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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 23:31

 

 

Tu l'as perçu toi-même...
Barcelone a une odeur.
Une odeur bien à elle, qui n'est pas celle de Paris,
ni celle de Londres, ni celle de New York.
Ce n'est pas du pétrole mais de l'huile.
Ce n'est pas de la poussière mais du sable.
L'iode et la branche de tomate mêlée,
avec une sueur de cerveza éventée.
Un soupçon de pin parasol dans la fumée d'un cigare.
Des détergents, de l'ammoniac, des lessives
venues des draps qui sèchent dans les ruelles.
Rappelle-toi, nous aussi avons étendu notre linge propre,
jusqu'à nos taies d'oreiller dans les arbres des Ramblas.
Ces arbres qui embaumaient, malgré les relents de fritures.
La chaleur de Barcelone a une odeur.
Une odeur de parking souterrain, de terre cuite, de goudron amolli,
de vapeurs d'essence, de pollution orangée, de façades crasseuses,
de géraniums malades, de pigeons souffreteux,
d'embouteillages monstres avec leurs mirages vibrants,
les feux de signalisation vaporeux, les pare-brises aveuglants de soleils,
d'échappements mazouteux, d'égoûts pestilentiels et de colonia bon marché.
Toute cette graisse cuisante, cette bouffe accablée, cette humanité grouillante,
rafraîchie par le sel de la mer, une entrée maritime piquante,
ou un vent sec qui ouvre les poumons.
J'ai le goût du Cacaolat dans la bouche.
Dormais-tu déjà ? Etais-tu juste devant un DVD ?
J'allais pieds nus dans la cuisine, ouvrir le frigo,
pris par la soif, ou la faim, ou les deux,
et je croquais un cornichon russe que tu aimais tant.
Barcelone a le goût du cornichon russe.
Le goût des petites asperges blanches,
que tu disposais dans de larges assiettes avec les tomates cerises.
Comme pour ces dîners en tête à tête,
sur le petit balcon de la Calle Canuda.
J'ai encore la cire des bougies sous les ongles.
Leurs flammes dans les yeux,
émerveillé de te voir là, en face de moi,
dans l'écrin de la nuit,
dans celui de mon enfance.
Comme nous étions heureux de l'avoir trouvé celui-là.
C'est toi qui l'avais débusqué !
Tu travaillais lorsque je suis entré seul dans le trois étoiles.
La gravure des skyscrapers au-dessus du lit m'a enchanté.
Les sourires indiens et leur douceur hindoue.
Les trois marches de marbre verni, les grands rideaux doublés.
Notre nid de moiteur et d'ombrages, de passions déchirantes.
Tu avais visé juste. En plein dans le mille.
Et les étoiles se multiplièrent, à l'infini,
sur la robe de Juliette Gréco au théâtre du même nom,
dans le ciel immense de nuits pétillantes du bonheur de te rejoindre,
à celui de te présenter mon cousin, et les vieilles dorures de la Paloma.
L'odeur de Barcelone m'aide à respirer depuis que je suis au monde.
Il était égoïste de marier cette ville à mon deuxième amour.
La Rambla de Catalunya a remplacé le Rembrandt et ce premier étage,
concrétisant notre désir de construire.
Nous avons cherché, euphoriques, le cadre idéal.
Nous avons pris de l'altitude. Avec ascenseur.
De cet appartement, j'ai gardé le contact chaud et doux,
sous mes pieds, de son carrelage moucheté,
lorsque je me levais, sans soif ni faim, pour ouvrir le frigo
et boire le Cacaolat à pleine bouche, sans jamais être rassasié.
" Le train... à destination... de... Montpellier... "
Le Talgo déglingué s'immobilisait devant moi, le coeur serré.
La station du Paseo de Gracia.
Ma valise aux roulettes défoncées.
Je revenais toujours, quelques nuits plus tard.
Le canapé orange. La lampe au tube de papier.
Le carrelage brûlant de notre terrasse.
Les portes qui s'ouvraient à la moindre bourrasque,
à maintenir contre les orages et les pluies battantes,
nos tempêtes.
La céramique vert pâle de la salle de bains.
Toi, au milieu du grand lit.
Te levant pour allumer une cigarette.
Nous avons dormi si peu.
Soit parce que nous étions heureux.
Soit parce que nous étions malheureux.
Dans les deux cas, difficile de dormir.
Quand avons-nous vraiment dormi ?...
Parler de toi, de ta famille, de tes souvenirs,
jusqu'au matin, où il fallut aller chercher des croissants.
Courir toute la nuit les hôpitaux de la ville pour te retrouver,
pris de panique, parce que du verre brisé nous avait mutilés.
Du verre brisé. Comme les espoirs déçus. Les trahisons.
La colère... aussi furieuse que notre désir, que notre amour.
Un livre sur Antoni Tàpies.
Remonté du Drugstore, au bas de l'immeuble.
Un film de Robert Altman ou de Fritz Lang.
Et Porgy and Bess, sur les quelques pouces d'un ordinateur portable.
