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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 17:24

 

 

Pourquoi écrire des histoires ? Quand d'autres le font mieux que moi.
Pourquoi écrire les mêmes actions, encore et encore, après Homère, Shakespeare et Cervantes ?
Traveloter une autobiographie en fiction ? Pour se planquer derrière ? Pourquoi ?
Par fausse pudeur ? Quand nous sommes incapables d'être autre chose que nous-mêmes ?
Ce qui est singulier, c'est moi. Sans savoir si c'est bien. Sans savoir ce que ça vaut.
Mais c'est ainsi. C'est la magie des gènes. Chaque individu est un être unique. Et c'est vertigineux.
Quand nous sommes 7 milliards, sans compter les générations qui se sont succédées,
à travers les siècles, à travers les millénaires, et qu'il n'y a pas deux humains identiques.
Mon originalité, c'est mon ADN. Et c'est le parcours que j'essaie de dompter.
Ce ne sera pas un style révolutionnaire. Ce ne sera pas des histoires qui deviendront des classiques.
Ce sera ma façon d'essayer d'exprimer la confusion de tout ce qui me traverse.
Pas de grandes épopées en 20 volumes. Pas de fresques historiques à adapter à Hollywood.
Juste les errances obsessionnelles d'un garçon qui essaie de comprendre ce qui lui arrive.
Je suis ma singularité. Avec mon patrimoine. Génétique et culturel. Je n'ai rien d'autre à vendre.
Pas d'intrigues bien troussées, avec d'habiles coups de théâtre. Pas de thrillers à couper le souffle.
De romans policiers bien construits. Pas plus de révélations intellectuelles ou philosophiques.
Dans un conte ou un essai qui marquerait l'époque. L'entreprise est vaine. Me paraît vaniteuse.
Quand je ne juge pas ceux qui tentent leur chance, et que je rends hommage à ceux qui réussissent.
Les auteurs antiques ont déjà fait le tour de la question avant nous. La condition humaine.
Quand d'autres, au fil du temps, ont apporté les stigmates de leur époque. Des variations.
Complétant peu à peu le puzzle de l'humanité. La mosaïque. Comme autant de conquêtes.
Comme autant de témoignages de ce que nous sommes.
Je me contenterai de rester à ma place. Assumant mon égocentrisme. Narcissisme peut-être.
A parler de ce que je connais. Quand mon but est toujours d'être le plus précis possible.
A décrire l'impression plutôt que l'évènement. Saisir la sensation à la place du fait.

Monique prend son bus. Et c'est très bien. Elle présente son titre de transport. Excellent.
Elle va s'asseoir et rêvasser contre la vitre, aux immeubles qui défilent et semblent habités.
Nous sommes à Strasbourg, à Paris. Peu importe. Monique est chinoise. Et elle fut adoptée.
Il y a beaucoup à dire sur ce qu'elle éprouve pour ses parents. Et pour l'homme qui a abusé d'elle.
Comme pour ce gentil pianiste dont elle est amoureuse mais qui préfère les garçons.
Je ne sais pas faire ça. Je n'ai pas de constance. Et j'avoue ma paresse.
Quand en parlant de moi je parle de Monique. Aussi sûr que je parle de tout ce qui est humain.
Je n'ai pas je suppose à présenter d'excuses, à parler de ma vie quand je n'en dis pas grand chose.
Quand ce qui paraît impudique, suffisant ou exhib, est une façon de me mettre à distance.
Pas pour me contempler ou me faire valoir. Mais pour me reposer de vivre avec moi-même.
Pour sortir de mon corps. Respirer à côté. Quand écrire est d'abord un biais pour s'échapper.
Je n'ai pas d'autre matière que celle de ce monde. Celui que je découvre. Dans lequel j'évolue.
Je suis dans mon époque. Un lieu géographique. Un contexte social. Qui donnent tous à dire.
L'auteur, quoi qu'il fasse, parle toujours à la fois de lui-même et des autres.
Aussi vrai qu'il parle toujours de lui, dans les méandres d'une fiction, et de faits romanesques,
il parle toujours des autres et du monde, dans la présumée branlette de l'autobiographie.
Croyez-moi, on se branle aussi bien à manipuler des personnages fictifs. C'est même plus pervers.
Et je serai le dernier à condamner quiconque prend du plaisir à la masturbation.
Comme aux perversions qui ne nuisent à personne.


 

Philippe LATGER
Novembre 2011 à Perpignan

 

 

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commentaires

M
Je partage beaucoup des idées exprimées dans ce texte. et j'apprécie votre honnêteté lorsque vous analysez votre démarche d'écriture.<br /> Dans cette description de ce qui vous pousse à écrire, croyez-moi, d'autres se reconnaîtront, qui écrivent aussi pour se mette à distance et se " reposer de vivre avec [eux-même], pour "sortir de<br /> leur corps et respirer à côté "<br /> Vous avez raison, le "je", s'il paraît d'abord narcissique, renvoie toujours au "nous".<br /> et " l'auteur, quoiqu'il fasse, parle toujours de lui-même et des autres ". Par l'expression de son intimité, et même avec impudeur ( et vive l'impudeur ! ), on peut rejoindre l'universel.
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