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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 19:06

 

 

Comment souffrir le temps qui me tient loin de toi ?
J'ai attendu trop longtemps le toucher de tes doigts.
Nous tenons fermement le bonheur dans nos mains.
J'ai attendu mon heure au détour d'un chemin.
Le miracle a eu lieu, et la foudre est tombée,
pile en notre milieu, sous la lune bombée.
Blablabla. Blablabla. Je l'ai eue dans le cul.
Dadadi. Dadada. Dans le cul, c'est perdu.






Philippe LATGER
Juillet 2002 à Perpignan

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 18:40

 

 

Je désole mes mains qui se crispent à mon cou.
Mes bras lourds en fumée ne tiendront pas le coup.
J'ai avancé vers toi et m'éloignais toujours
dans l'odieux jeu de l'oie dont les lois n'ont plus cours.
Un souvenir abject n'aura plus d'objections,
quand l'ombre d'un affect, puisqu'il y a prescription,
s'est réduit à néant, sous un soleil malade.
Restent aux moindres séants de piteuses parades,
le vide et l'océan, débandade ou naufrage,
quand mon coeur est béant, rejeté sur la plage.
C'est l'écho qui me parle, le reflet qui sourit,
c'est l'écume et la traîne, et leur artillerie,
la lumière parvenue d'une étoile déjà morte,
l'illusion est ténue, nos chevilles à la porte,
nos poignets lacérés, nos rêves dégondés,
des lits désaltérés et leur fleuve inondé
de regrets imbéciles, ou de plaisirs factices.
La mémoire est gracile. Brûlante aux interstices.
Je console mes mains qui se serrent à mon cou.
Mes jambes enfumées ne tiendront pas le coup.
Quand j'avance vers toi, que l'espoir tourne court.
Je désole l'émoi et n'aime plus l'amour.






Philippe LATGER
Septembre 2007 à Paris

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 18:18

 

 

 

" J'espère pouvoir compter sur Dominique pour te surveiller...
En fait... j'espère que tu n'es pas tenté, ça réglerait la question.
- C'est moi qui redoute d'être si loin, si longtemps.
Toi, tu n'as rien à craindre. "
L'éclairage faible du quai ne pouvait lutter contre la noirceur de la mer.
Un espace béant incapable de m'indiquer le Nord ou le Sud.
Je n'avais pas le plan de la ville en tête et, désorienté,
ne savais pas de quel côté aller pour me tourner vers l'Amérique.
Je m'étais éloigné pour appeler. Et faisais les cent pas, le mobile collé à l'oreille.
" Plus que huit jours... je serai dans tes bras dans huit jours. "
Dominique, à distance, s'était lassée de lécher les vitrines de boutiques fermées,
et regardait sa montre avec l'insistance nerveuse de quelqu'un qui a faim.
Il était l'heure en effet de trouver un restaurant pour dîner avant de retourner à l'hôtel.
J'avais attendu cette conversation toute la journée, regardé ma montre
avec un appétit plus féroce encore que celui de mon accompagnatrice,
calculant dès le matin l'heure qu'il pouvait être à Montréal.
A 10 heures. 11 heures. 11h30. A midi. Sept heures de décalage. Il est trop tôt.
" J'étais impatient de pouvoir te parler.
- Il me tarde que tu arrives. Tu me manques... "

C'est par une nuit aussi noire que nous étions arrivés.
Un taxi jaune nous avait emportés dans un réseau de routes incompréhensible.
L'une d'entre elles nous avait fait suivre une vaste étendue sombre.
Il me fallut un moment pour réaliser qu'il s'agissait d'une étendue d'eau.
Un fleuve ? Assez large pour ne pas voir de lumières sur l'autre rive ? Non ...
Soudain, ne tenant plus en place sur la banquette arrière, ça m'est revenu d'un coup.
La Mer de Marmara. Bien sûr ! Quoi d'autre ?
Les lumières s'intensifiaient à notre gauche. Irrésistiblement.
Je me voûtais, jouais des épaules, pour tenter de voir quelque chose de reconnaissable,
un monument emblématique, un point de repère, comme on cherche la Tour Eiffel à Paris.
Soudain, entre deux immeubles, de majestueux minarets alignés déchirèrent le ciel.
" Sultanahmet Camii ! " annonça le chauffeur de taxi, fier comme un pacha.
La Mosquée Bleue. Et j'étais enfin plongé dans un film d'espionnage des Années 60.
Mon coeur, à l'étroit dans ma poitrine,
signifia qu'il avait fini par me situer sur une carte du monde.
A 8310 kilomètres de Montréal. Au baiser enfiévré que l'Asie donne à l'Europe. Istanbul.

