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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 17:30

 

 

Dans la dune ensablée d'une plage salée,
de sa peau endiablée le grain s'en est allé.
Dans la lune esseulée d'un ciel noir tourmenté,
son regard décelait des chagrins éventés.
Il marchait droit, debout, dans le sable léger.
De Leucate à Port Bou, de l'écume il neigeait.
Si ses pieds s'enfonçaient, il partait, décidé,
vers les vagues froncées, comme un noble équidé.
Et le nez dans le vent, les cheveux en volées,
le menton en avant, le front auréolé,
comme un fou sous la pluie, sur un terrain miné,
il régnait sur la nuit et la mer dominait.
Et de ses yeux perçants, il narguait sans trembler
les rouleaux menaçants, les foudres rassemblées
des éléments furieux, la tempête enragée !
Un sourire curieux semblait s'en dégager.
Il ouvrit grand les bras, comme un prêtre damné,
l'horizon célébra, le matin condamné.
Et dans la turbulence, un brin de puberté.
Tout ivre de violence et d'autres libertés,
quand les embruns en gerbes fusaient pour l'honorer.
Certes il était superbe. Qui eut pu l'ignorer...
La blancheur de ses dents en un rire éclatait.
C'est à corps défendant que mon coeur dilatait
les veines du désir, et la peur de plonger
dans un obscur plaisir revenu me ronger.
Le gouffre dessiné, je n'ai rien empêché
tant j'étais fasciné, captivé, éméché.
Ravi, tourbillonnant, exalté, élancé,
fougueux, papillonnant, il me faisait danser.
Perplexe et étourdi, j'essayais d'observer,
les membres engourdis et le coeur réservé.
La nuit comme manteau, ses mains en bracelets,
l'amour sur mes linteaux, j'étais ensorcelé.
Pression sur mes poignets de ses doigts énervés.
Et la peur s'éloignait. Mon bonheur on servait.
Dans le chaos du ciel, les étoiles cachées,
de feux artificiels nos pupilles tachaient.
Dans la lune esseulée d'un tableau tourmenté
son regard décelait des chagrins éventés.
C'étaient les miens alors qui par le vent chassés,
s'enfuyaient de mon corps, par la joie remplacés.
La tempête dehors faisait rage dedans.
La surprise du sort était l'or évident.
Il a su voir en moi le désespoir usé,
le cynisme et l'émoi qui partaient en fusées.
Tout était déchirant, lumineux, violenté,
nébuleux, délirant, dans nos âmes hantées.
Un appel si puissant des aveux réclamait.
Nos yeux incandescents un amour déclamaient.
La nature épousait nos esprits enlisés.
Communion qui cousait une mer défrisée
aux cieux noirs démontés, tissus mouvementés.
Hurlements éhontés d'un typhon enchanté,
de bourrasques cinglées, du vent marin piqué,
qui venait épingler nos voeux sophistiqués.
Tout volait en tout sens. Tous les sens survoltés.
L'existence et l'essence venaient se révolter.
Du sel sur notre peau les visages tannait.
Pas un brin de repos dans l'air instantané.
Sur mon torse frileux ses bras se resserraient.
Et mon trouble bileux dans le sol s'enterrait.
J'étais au Paradis. A l'Enfer enlevé.
Je retiens ce jeudi où j'ai été sauvé.
Mes fers il a levés, dans la nuit déchaînée,
par la grâce rêvée, de quinze ans mon aînée.
Sous son désir pressant, à terre j'ai roulé.
En moi le goût du sang. Ses odeurs me soûlaient.
Dans nos ébats, parbleu ! nous semblions tout noués,
comme des algues bleues sur la grève échouées.
La mer dans sa fureur nous avait rejetés
sur le sable en chaleur d'un orage d'été.
Nous nous aimions enfin, en toute impunité.
L'appétit et la faim sont notre immunité.
En confiance j'étais, et en sécurité.
A lui je me donnais, nu dans l'obscurité.
A ce prince radieux pouvais-je résister ?
J'ai adoré mon dieu pour me faire exister
La promesse bénie de cette nuit glacée
me brûle quand je hennis comme un cheval blessé,
retient soudain mes mors quand vers lui je courais,
me fait craindre la Mort quand pour lui je mourrais.
Longtemps après, j'avoue, j'entends le vent siffler,
la mer qui se dénoue et nos corps essoufflés.
Peut-être j'oublierai dans des milliards d'années
ces instants vénérés sur la plage à Canet.
Il semblait si parfait, si sûr de lui, si vrai,
impérieux, assoiffé, le bon grain et l'ivraie,
dur tant que vulnérable, hésitant mais dressé,
précieux et adorable, très précis et pressé,
pur et vil à la fois, ange et démon mêlés,
habile et maladroit dans ses gestes zélés,
que je ne pourrai pas son visage effacer,
de son rire l'éclat, les pulsions enlacées,
ses yeux indéfinis, ses muscles contractés,
sa voix dans l'infini, toute sa voie lactée.
Si je l'aime toujours, c'est pour m'être écouté
à compter de ce jour où la mer s'égouttait.
Dans la dune ensablée d'une plage salée,
de sa peau endiablée le grain s'en est allé.






Philippe LATGER
Octobre 2001 à Toulouse

 

 

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