Il y a le soleil à minuit. Dans ce sourire sur le parvis. Qui m'a fait oublier la pluie.
Qui a retenu tous les coups. Les crues et les 7 Plaies d'Egypte. La fin du monde. L'apocalypse.
Quand les rues deviennent torrents. Que la foudre est déjà tombée.
Que je suis sorti de ma crypte.
Cette lumière, en pleine nuit, a ouvert chaque perspective.
Et tous les boulevards haussmanniens. Car ce sourire, c'était le tien.
Toujours beau et franc du collier. Pour me promettre un avenir.
Comme un bonheur qui pleut à verse. Cette eau qui tombe, je la bénis. Et je l'embrasse.
C'est un baptême de forêts vierges ou de rescapés du déluge.
Les grandes chutes que je traverse. Pour te rejoindre là où tu es.
Je suis lavé de mes poisons. Ou born again. Tu es seul juge.
C'est un sourire merveilleux.
Comme on n'en voit que rarement, ce, même en vivant très longtemps.
Qui a soufflé la rue entière. Dans les décombres, je m'époussette.
Je me relève. Bien plus fort.
Et l'eau qui me tombe dessus, mouille mes cheveux, mon regard,
comme à la plus érotique douche, vient faire péter le champagne,
allumer tous les asperseurs et l'arrosage automatique, les extincteurs
aux détecteurs de la fumée que fait tout mon corps écumant, tenu debout aux garde-fous,
contre la flotte, contre la claque monumentale d'une incroyable déferlante.
Il pleut toujours. Il pleut encore. La pluie devenue une amie.
Il y a le soleil. A minuit. Au moment où tu passes la porte.
Tu veux la lune ? Je te l'apporte. Elle n'est jamais cachée très loin,
veille sur nous, sourire en coin. Par les trouées dans les nuages.
Elle fait des brasses. Elle est en nage. Dans les flaques où elle boit la tasse.
Je suis en âge d'être amoureux. D'être fidèle. D'être sérieux.
A l'eau qui tombe fermement. Je suis prêt à tous les serments.
Je fais des brasses et je m'engage.
Philippe LATGER
Novembre 2011 à Perpignan