C'est sur un quai de Kuşadasi
que je fis signe à Dominique de m'accorder encore deux minutes.
Nous étions allés jusqu'à Göreme, au coeur de la Cappadoce,
avions voyagé de nuit jusqu'à Fethiye,
nous étions aventurés dans les gorges de Saklikent,
avions crapahuté à flanc de falaise, entre d'émouvantes tombes lyciennes,
avions patiné sur l'élégante banquise de Pamukkale,
couru à perdre haleine dans le cirque d'Aphrodisias,
et nous sortions à peine de l'autobus qui nous ramenait de Denizli.
" Qu'est-ce que vous avez prévu de faire demain ? "
Brusquement, l'air me manqua. Il me fallait répondre.
" Demain ? Nous allons à Ephèse... "
A ma grande surprise,
j'ai réussi à formuler simplement la raison de mon trouble soudain.
" J'aurais aimé découvrir tout ça avec toi... " Et le silence développait à ma place.
J'aimerais que tu sois là maintenant, pour profiter de cette soirée magique.
La noirceur de la mer était d'une sublime lueur bleutée
quand je découvris que le ciel n'était pas sans étoiles.
Après avoir essuyé des orages dans l'arrière-pays, l'air était d'une douceur limpide.
Et l'animation de la ville commençait à me tirer par les pieds, décelant des odeurs de fêtes
couvrant un lointain brouhaha qui m'enveloppait dangereusement.
" Vivement que tu arrives. C'est insupportable de compter les jours... "
J'ai rejoint Dominique en traînant la patte.
Elle m'adressa un sourire triste, plein de compassion.
Une suggestion de ma part la fit sauter de joie et applaudir en enfant impatiente.
" Tu sais quoi ?... Je crois que nous avons bien mérité de nous bourrer la gueule... "

Un bus de nuit nous avait enfin ramené à la case départ.
Sur les traces de Pierre Loti,
nous avons pris un petit-déjeuner entre les stèles enturbannées
d'un cimetière à la végétation foisonnante
où un restaurant s'était ingénieusement installé,
préservé de l'agitation urbaine, dans son havre de paix ombragé, et je songeais,
en dégustant un excellent café-crème combien il était apaisant de vivre parmi les morts.
Un endroit idéal pour commencer la journée, surplombant la rue et sa circulation infernale,
avant d'aller nous mêler à la foule du Pont de Galata ou à celle du Grand Bazar,
où j'allais immanquablement m'acheter mille sachets de loukoums.
Je m'étais aussi découvert une gourmandise pour l'Ayran,
ce yoghourt salé que je pouvais boire à la bouteille sans jamais m'en rassasier.
Sujet à une nouvelle addiction, j'allais en ramener des litres dans mes bagages,
désireux de ramener aussi la menthe de l'Haydari, les amandes de pâtisseries trop sucrées,
comme le goût approximatif de l'improbable thé à la pomme dont nous nous délections.
Le çay versé dans de petites tulipes de verre,
le pain au sésame, la pastèque et les aubergines farcies,
des toits-terrasses de Sultanahmet
aux cafés de Beyoglu dérangés par un tram lisboète,
participaient autant au bien-être physiologique
que les voix de prieurs se répondant dans le crépuscule.
Le sourire des vendeurs ambulants,
courbés dans une révérence pour servir leur jus de fruit,
celui, dévoilé, des étudiantes de Beyazit,
riant aux éclats sous des nuées de pigeons,
à deux encablures du quartier si pieux de Fatih,
où les gosses jouent dehors sans surveillance.
Le charme de Büyükada, l'une des îles des Princes,
interdite aux voitures, où Trotsky résida,
dont le ferry, au retour, croise ceux, surchargés,
ramenant des employés à la rive asiatique...
Dans le cimetière ottoman,
mon regard se perd à travers les branches d'un arbre enveloppant.
" Je ne partirai jamais... " dis-je à Dominique en reposant ma tasse.

" En fait... j'espère que tu n'es pas tenté, ça réglerait la question. "
Comment pouvais-tu me dire une chose pareille ?
Toi, sex-symbol provoquant désirs et convoitises, fantasme incarné,
dans une ville de surcroît où le sexe est partout affiché, partout disponible.
N'était-ce pas à moi de m'inquiéter de cette séparation ?
Tu étais à Montréal quand j'étais à Istanbul. Ville où le sexe est encore tabou.
Certes. Pour cette raison, précisément,
Istanbul est bien plus sexy que Montréal. Je le crains...
Le désir y est caché. Et l'on prend plaisir à le surprendre,
au regard que l'on croise et se détourne.
Sur le Bosphore en effet, tout est désir.
Quand il est chez nous, en Occident, tué dans l'oeuf.
Nous qui consommons le sexe comme de la lessive ou du carburant.
Nous qui faisons le plein, pour la semaine ou pour le mois,
dans la vulgarité la plus crasse.
A quoi bon perdre du temps à désirer,
lorsqu'il suffit de cliquer pour voir la chatte de la voisine ?
Connaître la longueur de ceci, la taille de cela,
et ses préférences avant même d'avoir imaginé la rencontre ?
La rue Ste Catherine, comme le boulevard de Clichy,
déborde de prostitués, d'hôtesses et de sex toys.
Les pubs nocturnes à la télévision, à la radio, partout,
pour de misérables appels téléphoniques
ou recevoir de pauvres photos salaces
sur un portable à quatre heures du matin.
Consommation jusqu'à l'écoeurement.
J'hésite entre la consternation et la tristesse.
Je sais que cela te déprime. Justement.
Que tu ne te sens pas de notre époque.
J'aurais aimé que tu partages cela avec moi.
Le plaisir de retrouver le désir. Le temps. L'attente.
" Nous serons tellement heureux de nous retrouver. "
Et l'imagination...

