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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 13:13

 

 

 

 

Maria

 

 

 

 

 

 

 

Une Star des Années Cinquante.
Une actrice hollywoodienne,
égyptienne peut-être,
méditerranéenne sans doute,
Ava Gardner aux arènes
pour acclamer Luis Miguel Dominguin.
Le charbon du regard,
la noirceur étoilée des nuits d'août,
qui crépite entre les parasols résineux de la pinède,
l'austérité de la Castille,
aride et rocailleuse,
la cambrure d'une Espagne,
fière et superbe.
Si tu es une étoile,
tu es d'abord une Sainte.
Et tu portes le prénom de la plus illustre,
pleine de grâce.
Si des mystères ont entouré ton histoire,
si Maman a toujours balayé nos inquiétudes d'enfants,
à te voir vivre sans mari,
à te voir vivre sans homme et sans avoir fondé de famille,
Maman nous répondait justement, que nous étions tous celle-là.
Si tu n'as pas mis au monde,
tu as materné tes benjamins,
toute la fratrie et ses descendances,
neveux et nièces,
comme tes propres enfants.
Petit garçon, à mes yeux,
cette situation n'avait pas l'ombre d'une bizarrerie,
tant ton dévouement et ton amour emplissait tout l'espace.
L'argument de Maman suffisait à tout expliquer et le sujet était clos.
Tu as épaulé Maurina de la Hoz,
née Balbuena,
la Mama,
élevant comme une deuxième maman le petit Ambrosio.
" Petit, il était blond comme les blés ! "
dis-tu encore les yeux étincelants d'émerveillement et d'orgueil légitime.
" Il était beau... "
Ta famille, tu l'avais déjà.
Je l'ai compris enfant,
en décelant que Maman
ne te considérait pas seulement comme une soeur.
Entre toutes les femmes,
tu étais le maternage absolu,
l'abnégation incarnée,
le don de soi.
Des choses que bien des mères peuvent t'envier.
Parce que tu n'étais pas qu'une soeur pour Maman,
pour moi, c'est logique,
tu n'étais pas seulement une Tante.
Si le terme de Sainte t'embarrasserait,
dans ton humilité agacée,
la Vestale du Temple veille en toi.
En plus de mon Parrain d'abord,
puis de son fils Frank qui lui ressemble tant,
qui n'est pas pour moi qu'un cousin,
pour être aussi un ami,
tu t'es occupée du foyer,
le vaisseau-mère,
l'unité centrale,
le cercle d'Aravoth,
Route de Fronton.
Cette maison singulière,
aux briques rouges et aux grilles noires,
avec son grand portail grinçant,
ses énormes bouquets d'hortensias,
et les flocons de fleurs du cerisier,
dont tu cueillais les fruits chaque année pour nous en régaler.
La lumière basse dans la cuisine qui sentait le savon,
où tu trônais en hôtesse,
faisant cuire ces morceaux de viande qui me faisaient saliver,
ou décorticant de tes doigts noueux l'écorce d'une orange.
Les conversations jusque tard dans la nuit me fascinaient.
Esteban " montait ",
il venait faire la bise.
La Mama était déjà devant la télévision hurlante,
dans la chaleur feutrée du canapé, au bout du couloir.
Votre voisin éclairait son passage d'une bonne humeur constante,
dissimulant toujours ses inquiétudes,
pour partager de bonnes blagues et des éclats de rire.
Le front plissé, ses sourcils en accents graves
sur des yeux rieurs et malicieux,
façon Richard Gere dans Cotton Club,
était l'aîné de la tribu.
C'était la fête.
Tout le monde parlait en même temps.
De formule 1, d'Yves Montand ou de Bernard Tapie.
De Robert Mitchum et de Steve McQueen.
Le parquet ciré craquait sous nos patins.
Au bout du couloir,
dans la sombre salle à manger,
le tapis, sous la table, allait m'accueillir de tout mon long.
Alignées sur le canapé, Mémé, Maman et toi,
allaient regarder le film d'un ciné-club ou cinéma de minuit.
Allongé à vos pieds,
j'ouvrais de grands yeux émerveillés
sur Elizabeth Taylor et Richard Burton,
sur Vivien Leigh et Clark Gable.
Je crois me rappeler que tu avais un faible pour Errol Flynn.
Sans le savoir, tu m'as ouvert les portes du Nouveau Monde.
Le démon américain qui ne m'a jamais lâché,
qui s'est décuplé à mesure que je découvrais la musique,
la littérature ou l'architecture,
a pris possession de mon être avec le cinéma de tes vingt ans.
Hollywood rayonnait dans la maison singulière de la Route de Fronton.
Après le rugissement d'un lion
ou la Liberté éclairant le monde,
des cordes endiablées ou dramatiques
accompagnaient les noms de Rita Hayworth ou Gregory Peck.
Je suis sûr que c'est à tes pieds,
fébrile, bouleversé,
que j'ai découvert Gene Kelly virevoltant sous son parapluie.
Mieux encore !
Le même danseur dans la débauche hallucinante
d'Un Américain à Paris :
un feu d'artifice éblouissant
qui allait me convertir sans m'en rendre compte
au culte inconditionnel de George Gershwin.
C'était trop tard.
La propagande des Studios m'avait marqué au fer rouge.
Tous ces baisers en noir et blanc,
ces duels improbables de capes et d'épées,
ces Indiens au galop dans le Far West,
m'ont construit,
incendié mon imaginaire.
Et j'ai pensé à toi,
quelques années plus tard,
à ce que je te devais,
en remontant avec émotion
le trottoir étoilé d'Hollywood boulevard,
à Los Angeles,
alors que mon soleil venait de s'éteindre à jamais.

