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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 23:25

 

 

Après le Square Bir Hakeim et ses somptueux platanes,
la coulée verte progresse le long du boulevard Jean Bourrat,
tranchée par une allée de palmiers contre lequel hurle un beau jardin d'enfants.
Des parents et des poussettes traversent l'avenue avec moi au pied du Park Hotel,
pour gagner la terrasse ombragée de la Place Molière, bien méritée,
revanche des adultes qui s'offriront un rafraîchissement à l'abri de la circulation automobile.
Il fait beau. Une fontaine chuinte et fait du bien. La serveuse distribue des sodas.
Quand des touristes, installés, calés dans leurs fauteuils, lèvent la tête sur la Maison Rouge,
perchée sur sa tour médiévale, qui domine encore les lieux avec une grâce énigmatique.
D'autres descendent en nage l'escalier monumental, à la sortie du Couvent des Minimes.
Heureux de trouver là un havre de paix où se poser et reprendre des forces.
Le café a investi cette maison bleue où la Mairie avait un temps relégué les Objets Trouvés.
Au pied des remparts. Et en haute saison, la terrasse sous les arbres ne désemplit pas.
Des clients du Park Hotel, après le checking out, ont laissé leurs bagages dans le hall,
et viennent y boire un dernier café en attendant leur taxi pour l'aéroport.
Je regarde le coin de la rue Honoré de Balzac et retrouve avec joie notre cabine téléphonique.
Contre laquelle tu te garais, à une époque où le stationnement y était encore possible.
Cette place avait le charme de l'abandon. Aujourd'hui, elle grouille de monde.
Des deux maisons sur ce côté, la plus petite est devenue un salon de thé.
Les filles sont à robes à franges charleston à l'occasion du Festival Art Déco.
Un groupe d'ailleurs joue du jazz. En attendant le point d'orgue, le lendemain.
Qui promet un regain d'affluence. La course automobile sur l'ancien Circuit des Platanes.
Avec les boîtes à savon de l'époque. L'époque où Fangio en personne courait à Perpignan.
Le dernier des trois jours du Festival étant consacré aux Années 40.
Mon ami Pierre Bertrand était d'ailleurs programmé avec son Big Band,
le Nice Jazz Orchestra, et devait jouer au centre du circuit sur les Allées Maillol,
dans cette perspective magique sous la voûte des platanes ouverte sur la fontaine,
et le Palais des Congrès, pour donner tout son swing à force de cuivres rutilants.
Je finis mon verre de vin blanc avec un sourire satisfait.
Qui est pour toi mon amour. Au lieu de la rencontre.

Le baiser, c'était sur le Mont des Oliviers. La colline du Puig Sant Jaume.
Dans cet espace planté contre la vieille Poudrière et ses deux pentes de tuiles.
J'ai gravi les escaliers pour accéder au chemin de ronde de la ville fortifiée.
Les anciens locaux techniques et bureaux de la Mairie ont été enfin rasés.
Au sommet des remparts désormais, c'est un parc magnifique où l'on peut déambuler.
Les platanes, les tilleuls, les cyprès, amortissent les assauts de la tramontane,
et je suis des touristes qui se dirigent, en hauteur, vers les jardins de la Mirande.
Le parvis du Couvent des Minimes est toujours un parking mais arboré lui aussi.
En face, ne subsiste que le petit pavillon Années 30 de l'Atelier d'Urbanisme.
La promenade maintenant est possible, sans interruption, jusqu'à l'église St-Jacques.
On prend des photos de la tour de Château Roussillon et des Corbières qui ferment la plaine.
Les anciens terrains vagues ont été nettoyés, sécurisés, aménagés, ouverts au public.
Les piétons peuvent enfin continuer tout droit, longer la façade nord de l'ancienne Caserne,
sans être forcément détournés avec les automobiles sur la Place du Puig,
et accéder au Bastion toujours debout, qui domine la route de Canet et la place Cassanyes.
Le clocher de brique surplombe les deux nefs d'où part toujours la Procession de la Sanch.
Le portail en marbre blanc de Céret fut celui de l'église de la Réal en d'autres temps.
Il s'ouvre toujours sur ce qui ressemble à un hameau, avec d'un côté la maison du presbytère,
et le bâtiment moderne de la Ludothèque François Rabelais de l'autre. Un écrin paisible.
Désenclavé depuis peu. Réintégré à un circuit possible depuis la cathédrale St-Jean.
On peut profiter des panoramas sur le Roussillon au gré de nouveaux belvédères.
En sortant des cloîtres et des salles d'exposition du Festival Visa pour l'image.
Et accéder naturellement à la place Cassanyes et à son alignement de façades Art Déco.
Il n'y a plus à cette heure de traces du marché qui demeure une curiosité touristique.
J'y découvre le rassemblement des autos de collection qui ont paradé dans toute la ville.
Le deuxième jour du festival est dédié aux Années 30. Je reconnais la traction avant Citroën.
Parmi tous les bijoux lustrés fièrement exhibés par leurs propriétaires fanatiques.
Dont certains sont venus de très loin, de France comme d'Espagne, se mélanger à la fête,
alors que le Big Band Jazz de la Casa Musicale joue du Duke Ellington.
Gavin Hackett est à la manoeuvre, fait barrir son saxo, alors que l'éclairage, au crépuscule,
se fait lentement sur l'immeuble Streamline au coin de la rue Béguin comme sur ses voisins.
Et je peux redescendre dans le centre historique par la rue Llucia. Le coeur léger.
Sans parvenir à me défaire de mon imperturbable sourire.

