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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 15:32

 

 

Oh oh... Qu'est-ce qui m'arrive ?...
Cela s'était fait attendre. Mais c'est de retour on dirait.
Longtemps que ce n'était pas arrivé. Trop longtemps.
Avec l'expérience du vieux routier que je suis devenu,
j'ai su tout de suite de quoi il s'agissait.

Ok, il était convenu de nous retrouver dans le quartier.
J'ai passé l'âge d'avoir le trac pour ce genre de choses.
Pourtant... eh bien, oui. Je l'ai eu. Une heure avant l'heure...
Pouvais-je désirer la personne avant même de la rencontrer ?
Soit. Disons que je désire le désir. Comme d'autres aiment l'amour.
Et j'avais hâte de savoir si j'allais être déçu. Et je ne l'ai pas été.
Ce que ces besaces peuvent être pratiques.
C'est un peu mon cartable. Ou mon attaché-case.
Mais ce soir, ce n'est qu'un vulgaire accessoire de mode.
Des lunettes de soleil pour sortir le soir. Quand il n'y a plus de soleil.
Qu'il fait déjà nuit. Pour se cacher. Pour se donner une contenance.
Certes, ça donne un air important, ou occupé, et ça habille la silhouette.
Ce soir, il n'y a rien dans ma besace. Des clopes, un portable et des clés.
En fait de cartable, c'est un sac à main. Porté très bas, contre la hanche.
La longueur de la sangle fait que ça tape sur les fesses. Fouette cocher.
Ainsi, je ne marche pas vite pour avoir gardé une foulée de Parisien
mais pour être cravaché comme un vieux canasson par mon propre sac.
Je n'imaginais pas qu'il puisse à ce point m'être utile. Qu'aurais-je fait sans lui ?
La situation était gênante. Et la sacoche m'a servi... de paravent.
Je marchais à ses côtés, écoutant sa voix, regardant le sol et le ciel et le sol,
et j'ai fait semblant de chercher quelque chose dans ce sac providentiel.
A la bonne longueur, en le plaçant devant, pour dissimuler mon érection.

Des cigarettes bien sûr ! Voilà ce que je devais chercher d'urgence.
J'ai pris une cigarette que j'ai allumée, laissant pendre le cache-sexe de circonstance.
Mon jean n'est pas spécialement moulant, mais je ne pouvais pas prendre le risque.
Ce volume indécent me gênait dans ma marche et menaçait de me trahir.
Un passant l'aurait remarqué. Aurait ri ou se serait offusqué.
Et par trois fois, le temps de cette conversation dans les rues de Perpignan,
côte à côte, à sentir la peau de ton bras nu effleurer la peau de mon bras nu,
j'ai dû faire coulisser le sac d'urgence sur le ventre pour saisir une nouvelle cigarette.
Tu as dû penser : " Ce garçon fume beaucoup ". Ce qui est vrai. De toute façon.
Ce qui était mieux que : " Mais... mais... " Ce garçon me manque de respect !
Il m'arrive parfois, à New York ou Barcelone, et surtout dans ces deux villes,
de bander pour un rien, au cours de promenades urbaines, stimulé j'imagine
par l'énergie du lieu, par sa beauté et sa puissance, un ensemble de choses
indépendantes d'un sourire ou d'un regard en particulier.
Je ne bande pour personne. Ou pour tout le monde à la fois.
Un état de bien-être s'il en est, aidé probablement par un jeu mécanique
de frottements agréables et de température.
Je dois dire que ça ne m'était jamais arrivé à Perpignan.
Et, pour être honnête, avec tout l'amour que j'ai pour ma petite ville chérie,
ce ne pouvait être la conséquence de son énergie, de sa beauté et de sa puissance.
Mais celle d'un ensemble de choses tout à fait dépendantes, précisément,
d'un sourire et d'un regard en particulier.
Les tiens.

Il fallait que je me concentre. Que je me contrôle.
Ce n'était quand même pas la première fois de ma vie que je désirais quelqu'un.
Je savais parfaitement gérer ça. J'avais appris. Comme j'ai appris à séduire.
J'ai su poser des questions. Ecouter les réponses. Et même te faire rire.
Tout en fumant innocemment mes foutues cigarettes.
Une magnifique soirée. De celles où l'on sait qu'il s'est passé quelque chose.
Et je ne me contente pas ici de faire allusion à trois misérables érections.
Je pense aux échanges souterrains comme aux échanges intellectuels.
Et à ces chapelets de " Ah ? Toi aussi ? " et " Ben ça alors ! Comme moi ! ",
qui sont toujours parfaitement exaspérants et grotesques vus de l'extérieur.
De ces soirées où il n'y a pas à galérer, à ramer comme un diable,
pour trouver le bon mode de communication et le bon sens de l'humour.

