Une suite à Biarritz. A Lisbonne ou ailleurs. Evidemment.
Toutes les options sont possibles. Rien ne saurait empêcher un élan.
Quand les lieux ne sont pas des endroits mais l'envers d'un instant.
C'est le temps qui nous situe. Quand l'espace ne dit rien.
Que celui où je suis est un tournant sensible. La croisée des chemins.
Et que le courage, s'il m'en reste, sera encore de choisir.
Etre heureux n'est sans doute pas un but. Ce ne peut être qu'un effet.
Je sais qu'on peut l'être au choix de la torpeur, du chaos ou de la destruction.
Au plaisir de la fuite. A celui de l'oubli. De la mutilation.
Préférer au tatouage la scarification.
Les vies que l'on peut vivre s'imaginent sans cesse, peuvent être rêvées.
Participent à celle que l'on construit sans penser à construire.
Que l'on vit malgré nous, aux faits comme au réel, au temps qui nous échappe.
Les choix qui se succèdent, ceux que l'on ne fait pas, font partie du voyage.
Tout ce que l'on a fait, que l'on aurait pu faire. Nous sommes faits de tout.
De nos actes d'abord. De ceux qu'on a manqués. De ce que l'on espère.
Les désirs souterrains, brûlants, inassouvis, nous constituent autant que ceux que l'on étanche.
Quand ce sont les premiers qui nous tiennent, en haleine et debout, et nous font avancer.
A Lisbonne j'ai vu des brumes de faïence. De fados déchirants. De fritures amères.
Où je sentais rôder, la mort, la défaillance. Où je risquais ma peau pour la tendre aux chimères.
L'océan en brouillards jusqu'à la côte basque. Qui n'est pas mon côté mais la fin de mon monde.
Je pourrais revenir au bord du continent. A cet instant étrange où la terre devient plate.
Quand je suis déjà au sommet de falaises, contemplant des abîmes qui pourraient m'attirer.
Vous invitent à plonger. A sauter. A sombrer. De leurs beautés ingrates.
De promesses incertaines et d'illusions perfides qui me font délirer.
Le courage n'est jamais que le fait de trancher.
Le soleil sur la place me remet à la mienne. Il me visse à celle du présent.
Me cloue à la seconde où je m'en aperçois. Descendre dans l'arène de ma ville amorale.
Où je peux me frotter aux moindres abstractions et à l'indifférence.
Aux désirs trop pressants, je peux me masturber. Et passer mon chemin devant la cathédrale.
Libéré de démons qui n'ont d'autres fonctions que venir nous tenter. Je les salue bien bas.
Je leur dis à bientôt. Peut-être à tout à l'heure. Et souris à l'idée que je ne les déteste pas.
Lisbonne est dans mes rues si j'ai envie de Tage. Je sais que de fantasmes, je ne suis pas l'otage.
Quand c'est moi qui les tiens, captifs, à ma merci, en fais ce que je veux en bon maître d'ouvrage.
Je peux les invoquer pour me téléporter. Et les faire disparaître quand l'instant me suffit.
Celui qui se révèle à la chaleur du jour, au ciel bleu désarmant, qui m'écrasent ensemble
à la place où je suis, ravissant et ravi, quand j'aime autant séduire que ne pas décevoir.
Voilà bien deux forces contraires auxquelles on se déchire.
J'avance sur le fil, mes rêves en balanciers, du chemin que je trace.
Je vis ce que je peux. J'inventerai le reste. Ecrirai les douleurs
de mes choix courageux.
Philippe LATGER
Mai 2012 à Perpignan