La chevelure s'est déployée à ce dernier coup de tête.
La sueur s'en est échappée pour tomber au sol comme une giclée de foutre.
Le danseur s'est figé dans une position. Ruisselant comme un boxeur.
Le front mouillé. La chemise trempée. Quand le cajon s'est tu.
Aux sabots d'un cheval qui danse, le sol s'est remis à trembler.
Et le taureau qui ne craint pas la pique semblait sur le point de charger.
Grattant l'arène d'une patte concentrée cherchant le starting-block.
Le picador peut s'armer. La bête est prête à éventrer sa monture.
Une robe moulante évasée aux genoux de sa traîne de volants rouge sang,
épouse les hanches rondes et la chute de reins d'une Andalouse pulpeuse.
C'est le corps d'une femme. Ou celui de la femme. Qui donne la vie et la reprend.
Les cheveux noirs comme le pelage du cheval et celui du taureau et celui du boxeur,
comme ses yeux assassins qui tranchent sur sa bouche écarlate au rideau d'un théâtre.
Les couleurs de Toulouse ou celles de Stendhal. C'est l'aube contre la nuit.
Et le sang s'en échappe pour tomber au sol comme une giclée de foutre.
A ce coup de poignard. En plein coeur. Dans le ventre. Qui vient faire le noir.
Les guitares épuisées au clair de pleines lunes cessèrent de crépiter.
Laissant une odeur de soufre sur la scène du drame.
La pupille arrondie sur le fessier parfait du torero cambré ou sa cuisse bandée.
Sur la poitrine de sa promise s'interdisant de s'époumoner aux montées d'adrénaline.
Les roses peuvent pleuvoir sur le cadavre d'un rival valeureux.
Des plaintes portées par des voix rauques sont couvertes par l'incendie des cuivres.
Aveuglant au soleil qui vient clouer les âmes et des corps aux gradins.
La Madone est priée, vénérée, embrassée sous des torrents de larmes.
C'est la Mort qui triomphe. Jusqu'aux signes de croix.
Philippe LATGER
Mai 2012 à Perpignan