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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 03:45

 

 

" Qu'est-ce que c'est ?...
- Regarde.
- Wow. Fantastique les enfants, regardez !
Une nouvelle version de Pierre et le Loup ! Génial ! Qu'est-ce qu'on dit ? "
Et, tous ensemble : " Merci Parrain ! "
" Non, regarde Alexandre, le fou, c'est en diagonale. Tu vois ? Comme ça. "
Tatie Geneviève arrive à son tour, avec un panier du jardin. La fête est à son comble.
Elle annonce le contenu : aneth, fenouil, roquette, chou-rave, radis...
Il semble clair que la partie d'échecs est terminée. Je remballe en riant.
Un clin d'oeil pour remercier le parrain de mon fils.
Qui a rejoint sa mère et sa tatie avec une flopée de cousins côté cuisine.
" Comment tu vas ?... "
Tu me demandes cela sur ce ton qui exclue la formule d'usage.
Je sais à ton regard que c'est une vraie question.
" La maison est pleine de gosses. Il fait beau. Tu es là.
Alors je vais bien. "

La maman d'Alexandre s'en va en Amérique.
Et veut l'emporter avec elle. L'inscrire à l'école dans le New Hampshire.
Je t'avais envoyé un simple texto. " Laurence demande le divorce. "
Je ne savais pas en l'écrivant si je révélais une bonne ou une mauvaise nouvelle.
Tout le monde fut surpris quand nous nous entendions apparemment à merveille.
On m'a demandé si je l'étais moi-même.
Répondais, sibyllin, que je l'étais qu'elle le fasse si tard.
Le mariage était son idée. Sa condition pour être plus précis.
Tu t'étais moqué de moi à l'époque. Je l'ai fait pour le petit.
Il est beau. Il est vif. Et il va m'arracher le coeur pour l'emporter avec lui.
" Tu pourrais t'y installer.
- Quoi. A Manchester ?
- Que tu écrives ici ou là-bas. Quelle différence ?
Installe-toi à New York. Ou à Montréal. Pour te rapprocher.
- Tout seul ? Tu es sérieux ? Pour me rapprocher, tu es sûr ? Ou m'éloigner ?...
- Te rapprocher de lui. Tu sais bien. "
Emilie, sa cousine, était furieuse, voulait déclarer la guerre à Laurence.
Elle avait fait irruption un soir à la maison, bouleversée, quand elle a su ses intentions.
Elle ne me conseillait pas de me battre pour la garde d'Alex. Elle m'ordonnait de le faire.
Pour son bien. Parce qu'il avait grandi ici. Que nous étions tous ici.
Qu'un juge le comprendrait. Que je n'avais qu'à faire valoir mes droits.
Sa fille avait l'âge d'Alexandre. Nous avions constitué une joyeuse tribu.
" C'est sa mère... avais-je répondu sobrement.
- Et nous sommes sa famille ! argua-t'elle du tac au tac.
Fais-le pour lui si tu ne le fais pas pour toi. Qu'est-ce qu'il va faire, tout seul, en Amérique ?
Est-ce que quelqu'un seulement lui a demandé son avis ? "
Alexandre en changeait sans cesse au gré des arguments présentés.
Il voulait partir avec maman. Ne voulait pas laisser papa. Voulait rester ici avec papa.
Ne voulait pas que maman le laisse. En fait, il en avait un parfaitement arrêté.
Papa et maman. Tout. Sauf avoir à choisir.

C'était la flûte traversière de l'oiseau. Le hautbois du canard.
Ou non. Plutôt le basson du grand-père qui lui plaisait le plus.
Quant au final, autant vous dire que nous l'avons entendu une fois et une autre.
Laurence n'aimait pas nous le laisser. Mais nous l'avons emmené quand même.
Tous les deux. A l'auditorium du Conservatoire. Perrault et Ravel. Un même spectacle.
Avec les Percussions Claviers de Lyon. Alexandre adore la musique.
Les instruments de musique. Il était fou de joie.
Nous avons rejoint ta femme et tes enfants qui rentraient de chez leurs grands-parents.
Chez vous. Passé un excellent après-midi. Les gosses ont joué ensemble.
" Tu sais que tu peux compter sur nous. Quoi que tu décides.
- Allez Alex, tu fais la bise ? Il faut qu'on rentre maintenant...
Oui mon vieux. Je sais. Je n'oublierai pas. "
Evidemment, Alexandre n'avait pas envie de partir. Il râlait. S'énervait. Protestait.
Et comme la crise de larmes commençait à monter toute seule.
" Allons mon grand, les garçons vont devoir passer à table,
il faut que nous les laissions manger tranquillement, et tu dois avoir faim aussi.
Je suis sûr que ta tante nous a trouvé encore plein de légumes bizarroïdes... "
Pas très convaincu, il dit au revoir à tout le monde, le coeur chagrin.
" On les invitera d'ailleurs, dans la semaine, à venir en manger avec nous à la maison. "
Tu me fais un signe de la tête qui dit veut dire oui.
" Hier, c'était des pâtissons farcis... fis-je en écarquillant les yeux comme pour vous prévenir.
Je découvre avec lui. Nous allons chaque jour de surprise en surprise. "
Je me demandais s'ils faisaient pousser des artichauts d'Israël. Là-bas. Dans le New Hampshire.
Alexandre n'a pas trouvé ça bon mais a apprécié quand même concédant que c'était très joli.
Le chat est venu s'enrouler dans nos jambes sans l'accompagnement d'une clarinette.
Geneviève, fidèle au poste, nous avait préparé un dîner de derrière les fagots.
Laurence devait passer le chercher à onze heures.
Dans une tempête de neige comme on en trouve aussi bien en Nouvelle Angleterre
que dans les campagnes russes de Prokofiev
et où l'on ne sait plus très bien qui de nous deux est le loup.

 

 

 

Philippe LATGER
Mars 2012 à Perpignan

 

 

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