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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 14:20

 

 

Les verres vides sur les tables de café au soleil.
Les bouteilles de Coca-Cola. Font des éclats.
Aux lumières rasantes. Aux lunettes de soleil.
C'est la mer qui scintille on dirait.
Est-ce qu'on jouit mieux des choses lorsqu'on est deux ?
Sur ma rampe gothique, c'est la nuit qui est tombée.
Le jour du changement d'heure. C'est ma nouvelle année.
Une date essentielle qu'il me fallait fêter. Seul ou accompagné.
C'est le point de bascule. Vers la saison solaire.
Une date pour moi bien plus importante que celle de mon anniversaire.
Avec celle du printemps. Qu'elle vient confirmer. La rampe vers l'été.
Quand il fait encore jour à l'heure du JT.
Avec mes potes les chats, j'erre dans les ruelles profitant de douceurs.
Que l'air du soir apporte après les fortes chaleurs.
Il me fallait marcher. Me dégourdir les jambes. Saluer mon tombeau.
Au Mont des Oliviers. Où le ciel se prêtait aux cours d'astronomie.
Est-ce qu'on jouit mieux des choses lorsqu'on est amoureux ?
Un fin croissant de lune, sur le dos, s'offrait à l'étoile du berger, un peu pâle,
il est vrai, comparée à la lueur effrayante de la station orbitale.
J'ai pensé à Tintin. L'étoile mystérieuse. Une odeur de fin du monde.
Dans ma ville déserte écrasée par l'espace.
Au lieu d'un premier baiser, j'ai fumé une clope.
Avec l'allure du gars qui sort le chien après dîner.
Ce que je sors c'est l'ombre de moi-même.
Et j'invoque le ciel pour me reconstituer.
La lune me sourit. D'un sourire inquiétant.

Je ne sais pas ce qui s'est passé.
Puisqu'à vrai dire, je ne sais pas ce qui se passe.
Le silence. La distance. Laissent bien de la place aux questions.
Que je refuse de me poser. Un soir de fête.
Quelque chose peut-être s'est cassé. Sans que je m'en rende compte.
Et peut-être saurai-je le fin mot bien assez tôt.
Egoïste pour égoïste - ai-je le choix ? - c'est moi qui m'occupe de moi.
Je me sors aux étoiles et au baume érotique d'un après crépuscule.
Est-ce qu'on jouit mieux des choses lorsqu'on est heureux ?
Que je rentre un peu tard ne gênera personne.
Je n'ai pas à me justifier d'un texto à quiconque.
Et, comme il fut entendu, en effet, je fais ce que je veux. Tu es libre.
Oui... Je le suis. C'est ce que me dit cette lune pincée. Toute mince.
Comme un dessin d'enfant sur les toits de St-Jean.
Libre d'être heureux ou d'avoir mieux à faire.
Ici je m'évertue à jouir de la matière.
C'est un vertige étrange de n'être attendu par personne.
De n'avoir aucun compte à rendre. Aucune obligation.
Se dire : je pourrais mourir là, maintenant, qui s'en rendrait compte ?
Au bout de combien de temps ?...
Cette idée me fait rire. Quand c'est la seule école.
L'école pour apprendre à mourir. Quand nous mourrons tous seuls.

L'escalier est superbe. Tranchant sur la muraille.
Je dois être philosophe. Accepter que tout a une fin.
Je l'ai vu de mes yeux à la mort de ma mère.
Je l'ai vu de mes mains à la mort des amours qui se sont succédé.
J'ai survécu à tout, même aux pires douleurs qui ne furent pas grand-chose.
Est-ce qu'on jouit mieux des choses lorsqu'on est ambitieux ?
Quelle est mon ambition ? Si ce n'est d'exister.
Mon but n'est que de vivre tant qu'on me le permet.
Le bonheur n'est une fin que pour les magazines.
On en vend les recettes dans toutes les librairies des aires de service.
Je suis prêt à souffrir si l'heure est au supplice.
Ce sera vivre encore. Mais d'une autre façon.
Faire les mêmes choses dans d'autres conditions.
Les voir différemment. Avec un regard neuf.
Je passerai mon chemin si je suis inutile.
J'ai pu faire mon temps. Je peux ne plus servir à rien.
Je dois être philosophe. Rien n'est indispensable.
Quand le monde tourne encore même avec tant de morts.
Je sais qu'il n'y a qu'à moi que je ne pourrai pas survivre.
Et en jouissant des choses, de la nuit, de ma ville, de la lune,
je peux bien accepter l'idée d'être oublié.