Tout s'est fait naturellement. Tu l'as dit toi-même :
" C'est toujours bizarre la sensation de connaître depuis longtemps
une personne que l'on vient à peine de rencontrer. "
Et une envie de fumer se fit pressante.

La silhouette d'abord, portable à l'oreille, pour nous localiser comme des aveugles.
La cabine téléphonique. Ok. Je sais où elle est. Juste derrière moi.
Nous n'étions qu'à quelques mètres. Et j'ai été propulsé à l'autre bout de l'univers.
J'ai dû défoncer des centaines de murs et de cloisons sans m'en rendre compte.
Le souffle d'une explosion. La matière pulvérisée.
Pourtant, j'arrivais à avancer, l'air de rien. Vers toi. Sourire pub de dentifrice.
Voilà. Ce sourire. Je le connais. C'est celui que le désir m'inspire. Automatique.
Stimulus / Stimuli. Avant même de sentir ton parfum à l'approche de ton corps.
Ok. Je ne maîtrise plus rien. Je suis réduit à la condition animale. Aux bas instincts.
Mon degré de civilisation se résume à ce seul manège, bien étrange, de la sacoche.
Mon niveau d'éducation, d'études, de connaissances anthropologiques,
ne peut manifestement plus lutter contre la chimie. Alors fumons.

Evidemment, en apprenant à me connaître, j'ai découvert au fil du temps
que j'étais très attiré sexuellement par deux choses : l'intelligence et le talent.
Evidemment, compte tenu que tu as les deux... deux paquets n'étaient pas de trop.
Il faut admirer pour désirer. Et je t'admire au plus haut point. Eperdument.
Je sens que tu passes une bonne soirée. Je ne te connais pas, mais je le sais.
La soirée se prolonge. Nous n'avons pas envie de nous séparer. Mise en bouche.
L'apéro qui s'éternise. Aller dîner pourrait briser quelque chose. Doucement.
On picore nos tapas en terrasse. On profite d'une soirée d'été. L'ouverture.
On se quitte parce qu'il faut bien. Et je veux croire que c'est le début.
Quelque chose dans ton sourire me dit que tu veux le croire aussi.
Il semble acquis que nous allons nous revoir. Parce que nous en avons envie.
Et nous nous sommes jetés sur une opportunité évidente, une raison imparable.
Bien sûr. C'était tout trouvé : il y avait cette occasion tout à fait innocente
mais bienvenue, comme programmée ! Dans trois jours. Et je me suis sauvé.
Et j'ai envoyé un texto. Pour dire des trucs débiles. Te remercier je crois.
Et tu m'as remercié. Et je te remercie de m'avoir remercié de t'avoir dit merci.
Quand j'ai envie de t'embrasser pour te remercier de m'avoir remercié.
Le mot plaisir est revenu. Je l'ai vu passer comme une caresse. Voluptueuse.
Et ne me reste qu'à saisir une nouvelle cigarette.

Dans trois jours. On échange le lendemain. Oui. On se voit dans deux jours.
Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Je sais très bien où je mets les pieds.
Je sais d'avance ce qui va se passer. Je ne sais rien de l'histoire.
Je ne saurais prédire ce qui va arriver, disons... factuellement. Encore heureux.
Je sais juste d'avance que je vais en chier. Que je vais être malheureux.
Considérant que le bonheur est bien cheap. Qu'il est plutôt ennuyeux.
Et qu'il faut toujours choisir entre être heureux et être amoureux.
Eh bien ok. Je me suis assez ménagé comme ça. Je suis prêt.
On a bien profité des tapas. On a refermé la porte du toril. Here we go.
Quoi qu'il arrive à l'épisode 2. Dans deux jours. Ou dès demain.
Je suis déjà foutu. Pris au piège. Et heureux de l'être.
Mon côté maso j'imagine...


 

 



Philippe LATGER
Juillet 2010 à Perpignan

 

 

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