" Tu aurais adoré la Citerne Basilique... "
Et ses rangs de hautes colonnes sorties des eaux.
Comme les minarets aiguisés de la Mosquée de Soliman le Magnifique,
répondant à ceux de Sainte-Sophie, comme autant de skyscrapers
dans la plus élégante skyline qu'il m'ait été donné de voir de mes yeux.
" Pourquoi diable ne veut-on pas de ce pays dans l'Union ?... "
Nous nous promenons autour des Remparts de Théodose.
Ils sont percés. Ouverts à l'Ouest.
Je comprends les appréhensions grecques,
ne comprends pas les réticences françaises.
Je le dis à Dominique. Je te le dis au téléphone.
Je veux de la Turquie en Europe.
Quel est ce cirque qui dure depuis trop longtemps ?
Les Droits de l'Homme ? Ok. Certes...
Qu'est-ce qu'une prison française comparée à une prison turque ?
La corruption ? Ok. Dérive impensable chez nous.
La Démocratie, dans sa grande sagesse, même par le système de l'élection,
ne cède jamais au clientélisme. Ou bien, peut-être en Amérique... C'est bien connu.
Roumains et Bulgares ont dû se plier gentiment à ces étranges règles du jeu du
" serez-vous plus parfaits que les Parfaits ? " pour entrer dans le sérail.
Il fallait bien pour la Turquie, avançant sur les deux premières exigences,
trouver une épreuve plus difficile encore...
Pourquoi pas la reconnaissance du Génocide Arménien ? Bingo.
On n'imaginait pas qu'un Etat né du partage de l'Empire Ottoman,
en 1923, allait avoir bien du mal à reconnaître
déportations et massacres organisés entre 1915 et 1916.
Et s'il ne semble compliqué pour personne d'admettre
la responsabilité d'une République qui n'était pas encore née,
admettre celle d'Etats déjà intégrés dans l'Union
ne devrait pas l'être davantage.
Il faut dire qu'en matière de repentance,
les pays fondateurs de l'Europe ont beaucoup à faire.
Esclavage, colonisation, en passant par la Shoah,
nous avons tellement progressé dans l'art du mea culpa,
que les descendants des Jeunes-Turcs
seraient bien inspirés de se mettre au niveau.
Nous aurons tout le temps de nous excuser pour le Rwanda.
" Je ne nie pas la responsabilité turque
dans ce qu'il convient d'appeler un crime contre l'humanité.
Je soutiens qu'avoir commis des crimes contre l'humanité
n'a jamais empêché un Etat d'entrer dans l'Union Européenne. "
Et les arguments restants aux opposants à l'entrée de la Turquie,
deviennent soudain, plus que suspects.
Certes, la question de Chypre mise à part.

J'ai toujours refusé ne serait-ce que l'idée de devoir choisir
entre mes frères palestiniens et mes frères israéliens,
alors ne comptez pas sur moi pour choisir
entre mes frères turcs et mes frères grecs.
Je les aime autant les uns que les autres,
chacun avec leurs raisons, ou leur version des faits.
L'Europe n'a peut-être pas le devoir de les réconcilier.
Mais elle serait coupable de ne pas le faire.
Comment, cette entité supranationale
aurait été capable de réconcilier France et Allemagne,
au lendemain d'une troisième guerre particulièrement traumatisante,
et ne pourrait pas réconcilier Grèce et Turquie ?
Le Mur de Berlin est tombé,
et celui de Chypre serait encore debout ? A quoi sert cette Europe ?
Je me mets en colère. Dominique est embarrassée. Impuissante.
Oui la Turquie, laïque, est factuellement musulmane.
Mais la France, de fait, ne l'est-elle pas aussi ?
Alors ? Quel est le problème ?
Le seul argument que j'accepte d'entendre, finalement,
est le poids démocratique, par sa démographie,
que prendrait la Turquie dans les institutions européennes,
puisque même l'argument géographique n'a de grâce à mes yeux.
" Les institutions, ça se change... " pouvais-je encore grogner.
Nous remontons au Cordial Hotel. J'ai un coup de téléphone à passer.
Un taxi doit nous conduire bientôt à l'aéroport Atatürk.

" Tu es tombé amoureux ?
- Je vais être honnête... oui. "
D'un peuple. D'une population et d'une culture.
Dans sa diversité. Dans sa complexité.
Comme j'étais tombé amoureux
des Balinais et des Mexicains, des Anglais et des Basques,
je suis tombé amoureux des Turcs,
ceux de l'Istiklal Caddesi, comme ceux de Nevşehir.
Et ça n'a pas empêché mon émotion à Kayaköy.
" Tu es toujours content de venir me rejoindre ? " Quelle question.
Mais le drame était joué. Istanbul sans toi. Et maintenant toi sans Istanbul.
Toujours le plaisir d'avoir quelqu'un ou quelque chose à quitter.
La douleur d'avoir quelqu'un ou quelque chose à retrouver.
" Il nous manque toujours quelque chose, n'est-ce pas ? "
Au fond, c'est Montréal que j'avais odieusement trompée.
Et j'allais me sentir honteux de me présenter à elle,
faire comme s'il ne s'était rien passé.
" Côté villes, t'es plutôt du genre polygame.
Que va penser Barcelone de cette histoire ? "