Je ne vis pas pour être aimé. Je n'écris pas pour être lu.
Je n'oblige personne. Ni à me lire. Ni à m'aimer.
Est-ce qu'on jouit mieux des choses lorsqu'on est vaniteux ?
Je réalise que je n'ai rien demandé à qui que ce soit.
Puisque, comble de l'orgueil sans doute, c'est ma seule politique.
On me prend. On me jette. Je continue ma route.
Qu'il est doux d'être seul au-dessus des marasmes,
débarrassé de cette peur panique qu'est celle d'être abandonné.
J'imprime à nouveau le décor des remparts.
Avec cette impression d'être passé ce soir pour lui dire au revoir.
C'est comme à Paris cette façon d'aller rue du Square Carpeaux.
Saluer les lieux où j'ai su être heureux, malheureux, peu importe.
Un lieu où j'ai vécu. Un lieu où j'ai été.
Il n'y a que toi qui sais si c'est l'heure du départ.
Je garde toujours en moi les gens que j'ai aimés.
Ils peuvent disparaître, ils ne s'éloignent pas, ne me quittent jamais.
Libre comme je le suis, je le suis de garder de nous deux le meilleur que l'on puisse.
Les souvenirs choisis de la fougue, du brûlant, de l'intense et du tendre.
Ces heures à regarder le regard l'un de l'autre. A s'y perdre. A s'y attendre.
Quand je te dois tant qu'il me semble impossible de rendre la pareille.
A la hauteur sans doute de ce que l'on doit à ses propres parents.
J'ai une dette envers toi aussi insurmontable.
Mes parents m'ont donné la vie. Et tu me l'as rendue.

Je pense au contresens d'une lecture ancienne.
Ce n'est pas à ma mère que je dois la magie de ce monde.
Mais à toi qui as su lui en donner.
Dieu qui peut revendiquer cette oeuvre que tu as rendue parfaite.
En effet. Je confirme et je signe. Même si tu dois me jeter.
Jamais je ne pourrai te rembourser le ciel, la terre, le vent, la mer, et l'univers entier.
Tout ce que tu as réveillé en moi, peut-être malgré toi, et le bonheur adulte.
Et je peux bien entendre n'avoir pas su donner tout ce bien en retour.
Quand j'ai toujours été inquiet, désireux de comprendre ce que diable
je pouvais t'apporter d'équitable.
Si vingt lunes suffisent, la première pour moi était inespérée.
A la seule rencontre, tu avais déjà ma reconnaissance éternelle.
Sans demander mon reste. Je n'aurais pas osé songer un seul instant à un seul lendemain.
Quand j'étais déjà redevable pour un coeur réanimé et le désir revenu dans mes veines.
Je l'ai dit, chaque fois, j'acceptais des bonus, semaine après semaine.
Sur mon chemin de ronde, au sourire de la lune, je prépare mes affaires.
Est-ce qu'on jouit mieux des choses quand on est courageux ?
Je m'endors avec toi. Et le bien que ça fait.
Quand je n'ai d'autre choix d'être encore égoïste.
Sans savoir ce qui se passe. Ou ce qui s'est passé.
Fin prêt à parer à toute éventualité.
Avec en moi cette révélation ou vieille certitude qui me crève le ventre.
Que jouir ne présente qu'un bien maigre intérêt.
Et que jouir ne vaut pas de pouvoir partager.


  

 

Philippe LATGER
Mars 2012 à Perpignan

 

 

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