A un moment ou un autre, nous faisions l'amour.
C'est, au fond, ce que nous faisions le mieux.
Le tabac était plus léger ensuite, moins amer.
La chambre devenait belle, son jaune moins ordinaire.
En refermant le frigo, j'arrivais peut-être à la terrasse,
prendre une grande inspiration, comme une ligne,
de Barcelone toute entière, dans l'espace, dans le temps.
Embrasser toute ma vie, toute la région, toute la mer.
Respirer la nuit devenue magique, bienveillante, éternelle.
La pénombre de l'appartement était sensuelle, un peu triste.
Tu ne disais rien.
Et je traînais, le lendemain, ma valise jusqu'au Talgo.
J'ai traversé cette frontière, à Portbou,
des dizaines de fois.
J'ai usé le Perpignan-Barcelone,
comme j'avais usé auparavant le Bordeaux-Toulouse.
Avec un grain de sable dans la chaussure,
dans les deux cas :
l'angoisse de perdre l'être aimé.
Ma mère, que j'ai perdue, entre Bordeaux et Toulouse,
à force de chimiothérapies.
Toi, que je perdais, entre la Catalogne du Nord et celle du Sud.
J'allais et venais.
Attirance / répulsion.
Le Talgo revenait toujours en gare de Barcelone.
Et mes roulettes faisaient un boucan d'enfer
sur les rainures régulières des trottoirs.
Le coeur joyeux, j'arrivais à l'ascenseur.
Retrouvais notre deux pièces avec soulagement.
Et je t'attendais.
Tu rentrais quelques heures plus tard.
Et nous faisions l'amour quand nous ne nous engueulions pas.
Et nous nous engueulions lorsque nous ne faisions pas l'amour.
L'évangile selon Saint-Matthieu
alternait avec La Passion selon Saint-Jean.
Bach avec Pasolini.
Et il fallait descendre les bouteilles vides de Cacaolat.
Vider les cendriers. Faire une machine de linge.
Te caresser les cheveux et t'embrasser comme personne.
Paris. Square Carpeaux : des lunes plus tard,
un réveil rouge affiche ses chiffres stupides sur mon téléviseur.
Les mêmes chiffres qui tournaient dans notre chambre.
Une des acquisitions de cette époque.
Avec la boule à facettes.
Des vestiges d'un bonheur évanoui.
L'ordinateur portable a été vendu.
Les DVD de Milos Forman, de Ridley Scott ou Woody Allen aussi.
Adieu Rosemary's Baby et Le Festin de Babette.
T'ai-je montré Les Gens de Dublin ?
Anjelica Huston y est sublime.
Il faut lire James Joyce. Absolument.
Pourquoi diable ne t'ai-je pas montré ce film ?
Il me reste des photos.
Cette série sur le fond orange du canapé,
où tu égraines sourires et grimaces, les cheveux mouillés.
Les visages se succèdent, figés dans leur instant,
un instant de bonheur simple et ludique, joueur, espiègle.
Des petits papiers, récupérés ici ou là :
" A tout à l'heure. Je t'aime. "
" Bon réveil. Je pense à toi. Bisous. "
" Bonjour, tu passes me chercher ? Je t'aime. "
" Je t'aime. " " Je t'aime. " " Je t'aime. "
Je ne devrais pas fumer.
Ma gorge est saturée.
Mais je dois ouvrir mes poumons.
Barcelone n'est plus là pour m'aider à respirer.
Vendus les disques.
Bach et Beethoven. En fumée...
Tant mieux pour Copland.
Aaron Copland...
Nous n'avions pas attendu d'être à Paris pour aller au théâtre.
Nous sommes allés à l'Opéra.
Le Liceu. Gutrune. Wagner. Tes pieds nus.
Nous sommes allés au Palais de la Musique Catalane,
ce temple de l'Art Nouveau, cette folie toute barcelonaise,
applaudir un dieu : Keith Jarrett.
Comme j'étais heureux de partager cela avec toi.
Et puis, l'Auditori...
où nous découvrions ensemble le compositeur américain.
Les vagues de cordes s'enlisaient dans ma poitrine.
La descente aux enfers, aux flambeaux, aux ténèbres.
L'orchestre et ses archets ont lacéré mon coeur.
Profondément.
Je ne pouvais plus écouter cette musique.
Vendue la symphonie d'Aaron Copland.
Les violons étaient autant d'arbalètes.
Les harmonies autant de flèches décochées.
Le crin frottait mes propres veines tendues,
du cordier à la cheville,
mes artères prêtes à céder,
me ramenant tout ce bonheur perdu,
des nappes d'émotion insupportables.
Il me fallait fermer les yeux.
Les paupières tressaillaient,
autant que mes lèvres.
Replié sur les skyscrapers de l'hôtel Rembrandt,
sur les taies d'oreiller dans les arbres,
sur la terrasse du Julius, la chambre du Jazz,
les aubes blanches sous les draps de Perpignan,
les silences jaloux des dîners au restaurant,
les baisers interminables, voraces, vertigineux,
les bouquets de fleurs, les assiettes anglaises,
le souci de bien faire, et la quête, dans tes yeux angoissés,
d'un signe d'approbation, de satisfaction, de plaisir...
Les gestes tendres. Les sourires entendus.
Les âmes qui se reconnaissent.
Les mains qui se retiennent.
Copland... je te maudis.