Lorsque j'étais enfant,

tu ouvrais un lit-pliant dans la chambre réservée à Papa et Maman.
Si le film du soir était une occasion merveilleuse de veiller tard,
ce dont je profitais avec délectation,
privilège des vacances scolaires,
il me fallait aussi aller me coucher.
Des dialogues de privés ou d'amoureux déchirés
en anglais, à côté,
me berçaient avec bienveillance.
Au travers du voilage sur la grande fenêtre,
un phare tournait de façon irrégulière,
filtré par le store de bois.
Chaque voiture de la Route de Fronton,
dont le bruit couvrait momentanément une réplique,
projetait la lumière de ses codes comme des faisceaux,
dont l'intensité augmentait puis réduisait aussitôt
en accord avec la vague sonore du moteur.
Je n'avais pas besoin de compter les moutons.
Les voitures composaient pour moi un mobile pour enfant.
Les ombres sur les murs de la chambre n'étaient pas menaçantes.
L'amour dans ses murs,
dans le bois du parquet et du grand escalier,
dans le cristal des lustres,
dans les tissus des rideaux, des draps et des patins,
était partout palpable.
Toi, tu t'endormais sur le canapé.
Plus tard, adolescent,
c'est dans le bureau de Pépé,
en bas du grand escalier,
qu'on dépliait un lit.
Au pied de la bibliothèque.
Après les émotions du 7ème Art,
j'ai été naturellement enlevé par les secrets des livres.
De Françoise Dorin à Françoise Sagan,
de Patrick Poivre d'Arvor à Patrick Modiano,
je lisais tout.
Une cousine avait été plus précoce que moi en la matière.
Trop occupé à préparer les numéros de cirque de Castelldefels,
j'étais à mille lieues de comprendre ce que Valérie pouvait puiser dans la lecture.
Cette activité m'intriguait.
Devinant vaguement qu'il s'agissait de voyages immobiles.
Tu commandais des livres pour elle dans les catalogues de vente par correspondance.
Elle me conseilla tant d'auteurs et d'ouvrages.
A commencer par le sulfureux Un bébé pour Rosemary que je luis dois.
Le bureau m'impressionnait.
La maroquinerie, l'élégant stylo planté au coin du porte-document,
le bar à porte tournante avec son miroir,
m'emportaient dans le bureau Art Déco d'un gratte-ciel de Manhattan.
S'il m'arrivait d'être Monsieur Loyal ou présentateur de télévision,
il m'arrivait aussi d'être Président Directeur Général.
L'ombre du grand-père était partout.
Une légende.
Le grand-père que je n'ai jamais connu.
Nous nous sommes croisés.
Loin d'avoir hérité de son sens des affaires,
j'avais par le génie obscur des gènes
adopté par instinct une façon atypique d'empoigner le stylo pour écrire.
Ce n'était pas suffisant pour faire de l'argent.
C'est bien la seule chose que je n'ai jamais su faire.
Mais on m'a honoré de son prénom.
Mon troisième.
Rappelant sur l'Etat Civil, officiellement,
combien ma conception fut le mince remède à un deuil inconsolable,
combien ma venue est liée à son départ,
combien ma mère terrassée, désarmée, abandonnée,
s'est cramponnée au miracle de la chair :
la vie.
Maman m'a porté, orpheline,
comme je la porte toujours en moi, orphelin.
L'ombre du grand-père était partout.
Jusque dans les tablées animées sous les pins du Paseo Tramuntana,
où les adultes racontaient avec émotion et fierté les exploits du héros.
Les grillons faisaient un joyeux tintamarre dans la nuit,
à peine contrarié par le passage régulier d'avions amorçant lourdement leur atterrissage,
et, avec la même jubilation qu'au cinéma de Toulouse,
je veillais pour ne rien manquer d'histoires tout aussi romanesques.
Tu étais la Vestale de cette maison-là aussi.
Peignant les grilles blanches à losanges, les stores verts,
vernissant le bois des fenêtres à guillotines,
dirigeant le quadrille des balais dans les allées du matin,
alors que les enfants couraient à la cloche du peyarot,
voir passer le petit cheval affligé du chiffonnier.
Quand d'autres revenaient de la plage,
tu avais fait cuire du lomo dont j'ai toujours le goût en bouche.
Le dimanche attendu nous régalait du poulet inégalé de La Pava,
dont la peau huileuse avait une saveur sans pareille.
Après la vaisselle, tu t'accordais pendant l'incontournable sieste,
qui nous défendait un moment de baignade, au nom de la fameuse " digestion ",
un moment de répit et de détente, en menant de redoutables parties de belote.
Tu prenais le soin, tout en plumant négligemment tes adversaires,
assise sur la margelle de la terrasse, d'étendre tes jambes au soleil.
Frank et moi étions déjà occupés à guetter l'arrivée de notre copain improbable,
le célèbre Pilou, le papillon qui revenait naturellement chaque été nous annoncer la fin de la sieste.
Aucun papillon au monde n'a connu une telle longévité. Et fidèle avec ça.
Les épaules cuites par le soleil,
nous l'accueillions chaque après-midi avec des cris de joie,
puisqu'il nous permettait de revenir aussitôt nous ébrouer dans la piscine.
Entre les palmiers et les eucalyptus,
le citronnier et les fusains,
les jeux de quilles et les pignous qui noircissaient nos doigts,
il y avait un jardin d'Eden...
et tu en étais la Vestale.