 



Philippe LATGER
Juin 2007 à Paris

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 17:43

 

 

Je sens mon coeur battre dans mon larynx.
Peut-être est-il malade.
Des ganglions se développent dans ma gorge,
grossissent à chaque bouffée de tabac que j'inhale.
Soudain, je m'arrête de travailler... je suis paralysé.
Je ne peux plus travailler, je ne pense plus qu'à ça.
Quelle est cette gêne dans mon cou ?
Cette chaleur qui irradie mes tissus ?
Je regarde sur internet,
je cherche à identifier les symptômes.
... Je suis trop jeune.
C'est ce dont je voudrais me convaincre.
Trop jeune pour être atteint par ce genre de mal.
Ou bien, j'aurais dix ans d'avance, peut-être vingt, ou trente...
Pourtant, quelque chose ne va pas. Je le sens bien.
Les sites spécialisés ne me rassurent pas.
Les articles médicaux.
Les témoignages sur les forums.
Laryngectomie.
J'écrase ma cigarette, fébrile,
et me cale dans mon fauteuil.
Je ne peux plus penser à rien.
Juste à cette chaleur. Cette pulsation cardiaque.
Cela monte comme une vague, comme une nuée...
quelque chose qui ressemble à la panique.
Pas envie de mourir. Bien sûr.
Pas envie d'aller à l'hôpital non plus.
Ma jeunesse, bien que relative désormais,
ne peut être fauchée si tôt par un cancer irrévocable.
Il faudrait que je me remette au travail, il faut que j'avance...
que je pense à autre chose.  

 

Je me tordais de douleur sur mon lit, à Ste-Marie la mer,
dans la chambre qui fut celle de mes parents, il y a longtemps.
Cette chambre qui donne sur le balcon dominant le jardin.
Le globe de plastique psychédélique orange,
suspendu sur mon corps en chien de fusil,
diffusait sa lumière de boule à facette.
J'essayais de respirer, de réfléchir, de me divertir, de me lever.
Il me fallait être un homme, être digne, être debout.
Tu m'avais dit au téléphone que tu étais à une terrasse de café.
" Sur la rue ? demandai-je incrédule...
Elle est bien calme ta terrasse... "
Bien sûr, tu étais chez quelqu'un,
à six mille kilomètres de chez moi.
Et bien plus encore en réalité.
Je savais dans ma chair que c'était la fin.
Tout sentait l'automne, l'écume fragile, frémissante sur le sable,
le fading de la lumière au crépuscule, l'épuisement résolu.
C'est l'impuissance qui se révélait, se tenait assise à côté de moi,
ou devant moi, me fixant avec impertinence et compassion.
Pourquoi ai-je ajouté cela,
sur ce ton de colère retenue,
ce ton de femme trompée,
ivre de rage et ridicule ?...
Plus que le silence de ta supposée terrasse,
c'est ce ton qui fut le signe de notre échec.
Ma réaction me fit horreur.
" Elle est bien calme ta terrasse... "
Comment ai-je pu dire cela ?
Comment ai-je pu le dire comme cela ?
Je n'aurais pas dû relever ton mensonge.
Au pire, il m'aurait amusé,
et j'aurais juste fait une plaisanterie, une réflexion complice,
pour te faire remarquer que je n'étais pas dupe,
non dépourvue d'une certaine tendresse.
Mais cette douleur à vif, ce ressentiment farouche,
cette hystérie pathétique, pitoyable...
Moi ? Etre dans ce rôle ? Mais...
Mais c'est contre-nature !

Je passe ma main sur ma pomme d'Adam.
Je palpe, cherchant sous la pression de mes doigts
une grosseur, une protubérance, une anomalie.
Je me lève, vais voir mon miroir au-dessus du lavabo.
Ouvre grand la bouche, essaie d'apercevoir quelque chose...
Je me contorsionne pour que la lumière éclaire la base de la langue,
le volume des amygdales, la voûte du palais.
Je me lave les dents, à grande eau.
Je respire mieux.
Déterminé à me remettre au boulot, je reviens à l'ordinateur.
Mais mon coeur bat encore,
et c'est sur le parcours du tabac qu'il résonne.
J'ai chaud. Je suis mal à l'aise. Je sens que je repars.
Que je glisse à nouveau dans l'irrationnel.
Je m'accroche. J'essaie de lutter.
Travaille. Pense à la commande à satisfaire.
Ecrire un texte. Oui. Sur quoi... sur la société de consommation ?
Un texte sur la fidélité du chien, la souplesse du chat, le lever du soleil...
Ecrire les mots futur, étoiles, bonheur...
Quand je n'ai que amygdalectomie dans la tête,
scanner dans les doigts... Tumeur.
Je ne dois pas penser à cette gêne,
ne pas me concentrer sur elle,
ne pas lui donner d'importance.
Mais penser cela est déjà penser à elle.
Ecoutons cette musique, ouvrons le MP3 pour voir ce qu'il m'inspire.
Machinalement, j'ouvre le paquet de cigarettes.
La radiation revient sur le pharynx.
Ecrire une chanson engagée, une chanson de rien,
une chanson d'amour...

