement d'union nationale que Bayrou appelle de ses voeux depuis 10 ans,
je crains que ça ne soit la même chose. Plus personne ne croira en l'urgence de le constituer.
Quand l'argument devient systématique. Et a perdu de sa force sur la durée.
Bien sûr, la méthode est la seule qui rende le MoDem et son action politique légitimes.
Quand nous avons ici un petit parti avec peu de troupes et de réseaux.
Bayrou, au lieu de partir d'une base patiemment tissée de fédérations de militants, part du haut.
Et a compté sur sa seule personne pour rassembler des voies aux jours de scrutin,
en y parvenant parfois de façon spectaculaire, obtenant des résultats plus que respectables.
Mais cette stratégie l'enferme dans le discours de l'urgence renouvelé tous les cinq ans,
qui d'une échéance à l'autre perd de sa crédibilité, et ce qui est une stratégie politique honorable
ne gardera auprès des Français que son aspect électoraliste. Le plus méprisable en somme.
L'union nationale. Voilà un grand intitulé qui ne devrait pas devenir grandiloquent.
C'est une nécessité assez exceptionnelle comme nous en avons eu à la Libération,
et je supplie François Bayrou de ne pas le galvauder.
Je ne doute pas de sa sincérité, quand je partage avec lui la crainte de voir monter les extrêmes,
après une longue succession mécanique d'alternances qui n'a conduit à rien de concluant.
Fatigués du tango UMP/PS, les Français, si le Centre n'est ni prêt, ni convaincant,
pourraient se fourvoyer, et aller voir ailleurs si on y est, à nos risques et périls.
Tenter par désespoir des aventures. Que nous regretterions assurément ensuite.
S'il faut renverser la table, il faut le faire avec des républicains, démocrates, zélés réformateurs,
représentant la diversité du peuple quand nous ne voulons pas de guerres civiles.
Si Bayrou est excellent en sonneur de cloches,
lorsqu'il est reconnu de tous pour avoir été le premier a sonner le tocsin de la dette,
lorsqu'on lui reconnaît la primauté à la dernière présidentielle du souci de produire en France,
il ne peut se présenter seul pour incarner le rassemblement.
Si le coup semblait possible en 2007, lorsqu'il est passé si près du deuxième tour,
je crains que sa crédibilité d'homme providentiel ne se soit usée au fil de la décade.
L'union nationale. L'argument de campagne que les Français anticiperont dans un sourire.
Finalement, beaucoup pourraient penser d'avance : on sait ce qu'il va dire et promouvoir.
Et ce qui est à la fois une tactique personnelle évidente comme une tactique d'intérêt général,
ne serait plus appréciée que comme la tactique seule de l'ambition personnelle,
quand ce n'est pas déjà fait. Et l'on a bien vu un tassement explicite à la dernière élection.
L'union nationale. Bien sûr. Voilà un beau projet. Le plus enthousiasmant.
Sauf qu'aux heures où les citoyens consentiraient à la faire, il est à craindre pour Bayrou
qu'un autre que lui ne soit finalement choisi pour la rendre possible.
Bayrou ne peut peut-être plus compter sur lui seul pour mener cette révolution orange.
Quand on peut le soupçonner déjà de ne la prôner que pour servir son destin politique.
S'il veut conduire ce changement, il doit sans doute changer son fusil d'épaule,
faire les choses dans un ordre plus classique, et partir du bas, de la base, du début peut-être,
pour préparer une majorité visible afin que les Français comprennent où il veut aller.
Préparer des alliances avec des forces politiques qu'il lui restera à convaincre.
Pour que l'électeur soit sûr qu'en le choisissant, cette majorité fantôme sera en état de marche,
le jour voulu, sur le pont, qu'elle sera solide et opérationnelle.
Puisqu'on le voit bien, fort heureusement, les Français ne choisissent pas seulement un homme
ni même son seul programme. Ils en évaluent aussi des choses de l'ordre de la faisabilité.
Et moi-même, bien que convaincu par l'homme et son discours, j'ai voté invariablement pour lui
sans savoir comment les choses auraient pu se passer ensuite s'il avait accédé au pouvoir.
Ce qui est naturellement un problème et qu'il lui faut résoudre pour incarner l'alternance.
Ainsi, si nous savons déjà qu'il appellera à l'union nationale, il doit nous dire comment la faire.
Il ne s'agit pas de venir vendre autre chose à l'opinion, quand on saluera sa constance,
puisque vendre autre chose ferait de lui définitivement un opportuniste piteusement démasqué,
il doit bien sûr continuer sur sa ligne politique, celle qu'il a mis plus de vingt ans à tracer.
Mais il devra faire plus qu'invoquer cette fameuse union nationale.
Il faut qu'il nous explique avec qui on la fait et ce que nous en ferions.


    
 

 

 

Philippe LATGER
Mars 2013 à Perpignan

 

 

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