J'ai trois amours. Perpignan, le jazz et toi.
Et je suis heureux du tour de force. D'avoir pu réunir les trois pôles inconciliables.
Le triangle équilatéral. L'équilibre maçonnique. Divin ou républicain selon l'humeur.
Au niveau du Museum d'Histoire Naturelle, ma main caresse le marbre de la fontaine,
alors que je m'engage dans la rue du Moulin Pares pour arriver face au fronton XVIIIème
de l'ancienne Université, ravi que les Archives Municipales aient été déplacées à deux pas d'ici,
de l'autre côté de la Médiathèque, dans le fastueux Hôtel Pams, pour rendre au précédent
sa première fonction lorsqu'il est devenu une annexe de l'UPVD en plein coeur de la cité.
La Fac de Perpignan n'a pas seulement réinvesti le monument de sa propre Histoire.
Le terrain vague attenant à été bâti de nouveaux locaux qui prolongent la Médiathèque.
Et des étudiants, prompts à aller faire une pause café sur la Place Rigaud,
ont réveillé le secteur de la rue Emile Zola et du Mont Saint-Sauveur.
Le campus de l'Université de Perpignan est toujours à l'extérieur de la ville,
mais il ne lui tourne plus le dos depuis que quelques-uns de ses 10.000 étudiants
viennent travailler dans ce carrefour de savoir et de culture que forment l'Hôtel Pams,
la Médiathèque, l'ancienne Université et le Museum, au coeur duquel le nouveau bâtiment
vient terminer un îlot laissé béant trop longtemps, lui redonnant sa physionomie originelle.
Ma promenade me conduit à la Salamandre de la fontaine de la Révolution Française.
Où je retrouve mon chemin pour retourner chez moi. A mon platane. A mon parvis.
Avec le sentiment d'avoir terminé ma mission. Une séquence. Une tranche de vie.
Quand une fois de plus des choses m'appellent autre part dans le monde.
Lola aimerait me voir marié avec des enfants. Et ancré dans mes vignes catalanes.
Dont je ne m'éloigne jamais très longtemps. Une chose que je lui expliquerai.
Une limousine arrive de l'aéroport par la Pénétrante et passe le Pont Arago.
Emprunte l'échangeur pour s'engouffrer dans le tunnel de verdure de la voie sur berge,
sous les jardins suspendus de l'Espace Méditerranée achevé de son Théâtre de l'Archipel.
Elle ignore l'oeuvre de Jean Nouvel pour longer le lit de la Têt, sortir un peu plus loin,
au rond-point qui lui permet de remonter sur l'avenue du Général Leclerc.
Will.i.am, ex chanteur des Black Eyed Peas, est en ville.
Et chantera ce soir Place de Catalogne.


 

 

Philippe LATGER
Mai 2013 à Perpignan

 

 

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