Certes, j'étais parti te retrouver là-bas,
dans cette métropole du Nouveau Monde où tu devais rester plusieurs semaines.
Traverser l'Atlantique une nouvelle fois, alors qu'on enterrait ma grand-mère sans moi.
J'avais appris son décès dans la salle d'embarquement, à Roissy...
Bouleversé, j'envisageai l'annulation du voyage :
mes proches m'ont dissuadé de faire demi-tour.
Mes bagages étaient déjà dans la soute.
On m'avait appelé dans tout l'aéroport. On me cherchait.
Une voix me priait au micro de gagner l'appareil au plus vite.
Je ne l'avais pas entendue, perdu dans mon tiraillement.
Quand enfin, mon esprit revint en situation, reconnut mon nom,
se souvint de ce qu'il fallait faire : j'ai couru dans les couloirs, à perdre haleine.
Une hôtesse me fit de grands signes avec les bras au loin, à la porte :
le moteur tournait, et ils allaient retirer la passerelle.
Dans l'appareil, tout le monde, ceintures bouclées, me lança un regard noir.
Confus, en nage, je m'excusai platement, maladroit,
bredouillai mes regrets à qui voulait les entendre...
J'avais retardé le décollage.
Désolé, mais je viens d'apprendre la mort de ma grand-mère.
La mère de Maman. Ma petite Mémé d'amour.
J'étais resté cloué dans le lounge de la business class d'Air Canada.
Voyage en classe affaire payé par la compagnie qui te faisait travailler.
Le téléphone à la main : mon frère, ma soeur, mon cousin... Que faire ?
Pouvais-je tout planter, partir d'urgence trouver un vol pour Toulouse,
te prévenir de ne pas venir me chercher à Dorval,
demander à faire revenir mes valises du Québec parties sans moi ?...
" Pour elle, c'est fini... ça ne changera rien ... "
J'ai reconnu mon nom dans les haut-parleurs, tombé comme la foudre.
J'ai raccroché et j'ai couru dans les couloirs de Roissy...
J'ai couru, de toutes mes forces.
Pour aller te rejoindre.

Je jette mon paquet de cigarettes avec fureur.
Ma dépendance me dégoûte.
Je ne sais plus respirer sans cette saloperie.
Je ne sais plus inspirer autrement que sur un filtre.
Respirer me tue.

( ... ) 

 

 

 



Philippe LATGER
Octobre 2006 à Paris

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 17:34

 

 

La vie devrait être une fête.
Ce sont les traits qu'elle a pris dans mon enfance.
Ceux de la musique, des rires et des rythmes.
Des larmes aussi. Mais d'émotion. De bonheur.
Le plaisir de se retrouver, de se reconnaître.
D'être ensemble.
Etre vivant est un miracle. Inespéré.
Quoi qu'il arrive ensuite.
C'est toujours ça de gagné.
Pourquoi diable se faire du mal ?

Je referme le journal.
J'éteins la télévision.
Je suis meurtri.
Le moindre mort en Irak, au Darfour,
me donne la nausée.
Un attentat en Israël.
Un autre au Pakistan.
Le sang qui coule.
Les bombardements.
La course à l'influence, à l'énergie.
Pourquoi tiennent-ils tous à gâcher ma fête.
Egoïstement, je les hais pour cela.
L'ambition. Le pouvoir. La fortune.
Qu'en feront-ils quand ils seront pourris dans leur tombe ?
La vie offre tant de beauté. Tant de plaisir.
Embrasser la femme qu'on aime.
Sourire à un enfant qui s'endort.
N'avons-nous pas les mêmes enfants ?
Les mêmes sourires ?
Je vous en prie.
Faites l'amour. Faites la fête.
Je voudrais que tout le monde soit heureux.
Il y a ce gamin dans son coin qui boude.
On a oublié son cadeau d'anniversaire ?
On lui a refusé un jouet ?
Pourquoi celui-ci pleure-t-il dans l'ombre ?
Tous ces coeurs brisés, ces abandons.
C'est insupportable.

N'est-ce pas suffisant de voir cette jeune femme malade ?
Ce vieillard qui va mourir seul à l'hôpital ?
Cette mère de famille qui a perdu son enfant ?
Faut-il en plus faire la guerre ?
Faucher des vies que la nature aurait épargnées ?
C'est insupportable.

Faites l'amour. Faites la fête.
Ecoutez la musique, laissez-la vous envahir.
Levez les mains vers le soleil qui nous caresse.
Dansez sur la plage, dans la rue, sous la pluie.
Partagez un repas et des chansons sous les étoiles.
Ne gâchez pas ma fête, s'il vous plaît.
Aimez-vous les uns les autres.
Et n'oubliez personne.

