Casa Latger
Mon ventre épouse le tien dans une flaque de sperme. Je pèse de tout mon poids sur ton buste alangui au milieu du désordre. Les muscles relâchés. Dans l'ivresse de senteurs de deux corps compatibles. Une intimité moite aux ombres voluptueuses quand tout...
C'est comme un labyrinthe. Je suis de longs couloirs qui me ramènent toujours au même endroit. Des couloirs d'hôpitaux étrangement déserts. L'odeur de la Betadine. Regarde-moi mon amour. Est-ce que tu me reconnaîtras ? Est-ce que tu te rappelleras de...
Dans la vaste pinède qui s'étendait au Sud de Barcelone, au-delà d'El Prat de Llobregat et de l'aéroport, dans l'étranglement que faisaient les montagnes de Garraf en rejoignant la mer, se trouvait le quartier résidentiel épargné par la folie des immeubles...
Même si je ne suis plus érotique pour toi. Même si je perds de ma superbe et de mon magnétisme. Même si tu ne me désires plus. Si le charme est rompu. Je peux m'éloigner et disparaître. Sortir de ta vie. Ce qui compte, c'est ta nature, sauvage, indomptée,...
Darcness. C'est la lumière de quatre lettres. Le nom d'une pucelle. Eclairé d'ampoules sur la scène d'un music-hall. C'était à l'Olympia. Et l'on avait enlevé tous les rangs de sièges à l'orchestre. Le plancher des vaches dégagé. La fosse aux lions. Au...
" Avec l'expérience que j'ai dans ce domaine, je dirais que... quand on invite à dîner une personne qu'on connaît à peine en tête-à-tête, si ce n'est pas dans un but professionnel, c'est que c'est un plan drague. " J'ai formulé quelque chose de ce genre....
Le château de Madeloc était une énorme bâtisse lugubre perchée sur un piton. Des tourelles à corbeaux, des herses et des créneaux, des gargouilles monstrueuses. La Reine y vivait seule avec ses sangliers, ses loups et ses dragons. Les deux enfants enchaînés,...
Le Marais dans les yeux. Je traverse deux cours. Arrive à la porte. Sur la rue St-Antoine. L'Hôtel de Sully. Les cloches de Saint-Paul. La colonne de Juillet. Le pavement du trottoir. Direction la Bastille. Je retrouve le métro. Comme si je n'étais pas...
Il y avait des ados en Creepers et Chevignon . Bombers. Ou blousons Oxbow. C'était selon. Je ne venais pas au lycée avec mon 125. Marque Honda. Je venais en bus. Dont les chauffeurs connaissaient mes habitudes. A mi-chemin, au centre-ville, ils m'ouvraient...
A quatre pattes, je suis toute nue, et mes mamelles valdinguent entre mes membres, synchronisées avec les couilles en gouttes d'huile de ce connard qui me pilonne à l'arrière. A chaque coup de butoir, j'ai le petit contrecoup de ses bourses aussi moites...
Les Rois réunis au Campo Santo. Procession sous mes fenêtres. Pour me rappeler l'Epiphanie. Des parents, leurs enfants, suivant le flot. Puisque la cathédrale donne le ton. Sous l'oeil de ma lucarne. Tu partages ma vie comme d'autres fantômes et bien...
La pluie de douilles sur le sol. Dont le petit bruit métallique était couvert par les détonations à répétition. Les déflagrations continues au coeur de l'enfer d'une fusillade en public. Dans un nuage de poussière western, le tireur vidait ses rubans...
Il y a plusieurs choses qui se sont additionnées je pense. Le plombier d'abord, que j'attends depuis un mois et à qui j'ai finalement parlé au téléphone. Qui devrait venir vendredi matin me réparer le robinet d'eau chaude de la douche. Une interprète...
Aux rires de la petite fille, je sais que je ne suis pas bon à rien. La fille de mon ami d'enfance. Qui sait dire mon prénom pourtant difficile à prononcer. Nos yeux pétillent parce que nous avons trois ans tous les deux. Ou quarante peut-être. On fait...
Les touches poussent mes empreintes digitales en remontant. L'ivoire sur la peau. Lorsque mes doigts résistent un peu pour le plaisir. Je fais tonner des basses. Je caresse plus haut. Ne reste pas de bois. Je ne joue pas les autres. Je joue mes pulsations....
Une semaine sans fumer et c'est l'hiver qui part en cendres. Trois jours de pluie derrière nous, et l'eau commence à refluer. Le soleil revenu et les gens dans la rue sont sortis faire la fête. Je serpente dans le labyrinthe de la ville où la nuit estivale...
Je ne prends pas le temps de prendre un verre dans le placard. J'ouvre le robinet de l'évier et je bois. Je bois de l'eau. Au robinet. Comme à ces jours de gueule de bois où il faut se réhydrater. Je bois avec appétit, avec gourmandise, cette eau qui...
J'imagine volontiers ce que je ne vois pas de mes propres yeux. L'ouverture de la portière. La ceinture de sécurité. La clé dans le contact. Je ne suis pas dans la voiture. Mais j'ai l'odeur de l'habitacle. Le coup d'oeil dans le rétroviseur. Tu sors...
Le chanteur, en cabine, le casque sur les oreilles, reprend du début. Le studio est vaste, confortable, assez lumineux. Chose rare. Je suis derrière les tables avec l'ingénieur du son, notre hôte, et l'arrangeur de l'album. L'interprète semble transpirer...
J'ai compris quelque chose. A propos de la PMA. De la PMA et de la GPA. Si je n'avais aucune réserve à propos de l'adoption pour les homosexuels, j'en avais au sujet de la procréation, qui n'étaient, je le sais, que morales. Il ne s'agissait pas de réserves...
Ce n'est pas le bois qui craque dans une flambée. Mais bien l'eau qui crépite. Aux averses diluviennes de ce dernier virage. C'est un rituel que j'ai toujours connu. De l'hiver dilué aux soubresauts de mars. Depuis mon lit, j'entends le bruissement de...
Roberto Benigni étonnant dans Down by Law. Bien sûr, il m'avait bouleversé dans La vie est belle. Et je l'avais trouvé touchant dans ses interviews et apparitions télévisées, comme dans les soirées de récompenses, en France comme aux Etats-Unis. Mais...
Le corps en apesanteur tournoie dans les noirceurs. Comme aux fonds sous-marins il sombre dans le vide. Ignorant des bancs de poissons argentés, les volutes de méduses, et les splendeurs étranges d'une vie parallèle aux portes des abysses. Au hublot du...
La viande hachée dans la poêle. Mes nièces s'activent dans la cuisine. Tomates. Salade. Fromage râpé. Tortillas. Pour une soirée burritos. Le néon pris dans les poutres de bois, en hauteur, éclaire notre tablée. Elles ont la moitié de mon âge. Deux films...
Le décor de théâtre ne me raconte plus rien. C'est ainsi. Au silence d'après la fête. Maintenant que tout le monde est parti. Le rôle était si grand qu'il m'habite toujours. Ou alors c'est moi qui ne veux pas le quitter. J'essore les dernières forces...
Véronique Sauger
(spectacle des Estivales juillet 2000)
publication chez Soc&Foc 2012
Parolier / Discographie
Compilations
cinéma
spectacle café de la danse