Il y avait toujours une journée au moins,

où dès le réveil, mon coeur battait plus vite.
Mon bonheur quotidien prenait une autre tournure.
Il virait à l'excitation.
Electrique, une impatience s'amplifiait en moi,
capable de me faire mal au ventre.
Quand le soleil déclinait enfin,
que nous avions fini de nous sécher en sortant de l'eau,
le grand ballet des salles de bains pouvait commencer.
Quand d'autres passaient encore sous la douche,
Mémé et toi descendiez l'escalier moucheté dans vos toilettes bigarrées,
pour venir vous camper devant le grand miroir qui trônait sur la cheminée.
Vous disparaissiez alors sous un nuage de laque Wella dont je reconnaîtrais le parfum entre mille.
De mon côté, ayant troqué le slip de bain et les " claquettes "
pour un bermuda ( plutôt bleu-marine ), une belle chemise, et de jolis souliers,
on me passait derrière les oreilles, un coton imbibé d'eau de Cologne Lavanda Puig.
Ici est née sans doute, une addiction peu avouable.
Tout ce cérémonial nous conduisait immanquablement à la DS
qui allait nous conduire chez Jesus et Elena,
dans les petites rues étroites d'une Barcelone inquiétante et ravissante à la fois,
où les bulles du TriNaranjus nous passaient par le nez.
Ensuite, mes douleurs au ventre me reprenaient.
La voiture s'engageait entre les campaniles de la Place d'Espagne,
pour s'aventurer dans les jardins de Montjuic.
Ce seul nom me fait frissonner encore.
Mon coeur manquait de s'arrêter
quand je devinais au loin la sirène des manèges,
ou que j'apercevais entre les arbres un coin de la structure métallique du grand 8.
Sabine, Valérie, Frank et moi-même,
beaux comme des astres,
allions nous épuiser dans les allées,
et les nombreux escaliers du parc d'attractions,
pendant qu'avec Mémé,
vous passiez la soirée sur les terrasses dominant un théâtre à la grecque,
Barcelone s'illuminant à vos pieds,
à écouter les variétés flamencas les plus insolites,
dans la douceur du crépuscule.
Les yeux de la Pieuvre s'allumaient,
comme ceux, rouge vif, du monstre de la maison hantée,
qui balançait mollement dans ses bras une pauvre jeune fille enlevée,
dont le sort final, je l'avoue, m'a toujours un peu inquiété.
Les petits diables, au retour, dormaient déjà depuis longtemps,
lorsque la DS passaient devant les campings du Toro Bravo,
des Filipinas et de la Ballena alegre.

Tu étais plus qu'une soeur pour elle.