 

 



Philippe LATGER
Octobre 2006 à Paris

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 16:28

 

 

Est-ce que je vais arrêter de fumer à temps ?...
Je suis hypocondriaque, c'est bien connu.
Une personne, délicieuse, partageait ma couche. Paisiblement.
Je l'ai réveillée en fanfare, à six heures du matin, après une nuit d'angoisse...
Je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit, en proie à des démangeaisons insupportables.
Pour moi qui avais déjà expérimenté les réjouissances nocturnes de la gale, dix ans plus tôt,
c'était fait : les symptômes étaient tous réunis.
Je m'interrogeais sur mon hygiène, les lieux que j'avais fréquentés,
les hôtels ou les boîtes, les partenaires sexuels des dernières semaines...
Je me retournais dans mon lit, près d'un corps assoupi, indifférent, bienheureux,
retournant les hypothèses, les options et les conclusions dans tous les sens,
entre deux grattages compulsifs, allumant une cigarette dans le noir,
cherchant à calmer mon obsession,
aussi violente qu'une crise de jalousie, aussi irraisonnée.
Respirer sur mon filtre me donnait un peu de répit.
Et puis, lorsqu'il fallait trouver le sommeil, le contact du tissu me brûlait.
Aucune position ne pouvait me soulager.
Les démangeaisons repartaient de plus belle, à l'intérieur des cuisses, dans le dos...
C'était simple : si c'était bien la gale, il suffisait de consulter et de traiter.
A deux ou trois reprises, j'étais sorti du lit à pas de loup, pour ne réveiller personne,
consulter internet dans la pièce voisine, chercher des informations sur des sites spécialisés.
Dermatologie. A quoi peuvent correspondre ces symptômes ?
4 heures du matin. Les yeux pleins de fatigue. Les paupières pesantes.
Il faut que je me couche. Lentement. Dans le noir, retrouver ma place.
Je ne supporte pas le contact du drap, la chaleur moite du matelas, je sens la poussière partout.
Une autre cigarette. Debout, les démangeaisons se calment, je les oublie presque.
Mais je ne tiens plus debout... je suis mort de fatigue.
5 heures du matin. Où ai-je pu contracter cette putain de gale ?...
Je ne pouvais interrompre le sommeil de quiconque,
pas à 5 heures du matin !... J'étais seul face à mon tourment.
Les premières lueurs de l'aube m'ont redonné du courage. Et de la force aussi.
5 heures et 55 minutes. Les oiseaux commencent à se réveiller.
Je lui laisse cinq minutes.

A six heures précises, je me suis levé d'un bond, déterminé, suis allé prendre une douche,

faisant claquer mes pas, les portes, les robinets, dans une agitation ostentatoire.
Le corps s'est étiré dans mes draps. Un oeil s'est ouvert. Puis un deuxième.
Le regard surpris, puis inquiet, s'est posé sur le réveil.
" Qu'est-ce qui se passe ?... Tu es bien matinal... Il est six heures. "
Je me suis planté près du lit, une serviette de bain nouée sur mes hanches, les cheveux mouillés :
" Il faut que tu te lèves. On va traiter tout le linge. Les vêtements, les draps... tout...
Je crois que j'ai la gale... "
Mon ton impérieux laissa l'auditoire sans voix.
Un soupir, une grimace, une main sur les yeux, le buste s'est redressé sur les coudes.
Les cheveux hirsutes sur un air d'incompréhension (ravissante) :
" Pardon ?... Tu crois que tu as quoi ?
- Voilà trois nuits que je ne peux pas dormir, ai-je repris en repartant dans la salle de bains,
j'ai des démangeaisons partout, la nuit seulement, tous les symptômes de la gale !...
Je l'ai déjà eue, assurai-je, en 97... ça m'a accompagné jusqu'en Californie.
- La gale ?... Tu es sûr ?...
- Il faut passer tout le linge de maison à l'insecticide, en poudre, et que je traite ma peau.
C'est contagieux. Je ne voudrais pas que tu en fasses les frais. "
J'ouvris grand les rideaux, fenêtres et volets pour aérer la chambre.
Ma détermination, toute martiale, ne pouvait accepter ni doute ni contradiction.
Sur le pied de guerre, je n'allais tolérer aucune résistance. C'était maintenant.
" Et je dois me lever maintenant ?...
- C'est ça. "

Après avoir fourré en boule les taies d'oreiller,
draps, drap housse, couvertures dans des sacs poubelles,

passé l'aspirateur sur le matelas dénudé, sous le sommier,
j'ai pris rendez-vous au téléphone avec un dermatologue, sans passer par un généraliste,
sous le regard perplexe d'un témoin à peine coopératif. Suiviste mais circonspect.
Une bombe anti-acariens achetée en pharmacie dès l'ouverture de ses portes,
entre autres initiatives aussi hardies qu'unilatérales.
La chambre était devenue une zone interdite.
Quarantaine. Etat de guerre.
Pas question de laisser ces bestioles creuser des galeries sous ma peau impunément.
Je rêvais d'une nuit de sommeil...

Assis face au médecin, j'ai décliné toutes mes réflexions, mes observations, mes sensations.

