Entre deux. Je ne suis plus conscient de mon corps.
Je flotte de fatigue. Je dérive lentement.
Je sens l'éloignement s'enrouler dans le poil de mes jambes.
Le dos dans les oreillers. Les yeux fermés. Je me disloque.
Le courant d'air est aussi chaud que mon lit bien trop moite.
Ma peau luisante. Une main ouverte remonte à l'intérieur de ma cuisse.
Je sens le sang affluer dans les zones sensibles. A la caresse ou au supplice chinois.
De ces doigts qui réagissent à ma peau qui frissonne et devient chair de poule.
Dans cette chaleur tropicale étouffante qui enfle les veines de mon cou, de mes tempes.
Sur mes pieds, les mollets, les genoux, le vent de l'extérieur s'est frayé un chemin.
Plus frais que l'air ambiant. Le contraste est saisissant. Agréable. Erotique.
La main hésite. Cherche un moyen de s'arranger du tissu d'un caleçon,
qui me caresse soudain avec elle, me touche tout ce dont elle ne s'occupe pas.
Le corps spongieux qu'elle saisit se gorge de sensations toujours aussi étranges.
Se dresse entre ses doigts qui l'encouragent. Et bientôt, sa croissance est telle
que la main donne de l'envergure à des mouvements réguliers qui l'accompagnent,
puis semble chercher à m'arracher ce pieu planté dans mon ventre, et ses racines avec lui.
Dans leurs ramifications dont je prends conscience dans l'aine, sous mes abdominaux,
et dans mes testicules que la main roule l'un contre l'autre avec mille précautions,
avant de revenir à la branche qui vibre, dont la sève prend racine jusqu'aux derniers orteils,
comme si le flux remontait toutes mes jambes, convergeait de tous mes membres,
avec la rage du fleuve dans les rapides, prête à faire exploser l'écorce de mon tronc.
La main perverse relâche sa prise, désamorce soudain l'éruption annoncée,
me laissant pantelant, à deux doigts de perdre tout contrôle, me laisse reprendre mon souffle,
mes esprits, et je me tords à sa progression crapuleuse qui effleure mon torse avec lenteur,
vient titiller des tétons érectiles pleins d'électricité, et l'irradiation se propage alentour
et j'ai comme des fourmis que la main se décide à broyer en malaxant mes muscles.
Elle palpe l'un de me pectoraux quand une autre revient pétrir mon sexe avec acharnement.
Les yeux fermés, toujours, je sens qu'on m'écarte les cuisses pour se faciliter la tâche,
quand une chose nerveuse et d'humide vient me mouiller les lèvres et me forcer la bouche.
Une langue que je ne refuse pas s'active frénétiquement dans ma cavité buccale
quand la mienne se met en mouvement pour l'appuyer, la chercher, l'enduire de salive,
alors qu'une troisième main me masse le bas-ventre, qu'une deuxième bouche s'invite
à ce baiser qui me fait perdre pied, dans lequel je bascule, à ne plus savoir qui fait quoi,
combien nous sommes, et je deviens un corps, un mélange de corps non identifiés,
lascifs, déterminés, et je deviens ma queue qu'une nouvelle bouche se plaît à honorer,
se délectant du liquide séminal à peine citronné qui perle à mon méat et coule sur mon gland.
Je ne sais plus qui je suis. Si ces mains sont les miennes, si c'est encore mon sexe.
Ecumant... Lorsqu'une sensation humide, onctueuse, insupportable, prépare l'aspersion
du foutre, à son geyser, la colonne de lave qu'on ne peut contenir à tant de voluptés,
qui éclabousse dans un râle et des spasmes nerveux tout ce qui est sur son passage,
et peut pleuvoir partout en pluie d'après l'orage pour l'étaler surtout où il ne sert à rien.
Juillet 2013 à Perpignan