Lorsqu'il a fallu traiter le mal, à Toulouse,
c'est au vaisseau-mère bien sûr,
qu'elle trouvait refuge.
C'est dans cette maison qu'elle était née.
Et elle ne voulait pas s'éteindre à l'hôpital.
La boucle allait être bouclée.
Qu'est-ce qui a pu lui faire penser, enfant,
qu'elle était la moins aimée du clan ?
Quelle est cette blessure muette
qui a motivé tant de choix de sa vie ?
Tout clan a ses secrets.
Tout individu aussi.
D'une même réalité, d'une même histoire,
combien avons-nous de perceptions ?
La peur de ne pas être aimé
suffit à donner le poison.
Quel est ce manque d'amour
quand on vous en comble !
J'ai hérité d'elle une forme de paranoïa.
Aussi nocive qu'injuste.
Un poison vicieux qui brouille les réalités,
nourrit le malentendu peut-être.
Aussi culpabilisé que culpabilisant.
Une torsion qui fait qu'on s'exclue soi-même d'un groupe,
aussi aimant et bienveillant soit-il.
Toi,
qui ne portes pas ton prénom par hasard,
ce nom d'amour et de générosité,
qui a déjà refleuri dans la descendance d'Esteban,
tu as été le lien entre tous.
Tu es le lien entre le Nord et le Sud,
entre l'Est et l'Ouest,
le passé et l'avenir,
entre les générations.
Excessive en tout,
dans tes élans d'amour
comme dans tes colères,
dans tes rires et dans tes inquiétudes,
dans tes joies et tes chagrins,
on peut te percevoir comme intransigeante,
catégorique, définitive, tranchée, têtue peut-être,
avec ce tempérament de feu,
que tu partageais avec Marlène
et qui faisait qu'enfant
je vous idolâtrais autant que je vous craignais.
Deux amours volcans.
Le Flamenco et la Corrida coulent dans mes veines.
Par lâcheté parfois,
mais aussi par cette paranoïa maladive
qui me pousse souvent loin des gens que j'aime,
comme d'autres avant moi,
j'ai manqué des moments où le sang aurait dû me rappeler à vous.
Mais je n'oublie rien. Tout est gravé.
Et je garderai le tatouage jusqu'à ce que la mort me prenne à mon tour.
Et probablement au-delà.
Je te dois tant.
Nous te devons tous quelque chose.

Merci pour Hollywood.
Merci pour l'Amérique.
Merci pour le piano noir au milieu de précieux bibelots
au bout de la coursive.
Merci pour les oreillettes et les cerises.
Merci pour les petits lits douillets.
Merci pour les oranges givrées des repas dans le garage.
Pour les pommes dauphines servies dans la chartreuse.
Merci pour ces merveilleux blousons, pantalons, gilets ou sweat-shirts,
de chez Tony Boy ou du Corte Ingles.
Merci pour les aventures chez les " fournisseurs " à Toulouse
avec Tatie Juju.
Pour ces Noël où m'attendaient des batteries rutilantes,
des théâtres de marionnettes, des micros et des tables de mixage,
où la magie écarquillait mes yeux et me confirmait que rien n'était impossible.
Merci pour tant de gestes, des petits comme des grands,
des sourires et des petits noms gentils destinés aux enfants,
de l'intelligence d'une âme capable de modifier son jugement,
d'écouter les autres et de se mettre à leur place,
qui d'intransigeante se révèle compatissante voire indulgeante.
Merci pour les chocolats de Pâques et ton hospitalité.
Pour mille autres choses.
Je suis lié à toi par un ange,
que tu as assisté et accompagné jusqu'au bout.
Deux êtres pour cela,
auront ma reconnaissance éternelle.
Mon père et toi.
Droits dans vos bottes, vous n'avez jamais fléchi.
Vous vous êtes battus avec elle,
comme des diables.

Le charbon du regard,
le charbon des cheveux,
la cambrure d'une Espagne,
fière et superbe.
Le lien du sang.
Une voix, un rire, des mains,
qui me rappellent qui je suis
et d'où je viens.
La laque Wella, l'odeur de la lessive,
m'ont construit tout autant que Gershwin et Gene Kelly.
J'avais emmené tout ça avec moi au Québec,
comme je le porte en moi à Paris.
Le démon me reprend et New York m'appelle encore.
Une histoire qui n'est pas terminée.
J'ai des graines à semer.
Avec des étincelles d'écorces d'oranges,
de fleurs de cerisier,
les couleurs virevoltantes de Pilou
et les savoureuses piqûres de moustiques.
Les éclats de voix dans la cuisine,
les conversations passionnées,
les souvenirs du quartier
et le mythe de Félix.
Tout me suit.
Vibrant.
Merci.


 

 




Philippe LATGER
Avril 2006 à Paris

 

 

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