Le dermato n'avait aucune expression amusée, ni entendue, ni approbatrice.
J'ai senti qu'il n'allait pas aller dans mon sens. Il gardait une distance inquiétante.
Comme s'il refusait de rentrer dans mon jeu.
Ce jeune homme avait pour tout dire, l'air effrayé.
Celui qui convient quand on est confronté à l'hystérie.
Il m'a examiné avec la plus grande prudence, le visage grave.
Nous sommes revenus nous asseoir à son bureau.
" Etes-vous surmené en ce moment ? Sujet au stress peut-être ?...
Quelle est votre activité professionnelle ?... "
Je le dévisageai incrédule...
" Le stress ?... Est-ce que vous êtes sérieux ?
- Ce n'est pas la gale " lâcha-t-il catégorique.
Qu'allais-je lui exposer ?
Que je ne savais pas ce que j'allais faire de ma vie ?
Que je ne trouvais pas toujours les raisons d'avancer, de continuer ?
Oui, je voyais mon corps changer, et vieillir, et se dérégler chaque jour davantage.
Oui, j'avais peur de mourir, je pensais à la mort.
Oui, j'avais l'impression de n'avoir rien fait de bon, de toute ma chienne d'existence
et que le meilleur que j'avais à vivre sur cette terre était déjà derrière moi.
Penaud, je ne suis sorti avec aucun traitement.
Seulement un soupçon de honte,
et une réelle inquiétude quant à mon état psychique.

Une crise d'angoisse. Comme une crise de jalousie.

Une colonne de feu incontrôlable, indomptable, qui jaillit du fond de soi.
Un vertige nauséeux, où l'on sent chaque pulsation cardiaque.
Le corps vieillit en effet. Et je le sens se décomposer.
Les artères se bouchent. Les poumons s'encrassent.
Est-ce que je vais arrêter de fumer à temps ?...
Vais-je accepter de mourir ?
J'inspecte chaque parcelle avec précision,
et à chaque ganglion, j'envisage déjà le pire,
pleurant sur un monde que je ne veux pas quitter.
Ce monde que j'aime et qui me plaît. Le seul que je connaisse.
Pas envie de quitter le soleil qui se lève sur la mer, la montagne,
la pluie qui s'échappe des amas de nuages, au gré du vent.
Les chiens, les chats, les girafes et les zèbres.
Les arbres, les fruits, les cailloux, les rivières.
Pas envie de quitter les odeurs de foin coupé, de forêt après l'ondée,
l'iode et le vinaigre, les senteurs du romarin, du jasmin, de l'eucalyptus.
Je me suis attaché à ce monde, j'y suis bien.
J'aime la sensation du toucher,
le rugueux, le soyeux, le chaud et le froid.
J'aime voir, regarder, m'éblouir de couleurs,
celles du soir de juin, celles du toucan, celles de la mer changeante,
celles de tes yeux...
Vais-je accepter de mourir ?
C'est comment la mort ?... d'abord...
Est-ce qu'il y a des tamanoirs dans la mort ?
Est-ce qu'il y a des roitelets huppés ?
Des pieuvres et des ornithorynques ?
Est-ce qu'il y a des edelweiss, des hibiscus, des iris et des champs de maïs ?
Des amanites tue-mouches ? Des bananes et des plumes de paon ?
Est-ce qu'il y a de l'eau ? Des cascades ? Des vagues et des océans ?
Pas de radis ? Pas de chevaux ? Pas de Beethoven ?...
Je n'ai pas envie de ne plus entendre le vent dans les feuillages,
de ne plus ressentir la brûlure des orties sur la peau des mollets,
celle du soleil sur mes épaules...
Est-ce que je vais arrêter de fumer à temps ?...
Je me suis attaché à la lune,
à l'odeur des clous de girofle, au goût des morilles,
au contact de ta peau...
Ma main ouverte sur ton hypocondre.
Est-ce que ça peut être mieux que ça ?...
Malgré la guerre, malgré la douleur, malgré la maladie.
Même le goût des sanglots et du désespoir me manquera.
Je ne veux pas vous quitter.
Je ne veux pas te quitter.

Il se passe des choses étranges dans ma gorge. Dans mon cou.

Des grosseurs. Des gênes. Des choses qui n'existaient pas.
Je passe mes doigts sur la pomme d'Adam.
Je crains pour mon larynx, les cordes vocales...

Je ne devrais pas m'attacher.
Pas même à mes amygdales ou à ma thyroïde...
Ils peuvent bien me les enlever,

tout ça finira en poussière, de toute façon,
dans la poussière d'un cercueil pourri.
Des fibres. De la moisissure. La décomposition.
Ne pas s'attacher au corps.
Le corps de mes vingt ans.
Celui de mes trente ans.
Ne pas s'attacher au tien.
Tout est en mouvement.
Rien ne se perd. Rien ne se crée.
Nous devenons autre chose. Probablement.
Une plaie se développe dans la narine.
Quelque chose de purulent. Bactéries. Virus. Parasites...
Le matériel nous leste dans une réalité fantasmée.
Le corps ancré dans trois dimensions, étroites et infinies.
Je ne dors pas. Je suis malade.
Je sens que je vais mourir. Mon coeur va lâcher.
Chaque pulsation percute mes tempes sourdement.
La vie est une maladie incurable.
Le corps est une plaie.
Une plaie qui va me manquer.
Que ça dure... que ça dure toujours...
Je veux vieillir. Je veux vous voir vieillir.
Voir les enfants grandir. La paix au Proche-Orient.
Voir la Sagrada Familia terminée.
Voir la colonisation de Mars.
Voir mes enfants venir au monde.
Voir leur mère me sourire encore...