( ... )

Dans la fragrance de Barcelone,
il y a de l'huile solaire, de l'huile d'olive,
un soupçon de poivron et de citron vert,
un brin de café, de crème anti-moustiques,
une odeur de cuir et de Manchego,
de la fleur d'acanthe et d'aloès,
et de peinture d'auto qui cuit au soleil.
Je respire une branche de tomate et m'émerveille.
Je suis heureux d'être toujours en vie,
juste pour ça...
pour cette odeur forte, si particulière,
d'une branche de tomate...
Je l'inspire au plus profond,
et elle m'enivre autant que l'eau de Cologne Lavanda Puig.
Il y a une odeur de terre, fraîche, saine, qui anticipe le jus.
Le jus de Barcelone est fait du jus de tomate, notamment.
De gaspacho peut-être, de sangria à coup sûr.
Le potage est aussi subtil qu'écoeurant.
Il y a de l'ail. Il y a la peau huileuse de poulet.
Il y a la sauce spécifique des patatas bravas.
Il y a les anchois et les olives.
Il y a aussi la sueur des ouvriers,
le sang des anarchistes.
Le sperme des marins.
Les premières années,
les hommes de la Guardia Civil
avaient encore leurs tricornes de plastique.
Je suis né en 1973.
Le général Franco est mort en 1975.
Nous n'avons pas eu le temps de tout voir.
Je te dois encore l'ascension des tours moussues
de la Sagrada Familia.
Nous sommes allés à la Fondation Tàpies.
Et au parc de la Ciutadella ...
Je te l'ai dit mille fois, j'imagine,
l'Arc de triomphe était la porte principale de l'Expo de 1888.
Quel dommage que le destin bigarré d'Onofre Bouvila
n'ait pas su te divertir ni te passionner !
C'est précisément celui de cette ville !
La Ville des Prodiges.
Paris s'enorgueillit de l'Expo de 37,
où elle confirmait au monde sa réputation de " Ville Lumière "
avec de désuets effets d'eau et d'éclairages autour du Trocadéro,
lorsque Barcelone avait déjà sa " Fontaine Magique ",
à l'Exposition Universelle de 1929.
Un jour peut-être liras-tu Eduardo Mendoza.
Prendre toute la mesure du génie catalan.
De cette deuxième Expo,
tu connais le Pueblo Espanol,
mais nous avions aussi vu ensemble
un de ses vestiges révolutionnaires,
le pavillon de Mies van der Rohe,
le magnifique designer des fameux fauteuils,
que nous connaissons sous le nom, justement,
de Barcelonaises...
De Gaudi, nous n'avons pas vu les oeuvres du Parque Güell,
mais nous avons escaladé ensemble la Pedrera
et ses cheminées de meringue.
Des repères qui ont résisté aux mutations de la cité.
Une ville que je reconnais à peine.
Qui est exactement la ville de mon enfance
et tout son contraire.
C'est ici que j'ai vu ma première corrida,
avec mon père, à la Monumental.
Mon premier taureau a été gracié.
Pour des raisons qui m'ont échappé.
Cet effet est assez rare en tauromachie
pour que j'en fasse un signe du destin.
... Ou tu porteras mon deuil.
Est-ce l'épopée de la guerre civile espagnole
ou de la vie extraordinaire d'El Cordobès ?
Les deux sont mêlées.
Lis ce livre si tu peux.
Si La Ville des Prodiges éclaire Barcelone,
celui-ci éclaire toute l'Espagne,
et me rappelle que je ne suis pas catalan,
ou seulement d'adoption.
Mes racines sont ancrées dans la roche de Castille.
Celle qui a toujours méprisé
la désinvolture et l'arrogance barcelonaises.
Le lait peut être plus fort que le sang.
Comme celui que je buvais par litres de Cacaolat,
toujours plus, sans jamais être désaltéré.
Mon Espagne à moi, paradoxalement,
c'est à Barcelone que je l'ai découverte,
moi, le Castillan.
Et c'est à Barcelone que j'ai choisi mon placenta.
Celui où j'ai choisi de te conduire.
Madrid est trop loin de la Méditerranée à mon goût.
Nous parlions de politique. N'est-ce pas ?...
Tu me donnais la réplique,
pour me faire plaisir. Ok...
T'ai-je parlé de la Guerre Civile ?
T'ai-je parlé du général Franco ?
Sais-tu que les Corts Catalans
qui traversent le damier urbain de part en part,
s'appelaient Avenue Général Franco ?
T'ai-je parlé de la " Semaine Tragique " ?
Bien avant 1936... bien avant le cataclysme.
C'est à ce propos qu'un préfet de la ville aurait dit :
" A Barcelone, on ne prépare pas la révolution,
pour la simple raison qu'elle est toujours prête. "
La sueur des ouvriers. Le sang des anarchistes.
Celui des taureaux.
Barcelone sent le soufre.
Elle sent l'iode et la poudre.
Nous avons écouté Bernstein et Gershwin.
Nous avons goûté aux coeurs de palmiers.
Aimé Polanski et Tim Burton.
Tu m'as donné les Contes de la rue Broca.
Je t'ai donné Caligula.
Et Manuel de Falla.
J'ai dû soigner les plaies que j'avais moi-même ouvertes.
La boule à facettes tournait dans le vide de nos solitudes.
Mille étincelles. Mille éclats de verre.
Le verre brisé.
Ton coeur. Le mien.
Les urgences.
Les ruptures.
Des musiques venues de Paris attendaient mes mots.
Des musiques de Philippe Delettrez ont marqué le décor.
Il fallait que ça bouge.
Il fallait que ça change.
Tu as été d'accord pour suivre.
Pour revenir dans cette ville que tu avais fuie.
Tu as accepté par amour.
Pour rester près de moi.
Nous avons quitté Barcelone.
La rue Cyrano de Bergerac à Montmartre,
serait notre nouvelle adresse.
Loin des tapas et des taies d'oreiller dans les arbres.
Déménagement.
Dernier Talgo. Aller simple.
Passeport à Port Bou.
Adieu l'appartement aux murs jaunes.
Son solarium sur les toits terrasses,
et sa vue imprenable...
Le Tibidabo d'un côté.
De l'autre, deux lignes vertes dégringolant les Ramblas,
jusqu'au pylône rouillé du téléphérique sur le port.
Un écran bleu, plus intense que le ciel,
s'ouvrait au-delà,
jusqu'à l'horizon...
A Paris, nous avons pu le vérifier ensemble,
ce n'est pas la même odeur.
L'odeur du métro, celle de l'humidité dans les murs...
c'est autre chose.
Depuis que tu n'es plus là,
je le constate chaque jour.
Le lait chocolaté n'a pas le même goût.
La musique de Bach et de Beethoven non plus.
Il n'y a plus ces instants d'éternité après l'amour.
Il n'y a plus ces étoiles multipliées à l'infini dans la nuit.
Le phare de la tour Eiffel me console comme il peut.
Nous dormions peu.
Je dors beaucoup.
Le sommeil n'a pas d'odeurs.
Les draps ne sentent rien.
Mon coeur ne sent rien.
Seulement des insuffisances respiratoires.
Seules les cigarettes m'aident à respirer.
A respirer le poison.
Il faut que je retourne à Barcelone.
Juste pour rouvrir mes poumons.
Juste pour respirer à nouveau.
Je reconnaîtrai son odeur tout de suite.
Ce mélange subtil d'huile et de sable,
de cerveza éventée, de pin parasol,
de géranium et d'ammoniac.
La terre cuite.
La branche de tomate...
Je connais cette odeur par coeur.
Elle s'est enrichie avec le temps.
J'en distingue chaque strate.
La colonia, la poudre et la lessive.
La crème anti-moustiques et les cornichons russes.
La cire sous mes ongles.
Ton baiser sur mes lèvres.
Barcelone sent le sang et la sueur.
Ta sueur...
Et la musique d'Aaron Copland.

 

 



Philippe LATGER
Juin 2006 à Paris

 

 

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