Est-ce que je vais arrêter de fumer à temps ?

 

 

 

 



Philippe LATGER
Août 2006 à Paris

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 16:23

 

 

Testés les morpions et la gale,
l'herpès nasal que je trimbale,
je vieillis, traîne les sandales,
paye pour ma vie de vandale.
Je vois mes couilles et amygdales
qui pourrissent et se font la malle.
Virus au parfum de scandale.
J'ai dû décrocher la timbale.
J'ai tout mordu, l'âme morfale,
morphine et choses qu'on inhale,
l'alcool d'école communale,
me suis perdu dans le dédale.
J'ai payé pour mes joies bancales,
pour des paradis à deux balles.
J'ai pillé jusqu'aux fonds de cales,
mon capital, mes capitales.
J'ai tout brûlé, comme un vandale,
ruiné ma santé, mes annales.
Feux d'artifice ou de Bengale,
il ne me restera que dalle.



 


Philippe LATGER
Mai 2006 à Paris

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 13:41

 

 

Si ça bascule, si ça fout le camp,
que ça s'en aille pour de bon.
On va pas tourner autour du pot pendant 80 ans.
On nous plante là, au milieu de tout ça.
Deux bandes de couleurs encadrent le vide.
Le vide. Le vide. Le vide.
La solitude, à côté de cette notion, ça me fait bien rire.
Le vide n'est pas le néant.
Le néant c'est autre chose !
Sinon, ça s'appellerait pareil.
Le néant est pour plus tard.
Tout de suite, c'est le vide.
Alors, finalement, je découvre que le sommeil est un plaisir.
Et en attendant... je dors, je dors, je dors.

 

 



Philippe LATGER
Avril 2006 à Paris

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 13:32

 

 

Si tout est à vivre, alors, vivons-le vraiment...
Le miracle est là, là où nous sommes.
A chaque instant d'une hallucination, peut-être collective.
Pas besoin de marcher sur l'eau, de multiplier les pains, transformer l'eau en vin,
lorsque chaque seconde dans ce monde est un miracle bien plus hallucinant.
Pourquoi vouloir que l'objet reste en suspens lorsqu'on le lâche pour voir un prodige,
lorsque l'objet est déjà lui-même un prodige à lui tout seul, notre main en est un autre,
et que la loi physique qui le précipite au sol est un émerveillement.
Le bébé qui jette systématiquement le jouet que l'on vient de ramasser ne s'en lasse pas.
Il découvre avec émerveillement chaque prodige de ce monde qui l'accueille.
Le jour et la nuit qui se succèdent, puis l'été et l'hiver, enfin la vie et la mort.
L'eau qui coule, le feu qui brûle, le verre qui casse, l'herbe qui pousse.
Quel prodige peut surpasser la vie qui éclot dans un recoin de l'univers ?
La mort ?

 

 




Philippe LATGER
Février 2006 à Paris

 

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 13:01

 

 

Si la brume tombe,
on verra ce qu'il y a derrière.
Un dépotoir, un charnier, une bombe,

peut-être un simple cimetière.
La décomposition des corps,
l'envers de l'écran protecteur,
le déchirement du cor,
la meute excitée, carnassière,
compulsive, affamée, suicidaire.
C'est le butin sanguinolent dans la gibecière.
La cruauté instinctive, solidaire.
Si la brume se dissipe,
le voile se lève sur la procession,
les flambeaux comme ultime cortège,
les panaches noirs sur les chevaux,
la mort victorieuse qui s'émancipe,
au rire tordu de convulsions,
qui vient souiller ce que laisse la neige
quand elle fond au feu du renouveau.
Si la brume s'effiloche,
on verra nos propres crocs aiguisés,
déchirer les entrailles de nos mères,
de nos fils et de nos frères.
On entendra au son des cloches
l'agonie de nos enfants déguisés
en ennemis jurés, gorgés de larmes amères,
horrifiés d'être dévorés par leurs propres pères.
Si la brume se retire
des méandres du fleuve furieux,
pire que la mort, pire que le diable,
c'est notre solitude qui s'étire !
Satan est une compagnie qui vaut celle de Dieu.

Seule la révélation du néant est effroyable.
Si la brume laisse un doute à couper au couteau,
elle cache la misère et le fruit de nos quêtes,
enveloppe l'espoir d'un heureux sfumato
qui tient debout l'humain et son illusion de conquêtes.
Que ce rideau de fumée déjà lourd,
se change à jamais en mur de pierre.
Si la brume se lève un jour,
nos yeux grand ouverts pleureront leurs paupières.


 

 



Philippe LATGER
Août 2004 à Barcelone

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Lambert Wilson  Lambert Wilson 

 

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Lettres à ma ville

  (spectacle des Estivales juillet 2000) 

 

 

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La terre est rouge

 

interview la terre est rouge

 

 

 

 

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